Nous allons goûter ce mois-ci à « La vie de château » pour le challenge « Les classiques c’est fantastique » du blog Au Milieu Des Livres. Concernant Des Livres Rances, ce ne sera pas le long fleuve tranquille ni coquet que l’on pourrait espérer en tel lieu, puisque c’est une sordide affaire policière qui va hanter les murs et les abords d’un vieux manoir. À vous de jouer monsieur Sherlock Holmes !
Quelque part vers 1900, un certain docteur Mortimer rend visite à Sherlock Holmes et son fidèle acolyte le docteur Watson à Londres pour une affaire curieuse : l’un de ses amis, Charles Baskerville, richissime propriétaire du manoir de Baskerville Hall dans le Devonshire, vient de mourir mystérieusement des suites de problèmes de cœur. Seulement, une légende tenace raconte qu’un chien gigantesque rôde sur la lande autour du manoir depuis la mort violente de sir Hugo Baskerville en 1742, alors propriétaire du manoir et tyran notoire, au passé sulfureux.
L’héritier du domaine se trouve être sir Henry Baskerville, neveu de sir Charles et résidant au Canada. Il souhaite se rendre rapidement sur les lieux du drame ainsi que pour recevoir son précieux bien. Il a cependant reçu une lettre énigmatique dès son arrivée en Angleterre, les mots ont été découpés dans un journal, collés grossièrement avant que le tout ne soit adressé à sir Henry. Cette lettre prévient : « Si vous tenez à votre vie et à votre raison, éloignez-vous de la lande ». Sir Henry doit être escorté pour se rendre sur place, et Sherlock Holmes, préoccupé par d’autres affaires en cours, ne peut l’accompagner afin de le protéger. Ce sera Watson qui lui servira d’ange gardien.
Nous allons faire connaissance avec les personnages les plus proches du manoir dans cette campagne triste et humide, grâce au docteur Watson, épaulé notamment par le docteur Mortimer. Mais il se déroule des faits étranges et comme surnaturels, sans doute en rapport avec ce chien, qui par ailleurs hurle dans le brouillard, alors qu’un forçat évadé, Selden, rôde à son tour, peut-être afin de nuire…
« Le chien des Baskerville », rédigé entre 1901 et 1902, est l’un des titres les plus célèbres des aventures de Sherlock Holmes. Il n’appartient toutefois pas directement à la série (s’il marque le retour de Sherlock Holmes, que Doyle avait pourtant fait mourir en 1893, rien n’est dévoilé quant à la « résurrection » de son personnage fétiche) , et c’est l’une des rares enquêtes contées en roman et non en nouvelle. L’ambiance y est gothique et en partie fantastique, même si tout y est parfaitement rationnel. Comme à son habitude, Holmes brille par son esprit de déduction, Watson par son flair et sa soumission. Nous voilà parfaitement ancrés dans un roman typique d’une certaine littérature anglaise du XIXe siècle.
L’un des intérêts de ce roman (bien qu’il y en ait beaucoup) est l’absence de Holmes durant une partie des événements. Néanmoins, Watson lui a promis de le tenir au courant de l’affaire, ce qu’il fait par le biais de plusieurs lettres, jointes au récit, de sorte que Holmes, bien qu’absent, n’est pas effacé du récit. Les personnages, la plupart mystérieux, confèrent un attrait supplémentaire à l’intrigue et à ce climat, même si Doyle s’applique à ne surtout pas rendre le tout sombre ou poisseux. Au contraire, les bons mots ne manquent pas, et le résultat est un pur divertissement malgré une enquête sinistre à résoudre.
« Le chien des Baskerville » est un sommet du genre par son décor, ses protagonistes, ses rebondissements, la richesse et la complexité de la trame. Si Holmes peut agacer par sa suffisance et son narcissisme, force est de reconnaître qu’il possède néanmoins un sacré charisme. Mais les autres personnages ne sont pas là pour faire tapisserie, tous ont un rôle qu’ils jouent par ailleurs à la perfection. La recette fonctionne parfaitement, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Le dénouement, méticuleusement expliqué par Holmes lui-même, tient du grand art.
Le roman fut adapté à de très nombreuses reprises, je retiendrai toutefois deux références qui m’ont accompagné juste avant la lecture du roman (oui, je peux prendre mon travail très au sérieux). Tout d’abord un livre audio de 2008 aux acteurs éblouissants (Philippe Lejour, Jean-Marie Fonbonne, Jean-Claude Ray, etc.), reflétant excellemment l’ambiance, puis ce film de 1959, devenu une sorte de classique, réalisé par Terrence Fisher, avec Peter Crushing dans le rôle de Sherlock Holmes, André Morell dans celui de Watson et Christophe Lee jouant sir Henry Baskerville. Ces deux supports mettent en valeur ce scénario solide à l’atmosphère si particulière. Un vrai tiercé gagnant !
(Warren Bismuth)

Grand classique que je n’ai jamais lu mais j’ai vu des adaptations. Il faudrait vraiment que je le lise un jour, pour ma culture G.
RépondreSupprimerIl vaut vraiment la peine de s'y attarder.
SupprimerJe ne l'ai jamais lu mais s'il traine dans ma bibliothèque je prendrai peut-être le temps de le faire cette semaine. Fait remarquable, je connais le titre ET l'auteur de l’œuvre que tu chroniques, ce qui, ma foi, est arrivé rarement depuis le début de notre RDV classique ! Merci pour ta participation !
RépondreSupprimerJ'espère que tu sauras trouver le temps ! Et merci à toi pour ton travail et ton énergie.
SupprimerTypiquement le genre de titre tellement célèbre qu'on croit l'avoir lu.. mais non, du moins en ce qui me concerne (et je vois que c'est aussi le cas des deux précédentes commentatrices)..
RépondreSupprimerÀ toi de saisir la balle au bond ! (Oui j'aime les métaphores sportives)
SupprimerLu et même étudié avec des 4e il y a fort longtemps... j'ai l'impression que le texte n'a plus le vent en poupe. La version audio que tu cites m'intrigue.
RépondreSupprimerOh oui elle est très chouette et très vivante, fonce si tu parviens à la trouver !
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