tag:blogger.com,1999:blog-47312264538114824942024-03-28T12:31:58.484-07:00DES LIVRES RANCES"JE CHANGEAIS SEULEMENT DE MOT ET C'EST CELA QUE J'APPELAIS DÉLIVRANCE" (Nikos Kazantzaki, extrait de "Alexis Zorba")Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.comBlogger752125tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-20042044567889999502024-03-27T15:00:00.000-07:002024-03-27T15:00:00.144-07:00Esther BOL « Crime #AlwaysArmUkraine »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj188P3VyMZ0oQIOfvaKHn2eb73OrshB_gWzCasoUMtfbR3GBjT4nDid4OrvevXFK_8JudQswrWDWKsRMemF2-H9Npj9CZm3BZPwYOrKg3BaECEsdx3b2v_oZPUAnM01H61EBAvY7RcPPkEMpWEMnxY1sbJBMmFJ5IhZzPFqiWhZHg0drh6e4uvlcXRhfZe/s800/EstherBol.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="561" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj188P3VyMZ0oQIOfvaKHn2eb73OrshB_gWzCasoUMtfbR3GBjT4nDid4OrvevXFK_8JudQswrWDWKsRMemF2-H9Npj9CZm3BZPwYOrKg3BaECEsdx3b2v_oZPUAnM01H61EBAvY7RcPPkEMpWEMnxY1sbJBMmFJ5IhZzPFqiWhZHg0drh6e4uvlcXRhfZe/s320/EstherBol.jpg" width="224" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Cette
pièce va nous replonger au cœur du cauchemar : les six premiers mois d’occupation
de l’Ukraine par l’armée russe à partir du 22 février 2022. Si la Russie a
commencé son travail de sape dès 2014, elle a intensifié subitement ses
attaques pour envahir et tenter de s’approprier l’Ukraine libre et
indépendante. Ce sont ces six mois de folie qui sont ici énumérés sous une
forme originale et moderne, laquelle parvient à nous faire oublier que c’est
bien une pièce de théâtre que nous avons sous les yeux.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
« contre-héroïne » du texte ne se prénomme pas, elle est
« Toi », comme pour nous forcer à participer, à entrer malgré nous
dans la guerre (ce dernier mot étant par ailleurs banni par les autorités
russes). Toi est jeune, russe, et amoureuse d’un homme, ukrainien, parti
combattre avec l’armée de son pays contre l’ennemi, l’envahisseur. Au
déclenchement de la guerre, après la stupéfaction, le peuple tente de
comprendre ce qui vient de se passer, s’informe, cherche plusieurs canaux de
renseignements. Place au direct : pour la première fois dans l’Histoire,
une guerre peut se suivre quasi sans interruption grâce à aux chaînes
d’informations en continu et leurs fils d’actualité sans cesse mis à jour,
alors on cherche la meilleure source, on zappe, on recoupe nos renseignements,
on se fait une opinion. C’est ainsi que Toi se connecte sans cesse sur Internet
(Internet, peut-être le personnage principal de cette pièce), regarde les infos
et échange avec ses ami.es via les réseaux sociaux. Facebook joue un rôle non
négligeable. Ce texte nous permet de bien voir les actions opérées, les gestes
répétés par les protagonistes, certains presque par réflexe, afin de rebondir
sur l’actualité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’autrice
Esther BOL, elle-même russe, choisit les phrases, les discours chocs relayés
par les chaînes d’informations, que ce soit ceux de POUTINE, des chefs d’armée
ou de proches du pouvoir. L’autrice choisit aussi un massacre plutôt qu’un
autre mis en exergue par les médias, car peut-être plus retentissant, plus
symbolique sur la recherche de l’anéantissement par l’armée russe, proche de
l’armée nazie, dans ses actes de barbarie comme dans sa manière de penser. Des
exactions égrenées jour après jour, dates comprises, comme un éphéméride de
l’horreur. Certaine scènes sont difficilement supportables. Et pendant ce temps,
l’Europe temporise.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pour
Toi, ce sont les premières brouilles avec les proches, prorusses, les premières
désillusions. Et ces images tirées du quotidien, fortes, marquantes, saisissantes :
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’invite quelconque prétend que le
fascisme n’est pas en Russie, mais en Ukraine, à sortir avec une pancarte
disant « Non au fascisme ! », à Moscou, puis à Kiÿv. C’est là où
il sera arrêté que prospère le fascisme</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
littérature s’invite chez Toi : Ossip MANDELSTAM par l’intermédiaire de sa
femme Nadejda qui a appris les poèmes de son mari par cœur pour que jamais ils
ne disparaissent. GOGOL et son « Journal d’un fou » viennent faire
une incursion, elle n’est pas anodine, elle poursuit Toi jusqu’à la dernière
ligne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Toi
se recentre de plus en plus sur elle-même dans ses réflexions, ses attentes,
ses désirs, comme ceux d’un peuple dans lequel elle ne se reconnaît plus. Elle
commence à se sentir de plus en plus ukrainienne, en tout cas plus russe du
tout. Et ces instantanés. Qui giflent, qui griffent, qui anéantissent. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les orques </i>[soldats russes dans le
langage ukrainien, nddlr]<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> ont tué une
jeune mère puis attaché son enfant à son cadavre avec du ruban adhésif en
plaçant une mine entre eux. Quand les gens ont essayé de libérer le garçon
encore vivant, la mine a explosé </i>». On ne manque jamais d’imagination
dès qu’il s’agit de côtoyer l’horreur absolue.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">POUTINE
a verrouillé tout le pays, politiquement, socialement, médiatiquement,
aucune contestation n’est possible sans lourdes représailles. Il a instauré un
puissant et vertigineux système de dictature, de police de la pensée. Tout
contrevenant doit être sévèrement puni. Et cette phrase, ce graffiti plutôt,
qui hante toute la pièce : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il
y a plus de neige sur nos steppes qu’au paradis</i> », une pièce qui se fait
épique, qui revêt une puissance gigantesque au fur et à mesure que la guerre se
répand. Puis tout à coup, Toi pointe le rôle de l’autrice, qui se fond malgré
elle dans la pièce, en devient une actrice à son corps défendant, les rôles s’inversent,
scène magistrale avant que le rideau ne tombe finalement, replongeant la vie
dans les ténèbres.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
préface pleine d’informations – elle aussi – est signée Kamila MAMADNAZARBEKOVA
tandis que la traduction est menée tambour battant par Gilles MOREL, lui-même
coupable en partie de la puissance que le texte dégage. C’est l’heure du
baptême pour la toute nouvelle collection Sens Interdits des éditions L’espace
d’un Instant, elle se présente en fanfare par ce texte fort et terriblement
moderne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
dernier mot. Jusqu’en février 2022, Esther BOL se nommait Assia VOLOCHINA, elle
était russe. Elle a fini par quitter la Russie, s’établissant tout d’abord en
Israël puis en France où elle vit actuellement. Elle a renié sa patrie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://parlatges.org/boutique/">https://parlatges.org/boutique/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-6610432635933946972024-03-24T15:00:00.000-07:002024-03-24T15:00:00.145-07:00Simone WEIL « Grèves et joie pure »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-in1GALaJgc949aRdlw4gYM19MTI-xo3y_0eDemRmJOyEE7BHBrrlhypS8v4wWEQwStNGyKWg1VpJzyS_82Rs2bIP67DkJV1Qo3QI67Bx7NDPioJi6W3_DMFzMCyS9Te9OgkrZunLh4N0bhyphenhypheng9peT4P-jOddTrZEDNHUwSOTAv8XvhiZpNUIXLOIfitoy/s750/SimoneWeil.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="499" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-in1GALaJgc949aRdlw4gYM19MTI-xo3y_0eDemRmJOyEE7BHBrrlhypS8v4wWEQwStNGyKWg1VpJzyS_82Rs2bIP67DkJV1Qo3QI67Bx7NDPioJi6W3_DMFzMCyS9Te9OgkrZunLh4N0bhyphenhypheng9peT4P-jOddTrZEDNHUwSOTAv8XvhiZpNUIXLOIfitoy/s320/SimoneWeil.jpg" width="213" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
prénom : Simone. C’est le seul indice que nous donnent ce mois-ci les
blogs <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/">Au milieu des livres</a>
et <a href="https://pagesversicolores.wordpress.com/">Mes pages versicolores</a>
afin de relever le défi du challenge « Les classiques c’est
fantastique ». Sujet à la fois vaste et particulièrement resserré pour
dénicher un texte classique en rapport. Alors qu’en manque total d’inspiration
je désarmais, ce petit bouquin de Simone WEIL, « Grèves et joie
pure », s’est dressé devant moi. Et comme un miracle du printemps, ce même
livre me sert également aujourd’hui pour ma participation au challenge annuel
2024 du blog Book’ing, avec cet intitulé : « Lire sur les mondes ouvriers
et le monde du travail » dont voici le lien :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html">https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">D’une
pierre deux coups, donc.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Fin
1934, désireuse de se rendre compte par elle-même du travail en usine, Simone
WEIL se fait embaucher afin de tenir un « journal d’usine ». Ce sont
ces notes, entre autres, qui constituent la première partie de « Grèves et
joie pure » avec le texte « La vie et la grève des ouvriers
métallos », signé S. GALOIS, pseudonyme de Simone WEIL (qui a alors 27
ans). Daté de juin 1936, il paraît d’abord à la même date dans « La
révolution prolétarienne », puis en 1951 dans une collection « Espoir »
alors dirigée par Albert CAMUS. Dans ce texte Simone WEIL fait une grande part
au caractère psychologique d’une vie à l’usine. Entre les ordres du
contremaître (produire toujours plus), ce sentiment d’être devenue une esclave,
un être soumis et obéissant, ce besoin de gagner sa croûte pour élever les
enfants, acheter de la nourriture, etc., malgré les cadences infernales, le
corps qui a mal et les tâches répétitives et automatiques, la vie d’une
ouvrière paraît sans espoir. Simone WEIL est licenciée sans explication au bout
d’un mois. Il est temps pour elle de témoigner, un peu plus d’un an plus tard.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
séquelles psychologiques d’une vie à l’usine sont nombreuses, il est difficile
de redevenir soi-même après une journée aussi harassante qu’abrutissante.
Heureusement il y a la solidarité entre ouvriers, déclenchant une grève pour
dénoncer les salaires au rendement provoquant d’importantes disparités
pécuniaires entre les salariés. Nous sommes en plein Front populaire, il est
urgent pour les prolétaires de revendiquer plus de droits. Dans un deuxième
texte faisant directement suite au premier, un projet d’article en fait,
l’autrice savoure la victoire des grévistes, avant un bref article sur Roger
SALENGRO, alors ministre de l’intérieur (il se suicidera trois mois après cet
article, n’y voyez là aucune cause à effet).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
dernier texte dénonce la position de la CGT (à la fois intenable et indésirable
selon Simone WEIL) sur des procédures de conciliation et d’arbitrage, alors que
l’autrice est clairement pour le contrôle ouvrier des usines, une sorte
d’autogestion en somme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Cette
plongée dans la France prolétaire de l’entre-deux guerre donne un parfum
d’optimisme, avec des combats sociaux qui aboutissent, des mobilisations
actives et fortement revendicatives. Les événements racontés dans ce tout petit
livre sont situés juste avant la deuxième guerre mondiale. Au-delà, il faudra
tout recommencer.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
présente édition (de 2016) est signée Libertalia, elle est accompagnée d’une
préface de Charles JACQUIER. Un document historique de poids, un jalon de la
lutte des classes en seulement quelques dizaines de pages, concentrées et
littéraires par leur style, pour ne pas oublier.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.editionslibertalia.com/"><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: EN-US;">https://www.editionslibertalia.com/</span></a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiT5FXrR4z_lrmIE1kJxoCh56vH_UxMjgb_buBLPEt3nTltiW0tiWeQcjy40_1-BveRlRZVjqfuhUoaq8wd6yGfSo4LIA1HGgls__w1Ecs1gc9LtYyKoQkiyOjNtTmeBEh9YHiN_k_awg1jnHitI2lWa1BslSzTuly3bUVTqrFoKbddZc5APAjuNbUx4PfH/s458/Classiques03.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="458" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiT5FXrR4z_lrmIE1kJxoCh56vH_UxMjgb_buBLPEt3nTltiW0tiWeQcjy40_1-BveRlRZVjqfuhUoaq8wd6yGfSo4LIA1HGgls__w1Ecs1gc9LtYyKoQkiyOjNtTmeBEh9YHiN_k_awg1jnHitI2lWa1BslSzTuly3bUVTqrFoKbddZc5APAjuNbUx4PfH/w444-h301/Classiques03.PNG" width="444" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPih1w7TMkj67UDhDXvsQgoLS_RA8YlhWQ0xT8s3CnEfwhlGooU0u7XtgdvwUaT98qwvmRB94-SpNR3cUu5T4ILXB0Az_1EcbhSpZHYl2eHDopYnZqAaHqK_PMiK_X0v9wAycZwOltwb2fgCjMFhIbBx8lozguQfzdGAmVBt2JVjkNaNz5ljKanL1kkT8c/s400/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="396" data-original-width="400" height="441" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPih1w7TMkj67UDhDXvsQgoLS_RA8YlhWQ0xT8s3CnEfwhlGooU0u7XtgdvwUaT98qwvmRB94-SpNR3cUu5T4ILXB0Az_1EcbhSpZHYl2eHDopYnZqAaHqK_PMiK_X0v9wAycZwOltwb2fgCjMFhIbBx8lozguQfzdGAmVBt2JVjkNaNz5ljKanL1kkT8c/w445-h441/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" width="445" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-21034480979223394692024-03-17T15:00:00.000-07:002024-03-17T15:00:00.128-07:00Stefano MASSINI « Femme non rééducable + Bunker Kyiv »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYcFkvES9NMevlPE0IDlec9sr-Vq0IjGMDG6qsxHjUoaQcFXpJ6eJt8QO7CRjmYCTXBlFLeufe75dGQNljcMVsrwTl9hIs6uc3GgvJJmnewDq2D_sP08hbx5ggCaAUTHQXL0WZQevFBYYFvaE-vr0fvkqbU3i9g471WmIPiWmijf_bbWHEH98o_BENsaX5/s1756/StefanoMassini.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1756" data-original-width="1128" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYcFkvES9NMevlPE0IDlec9sr-Vq0IjGMDG6qsxHjUoaQcFXpJ6eJt8QO7CRjmYCTXBlFLeufe75dGQNljcMVsrwTl9hIs6uc3GgvJJmnewDq2D_sP08hbx5ggCaAUTHQXL0WZQevFBYYFvaE-vr0fvkqbU3i9g471WmIPiWmijf_bbWHEH98o_BENsaX5/w222-h345/StefanoMassini.jpg" width="222" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Deux
textes sont au menu de ce livre bref et hybride, entre poésie, théâtre et
exercice journalistique. Le premier, « Femme non rééducable », de
2010, revient sur le destin de la journaliste russe Anna POLITKOVSKAÏA,
assassinée dans l’ascenseur de son immeuble à Moscou en octobre 2006.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
de courtes séquences, le texte s’attarde sur la seconde guerre en Tchétchénie à
partir de 2000, en résume les causes avec un coup de projecteur en 1986 et cet
espoir de liberté né de la perestroïka, avant l’indépendance en 1991 puis l’élection
de Akhmad KADYROV comme chef du gouvernement tchéchène juste après la reprise
de contrôle par la Russie. Assassiné, il est remplacé par son propre fils
Ramzan. Les dates sont très importantes, elles rythment comme un métronome le
récit épuré.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Anna
POLITKOVSKAÏA interviewe immédiatement le nouveau premier ministre. Elle est
arrêtée. Dans ce texte lucide et stylisé, elle devient la narratrice après son
arrestation. Récit journalistique car chaque événement d’envergure y est
scrupuleusement consigné, jusqu’à la sempiternelle propagande cinématographique
russe. De manière plus intimiste, Anna POLITKOVSKAÏA se souvient de sa jeunesse
soviétique, faisant la queue dans des boutiques à peine achalandées.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Prise
d’otages massive en 2001 (800 otages) au théâtre de la Doubrovka de Moscou.
Plus tard, des témoins interrogés sont liquidés. Prise d’otages dans l’école de
Beslan en 2004 (environ 1000 otages). Anna POLITKOVSKAÏA s’y rend en avion afin
d’interroger des témoins. Elle ne parvient pas à destination. Elle est
empoisonnée dans l’avion. Par la suite elle ne cesse de recevoir des menaces de
mort, elle a 47 ans, ne peut plus exercer. Pourtant elle se bat jusqu’au bout.
L’auteur la fait parler ainsi : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je
n’écris jamais de commentaires, ni d’avis, ni d’opinions. / J’ai toujours cru /
- et je continue de croire - / que ce n’est pas à nous de juger. / Je suis une
journaliste, pas un juge et encore moins un magistrat. / Je me contente de relater
les faits. / Les faits : tels qu’ils se produisent, tels qu’ils sont. / Ça
peut paraître la chose la plus simple, ici, c’est la plus difficile. / Et le
prix à payer est dément</i> ». Car elle redoute une mort prochaine.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
texte ne le dit pas, mais Anna POLITKOVSKAÏA est assassinée le jour même des 54
ans de Vladimir POUTINE et de leur faste célébration. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">90 % des journalistes en Russie ont leur
carte du parti. / Quand tu travailles pour eux, tu n’es plus une journaliste, /
tu es un porte-parole </i>».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Bunker
Kyiv », texte de 2023, martèle des phrases, pour bien nous les faire
entrer en mémoire. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La sirène a
encore retenti aujourd’hui. / Ici en bas, il y a de la place pour 30 personnes.
/ Tu regardes autour de toi : / Dans tout Kyiv il y a 4984 bunkers</i> ».
À partir de témoignages authentiques, l’auteur reconstitue l’atmosphère des
bunkers de Kyiv (Kiev), Ukraine, depuis l’occupation russe de février 2022.
Insistant sur la psychologie des êtres au cœur du bunker, il nous les rend
encore plus vivants. Car ils ne se morfondent pas en attendant leur dernière
heure. Pour se donner du courage, ils chantent, jouent de la musique, récitent
des poèmes malgré l’horreur des bombardements aériens. C’est un cri du
désespoir d’un peuple assailli et martyrisé : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Toutes tes certitudes s’évaporent, disparaissent. / Et dès que tu
perçois / à nouveau le silence… / ça, c’est le moment le plus féroce de tous. /
Qu’est-ce que c’est, ce silence ? / C’est un nouveau départ ? / Ou
c’est ta fin ?</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Deux
textes écrits à près de 15 ans d’intervalle, tous deux pour faire vivre la
mémoire de l’Histoire. Le premier, le plus long, prenant une figure majeure de
la liberté d’informer dans un tourbillon de guerre, le second, toujours au cœur
de la guerre, là encore tourné vers l’intime, en l’occurrence ce peuple
ukrainien. Paru en 2023 dans la très militante collection Des écrits pour la
parole de chez L’arche éditeur, ce livre est salutaire pour s’informer sur le
rôle et le but de la Russie depuis l’accession de Vladimir POUTINE : conquérir
en anéantissant.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pour
aller plus loin, une adaptation radiophonique de « Bunker Kyiv » a eté
diffusée en novembre 2023 sur les ondes de Radio France :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/samedi-fiction/bunker-kiev-de-stefano-massini-1997893">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/samedi-fiction/bunker-kiev-de-stefano-massini-1997893</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.arche-editeur.com/">https://www.arche-editeur.com/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-50315663905951434202024-03-14T15:00:00.000-07:002024-03-14T15:00:00.134-07:00Anne CRIGNON « Une belle grève de femmes »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbwgYnvWXSDptP8EGitKynt6E0D3gej8X7Op0l3qT3Aq2V6FKC16jAEXcA_oZvrZ3mbg7w7nDza9TVsWM1ac6idOG36d9Sc-4e4NFZK7LjgO7YU7Aw_lIO7IsDtNYnbhzIGYh_JKj1cryK-Z9MfxWqztV6w2ikOOxuyuiPs1q4SSeMu0YV4t-AQiJzvXX_/s1648/AnneCrignon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1648" data-original-width="1000" height="374" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbwgYnvWXSDptP8EGitKynt6E0D3gej8X7Op0l3qT3Aq2V6FKC16jAEXcA_oZvrZ3mbg7w7nDza9TVsWM1ac6idOG36d9Sc-4e4NFZK7LjgO7YU7Aw_lIO7IsDtNYnbhzIGYh_JKj1cryK-Z9MfxWqztV6w2ikOOxuyuiPs1q4SSeMu0YV4t-AQiJzvXX_/w227-h374/AnneCrignon.jpg" width="227" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Au sein du challenge annuel du blog Book’ing dont le
thème de 2024 est « Lire sur le monde ouvrier & les mondes du
travail », il existe des activités internes, dont celle des lectures
communes, où plusieurs blogueureuses vont lire un même ouvrage pour le
présenter à une date précise. Ce bouquin historique de Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">en fait partie, et
tous les blogs intéressés présentent leur billet sur leurs blogs respectifs en
ce 15 mars. Je vous remets le lien de ce challenge qui s’accroît au fil des
jours :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html">https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Dans ce passionnant documentaire, Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">fait revivre une
fameuse grève de la Bretagne d’antan, dont le lieu exact et la date nous sont
donnés dans le sous-titre, « Les Penn sardin – Douarnenez, 1924 ».
Les Penn sardin, c’étaient ces sardinières du Finistère s’exténuant à mettre en
boîtes les poissons. Leurs revendications sont diverses, mais juste une
curiosité pour amorcer le sujet : les ouvrières de la vingtaine des usines
de sardines de Douarnenez étaient les moins bien payées de tout le pays.
L’autrice pose les jalons historiques et sociaux qui menèrent à cette grève
massive de novembre 1924, sorte de deuxième round d’une grève de 1905 où des
avancées sociales avaient déjà été enregistrées, pour stagner ensuite. Ici
aussi, les revendications sont les cadences infernales, le salaire ridicule et
les mauvaises conditions de travail. L’étincelle se produit lorsqu’un patron
refuse de recevoir des ouvrières éreintées.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">dépeint à merveille l’atmosphère
générale, avec des femmes salariées qui, sans le savoir, ont fondé une micro
société matriarcale au sein de leurs minuscules maisons sans confort, où les
maris ne sont plus ni dominants ni autoritaires. Ainsi leur révolte découle
d’un penchant naturel, ainsi que d’une solidarité à toute épreuve.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">nous guide au cœur de ce climat bien
particulier dans les ateliers de sardines où le lieu de travail est comme
héréditaire, avec parfois de jeunes fillettes de 8 à 10 ans qui sont embauchées
sous un nom d’emprunt dans un pays où la mixité sociale scolaire n’existe pas,
tout comme celle réservée sur les bancs des églises de cette région très
pieuse. Cet ouvrage est d’ailleurs riche en détails sur les mœurs et le
quotidien rural de la Bretagne des débuts du XXe siècle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Un féminisme ouvrier se met en place presque naturellement,
alors que les ouvrières chantent, et que certaines paroles peuvent irriter les
oreilles des patrons, dont ce refrain « :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Saluez, riches heureux<o:p></o:p></i></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Ces
pauvres en haillons<o:p></o:p></span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Saluez,
ce sont eux<o:p></o:p></span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Qui
gagnent vos millions</span></i><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;"> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Petits riens qui rendent ce témoignage précieux, par
son folklore, sa situation historique (quelques années après la première guerre
mondiale) comme par cette organisation d’abord fébrile des femmes grévistes ou
encore ces brèves biographies d’actrices et acteurs de cet épisode majeure de
la grève en Bretagne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Le portrait du maire d’alors, Daniel LE FLANCHEC, est
dressé. Homme de conviction, communiste pacifiste ayant fait ses classes dans
l’anarchisme, LE FLANCHEC reçoit les grévistes, les écoute et les soutient
immédiatement dans la grève. Il sera pour un temps suspendu de ses fonctions.
Quelques jours plus tard, ce sont 3000 manifestantes qui défilent dans les rues
de Douarnenez. Un certain Charles TILLON (qui plus tard fera beaucoup parler de
lui), un jeunot de 27 ans, alors secrétaire de la CGTU Bretagne, rejoint aussi
le mouvement et crée des crèches pour accueillir les enfants des grévistes,
alors que des fonds sont levés pour leur venir en aide et que la tension monte
d’un cran avec les autorités nationales. Marcel CACHIN, directeur du journal
L’humanité, se rend sur place.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">ANNE </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">insiste sur le caractère anonyme des
femmes grévistes. Elles ont à peine un visage, mais pas d’identité, elles
n’existent que collectivement, derrière un drapeau rouge vestige de la grève de
1905. Seule semble survivre dans l’histoire cette Joséphine PENCALET (prononcer
Penn Kalett), que l’autrice portraitise grâce aux informations qu’elle a pu
dénicher.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">La journée du 1<sup>er</sup> janvier 1925 est
particulièrement violente, cela aussi Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">le détaille, dans
une écriture vivace, dynamique, énergique et truffée d’humour, qui n’est pas
sans rappeler le style acéré et affirmé de l’actuelle journaliste Anne-Sophie
MERCIER dans Le Canard Enchaîné. Après 48 jours de grève, le patronat ploie,
les Penn sardin ont gagné. S’ensuit un rapide effet boule de neige :
plusieurs communes environnantes adoptent les mêmes lois pour le travail des
ouvrières.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Le titre de cet ouvrage est emprunté à celui de Lucie
COLLARD qui, dans un court récit de 1925, fait déjà revivre cette bataille
sociale, d’autant qu’elle a été sur le terrain et a participé aux
manifestations et aux comités de soutien. Ce documentaire est exceptionnel par
la richesse de ses informations ou encore de ses éléments bibliographiques
semés çà et là dans le récit. Au cœur du livre, des photographies viennent à
leur tour témoigner d’une époque, d’une lutte. Rien n’est laissé au hasard car,
comme déjà signifié, c’est aussi le style littéraire de Anne </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">CRIGNON </span><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">qui fait vibrer
l’action de manière originale et pétillante. On doit cette tranche de
l’histoire aux éditions Libertalia, qui ont sorti cette petite perle marine en
2023 dans leur somptueuse collection poche La Petite Littéraire pour laquelle
j’avoue un faible.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;">Pour aller plus loin, je vous colle cette chanson de
madame Claude MICHEL, en hommage aux Penn sardin :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-fareast-language: FR;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=50VKs3g6DqQ">https://www.youtube.com/watch?v=50VKs3g6DqQ</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.editionslibertalia.com/"><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;">https://www.editionslibertalia.com/</span></a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;"><o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEu9Q25zuUzwzN1vui9xhppOb6dcV9-HxlgxYEIJiq7tRaKCXsig97KnWldSkh54oVxSfkvYIG1iMHL7u_ZnYTXiQtdyOjMBuxVRoTie7yt-_ZHXNeW3S3-4DX7opaPHBQ-WxJ8qrqcuYzQBNUdMT_ffV8cB3dIxVPSqMjR_dv9XCXYcK63uiNrBoNbZr2/s400/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="396" data-original-width="400" height="404" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEu9Q25zuUzwzN1vui9xhppOb6dcV9-HxlgxYEIJiq7tRaKCXsig97KnWldSkh54oVxSfkvYIG1iMHL7u_ZnYTXiQtdyOjMBuxVRoTie7yt-_ZHXNeW3S3-4DX7opaPHBQ-WxJ8qrqcuYzQBNUdMT_ffV8cB3dIxVPSqMjR_dv9XCXYcK63uiNrBoNbZr2/w408-h404/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" width="408" /></a></div><br /><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-79137673765207260922024-03-10T15:00:00.000-07:002024-03-10T15:00:00.146-07:00Yánnis D. YÉRAKIS « Pêcheurs d’éponges »<p style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiBOfOODppZs_DOZWUV-JjS-svSylKw4EqDYqHgkjnuti9MTXgbp63RDCpNwhmpguf40_Zq1JvgPBKOFcTN-9dxCs5zSViuzuVSeolVc_P2eayMK7GVjSTIqf-jS4jLfpL6c8EiQqoU4sn_l1tdESC486mO4VQYlGp1pWLM8rQov5_uNuZIY4ELHOM-zCh/s1020/YannisYerakis.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1020" data-original-width="680" height="365" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiBOfOODppZs_DOZWUV-JjS-svSylKw4EqDYqHgkjnuti9MTXgbp63RDCpNwhmpguf40_Zq1JvgPBKOFcTN-9dxCs5zSViuzuVSeolVc_P2eayMK7GVjSTIqf-jS4jLfpL6c8EiQqoU4sn_l1tdESC486mO4VQYlGp1pWLM8rQov5_uNuZIY4ELHOM-zCh/w243-h365/YannisYerakis.jpg" width="243" /></a></div><br /> <p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pour
ma modeste contribution ponctuelle au défi annuel du blog Book’ing dont
l’édition 2024 a pour thème « Lire sur les mondes ouvriers & le monde du
travail »</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(<a href="https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html">https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html</a>)<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; text-align: left;">et pour alimenter
mon cycle grec débuté l’été dernier, j’ai décidé de mettre en avant le récit de
vie du grec Yánnis D. YÉRAKIS, « Pêcheurs d’éponges ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
parcours de vie du jeune grec Yánnis D. YÉRAKIS (1887-1971) est pour le moins
tumultueux. À l’automne de sa vie, vraisemblablement à la fin des années 1960,
il se décide enfin à le raconter dans un texte bref et frappant, sous-titré
« Kalymnos 1900 – Saint-Pétersbourg 1917 ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Originaire
de l’île de Kalymnos dans le Dodécanèse, ottomane lors des événements relatés
dans ce livre (elle passera plus tard sous le joug des fascistes italiens),
l’auteur nous dresse non pas un destin personnel mais toute un pan de culture
de l’île, par une activité professionnelle méconnue. Les pêcheurs d’éponges
exercent nus un métier harassant et dangereux, ne pouvant travailler que quatre
mois de l’année, ils sont en proie aux requins. Le reste de l’année, ils
vivotent, crèvent de faim, certains vendent leurs enfants dans des usines de
« pantoufleurs » en Russie en ces temps à cheval entre les XIXe et
XXe siècles. Gamins esclaves exploités jusqu’à la corde, YÉRAKIS fut de
ceux-là.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’auteur
revient sur l’année terrible de 1884 où les pêcheurs d’éponges ne purent plus
nourrir correctement leur famille, beaucoup d’entre eux périrent dans de
sinistres circonstances expliquées dans ce livre. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’éponge ou la peau</i> », s’écriaient-ils. D’un côté les pêcheurs
à la pierre, plongeant nus dans les mers à près de 70 mètres de profondeur. De
l’autre les scaphandriers, harnachés avec sécurité (ce procédé fut interdit à
cause de sa dangerosité pour le travailleur, puis à nouveau autorisé quelques
années plus tard), travaillaient plus vite, tout en détruisant une partie du
fond des mers.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’émigration
est alors massive à destination des Etats-Unis, mais aussi de la Russie, où des
pêcheurs d’éponges reconvertis peuvent enfin gagner leur vie. Tout basculera en
octobre 1917 avec le régime bolchevique en place. Là ils seront emprisonnés,
comptant de nombreux déportés en Sibérie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Mais
revenons à nos pêcheurs d’éponges. YÉRAKIS, lui-même pêcheur à partir de l’âge
de 13 ans, donne dans le détail leurs missions et les nombreux risques qu’ils
encourent. Les requins sont les ennemis de ces « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">héros invisibles</i> », ils en croquent certes rarement mais
régulièrement. Des amis de YÉRAKIS seront de ceux-ci. Dans un texte empli
d’humilité (il refuse de se mettre en avant, et s’en excuse lorsqu’il doit le
faire), l’auteur dépeint les sensations, les sentiments, les peurs, notamment
avec ce meltem soufflant monstrueusement en mer Égée. Et bien sûr, cette peur
parmi toutes : se faire happer par un requin. Le récit fourmillent d’anecdotes à
ce sujet : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Autre accident,
qui s’est bien terminé, celui-là : l’attaque d’un pêcheur par un requin,
en surface. Il venait à peine de plonger quand le poisson l’a avalé avec sa
pierre, mais son estomac ne l’a pas supporté et il l’a rejeté</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Pêcheurs
d’éponges » est aussi un récit d’aventures, entre les différents points géographiques
où stationnent les marins, les diverses vicissitudes et faits divers souvent
morbides, il ne s’épanche pas sur la tragédie.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>YÉRAKIS déroule son histoire, enfin celle des autres à ses côtés, sans
mollir ni se plaindre. Il se contente de décrire la vie au quotidien de ces
forçats de la mer, ces hommes oubliés aujourd’hui, qui ont donné leur vie pour
nourrir les leurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">YÉRAKIS
connut un destin singulier que résume le traducteur Spiro AMPÉLAS dans sa
postface : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">En 1906, il n’aura
d’autre choix que de repartir pour Saint-Pétersbourg où, comme nous le savons,
pris au piège de la Grande Guerre puis de la révolution d’Octobre, il
séjournera jusqu’en 1920. Il s’installera alors à Athènes, l’occupation du
Dodécanèse ne lui permettant pas de rentrer chez lui. Il vivra dans la capitale
l’arrivée massive des grecs chassés d’Asie Mineure, la dictature du général
Metaxás, l’occupation nazie, la guerre civile qui suivit</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Il
y aurait eu tant de péripéties à raconter dans une vie aussi riche et tragique,
mais YÉRAKIS a plutôt choisi de ne rendre hommage qu’à ses camarades pêcheurs
d’éponges, ceux avec lesquels il a partagé tant de drames juste pour gagner une
vie qui ne fut pas de tout repos. En fin de volume est annexé un poème de 1951
de YÉRAKIS : « Histoires de pêcheurs d’éponges » dans lequel il
revient, en quelques pages seulement, sur le sort de ces malheureux compagnons
de travail engloutis par des requins au tout début du XXe siècle. Accompagné de
photographies et cartes géographiques pour mieux vous familiariser avec les
lieux évoqués, « Pêcheurs d’éponges » est magistralement préfacé par
Daniel FAGET qui dresse une véritable biographie, riche et détaillé, de YÉRAKIS
sur 30 pages. Paru en 2022 dans la somptueuse collection grecque de chez
Cambourakis pour un prix ridiculement bas en format poche, il possède tous les
atouts pour vous séduire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;"><a href="https://www.cambourakis.com/"><span lang="FR" style="mso-ansi-language: FR;">https://www.cambourakis.com/</span></a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOTqLFd0-3PhJoXToRyAGNM52cZCIeJoLrQ8wDQcMiEhv_tDgUBSd_phIXok_lttOlgA8s4HYhp22Gaq0DWnR6S1J_4T1oPmXDq02vp-IH-dm8n9Oqiyi4omVY_Onm4ZNcVbZuLFpBYFSH6bKQwEy62TfkYrMafQSD9Y1hLYNDSeTkooByM7yPlMeqyOtX/s400/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="396" data-original-width="400" height="394" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOTqLFd0-3PhJoXToRyAGNM52cZCIeJoLrQ8wDQcMiEhv_tDgUBSd_phIXok_lttOlgA8s4HYhp22Gaq0DWnR6S1J_4T1oPmXDq02vp-IH-dm8n9Oqiyi4omVY_Onm4ZNcVbZuLFpBYFSH6bKQwEy62TfkYrMafQSD9Y1hLYNDSeTkooByM7yPlMeqyOtX/w398-h394/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" width="398" /></a></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-47674738529032053242024-03-03T14:00:00.001-08:002024-03-03T14:00:00.137-08:00Jim TULLY « Ombres d’hommes »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8ifersXRY7KArtSMP7lpWNrxBNV2B2lgBnjFpKaoKPrrFCb9Ak4fH8CresKc3ZyLpgOKOWO2_6oypbGj4X1g64ZKGtozPZvhJifJd61lhMHTOHLLDTricqRKLu6SP8eSSZthzOF80tncp7RDbqh6ZURmOfE_75FSrfUN_KNgY-vop8HuQDPq0aT8ryVw9/s291/JimTully.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="291" data-original-width="195" height="333" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8ifersXRY7KArtSMP7lpWNrxBNV2B2lgBnjFpKaoKPrrFCb9Ak4fH8CresKc3ZyLpgOKOWO2_6oypbGj4X1g64ZKGtozPZvhJifJd61lhMHTOHLLDTricqRKLu6SP8eSSZthzOF80tncp7RDbqh6ZURmOfE_75FSrfUN_KNgY-vop8HuQDPq0aT8ryVw9/w223-h333/JimTully.jpg" width="223" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Rédigé
en 1930, « Ombres d’hommes » est le quatrième et avant-dernier volume
du Cycle des bas-fonds (1924-1931). TULLY y reprend les ingrédients des tomes
précédents : parcours de miséreux, de cabossés de la vie, mais ici il donne
la parole à ceux qu’il a croisés en prison, lors de ses propres détentions dans
différents États des U.S.A.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Curieusement,
il y est peu question de la vie de prisonniers, mais plutôt de celle d’avant
l’incarcération. Les destins de certains hobos notamment, jetés en prison pour
un larcin parfois mineur, entassés, agglutinés. En prison les bagarres ne sont
pas rares, les vengeances non plus. Mais dans ce livre, ce sont plutôt des
anecdotes hors les murs, contés par des hommes alors libres et prêts à tout
pour survivre et conserver cette liberté. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Devant nous, c’était la liberté. Mais nous ne pouvions dire à quelle
distance</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
hobos sont considérés comme des êtres inutiles à la société. Et pourtant, ils
font circuler les actualités d’un bout à l’autre du pays à une vitesse
prodigieuse (nous sommes aux tout débuts du XXe siècle, ne l’oublions pas), en
voyageant gratuitement, clandestinement, sur des trains de marchandises, puis
se mêlant aux gré de leurs escales aux populations locales. Dans ce tome ils
prennent la parole, avec cette langue argotique, populaire, celle des rues
sombres, rendue divine par le talent de Jim TULLY.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
Cycle des bas-fonds est dans sa totalité et sa complémentarité un miracle de la
littérature, il est de ces immenses fresques qui marquent longtemps, en
l’occurrence celle des oubliés de la distribution, des sans voix pour lesquels
TULLY est le porte-parole. Ces histoires du dehors, de ces jungles (campements)
de hobos que l’auteur connaît parfaitement.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Comme
toujours chez TULLY, défilent des portraits d’éclopés du parcours de vie, tous
plus majestueux et gouailleurs les uns que les autres, dans une Comédie humaine
des pouilleux et des nécessiteux. Ainsi, ce pyromane un brin perché, ou encore ce
frère Jonathon, prêtre prisonnier par accident, un lettré. Mais aussi mégalo,
hypocrite et menteur, qui fabrique un élixir de vie, solution buvable censée amener
le bonheur sur terre. Il y a du CHAPLIN chez TULLY (il fut d’ailleurs son
collaborateur pour le tournage de « La ruée vers l’or »), les
vagabonds sont rendus merveilleux, humains, libres car sans attaches mais avec
un amour de la vie qui leur fait partager leurs émotions.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
anecdotes fourmillent, ont toutes leur place. Les jours de pendaison d’un
condamné à mort, la ville est en fête, le spectacle garanti. Mais le personnage
principal de ce volume est peut-être la drogue. Pas mal de prisonniers sont
sous son emprise et racontent avec force détails leurs hallucinations, eux, ces
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">enfants échoués sur les rives de
la vie</i> » qui se raccrochent à un paradis artificiel. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les cigarettes de </i>muggle<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> de Hypo étaient marinées dans l’alcool et
trempées dans le parfum. Une seule cigarette pouvait affecter son cerveau
pendant six heures. Sa vision en était distordue et il voyait tout flou. Des
mirages de beauté et de terreur lui dansaient devant les yeux. Il était pris de
fous rires aux moments les plus inopportuns. Cela pouvait même le pousser à se
croire mort et il se mettait alors à caresser un codétenu qu’il prenait pour
une femme incapable de voir un mort</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">TULLY
abhorre l’injustice faite aux hommes, aussi il prend ici par ses écrits la
défense d’un homosexuel victime de la vindicte populaire (en 1930, le sujet
était toujours tabou et les clichés nombreux). Il fait jouer l’esprit de solidarité,
même s’il sait qu’au fond, dans ce monde de la rue, le chacun pour soi est
aussi une manière de survivre. Ce livre est peut-être moins drolatique dans ces
scènes exubérantes, sans toutefois devenir sobre. Mais il y a un fond de
tragédie, une vie vue par un homme qui a quitté ce milieu et qui s’essaie à
devenir un autre. L’humanisme de TULLY est palpable. Le dernier et magnifique
chapitre est consacré à la pendaison d’un prisonnier, il est
bouleversant : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ça n’a rien de
réjouissant d’envoyer un homme dans l’au-delà</i> ». L’exécution publique
est minutieusement décrite, elle ne laisse pas de marbre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Ombres
d’hommes » est paru en France chez Lux éditeur en 2017, accompagné
d’illustrations de circonstance de William GROPPER, des années 1930.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;"><a href="https://luxediteur.com/">https://luxediteur.com/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren Bismuth)</span><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;"><o:p></o:p></span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-52760370724906040092024-02-25T14:00:00.000-08:002024-02-25T14:00:00.136-08:00C.F. RAMUZ « Farinet ou la fausse monnaie »<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhschiCd7R4mmK399JlB_8gQ8cTvatAobeWuzVNyhJu-uXFKBxUB7x4BbgOekCLwV-SbvSmcfap2V_YdgmdZwhJFnMs2XVN1l_GCfuwYNjyrDLD627qhrGq9a8bHVZZm6gcAa2FViry05ZNaAcOfr_WXEd9xhnbt2dStkBUMQqOGY-k9SuVDRye3VNhemMU/s1000/CFRamuz.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="714" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhschiCd7R4mmK399JlB_8gQ8cTvatAobeWuzVNyhJu-uXFKBxUB7x4BbgOekCLwV-SbvSmcfap2V_YdgmdZwhJFnMs2XVN1l_GCfuwYNjyrDLD627qhrGq9a8bHVZZm6gcAa2FViry05ZNaAcOfr_WXEd9xhnbt2dStkBUMQqOGY-k9SuVDRye3VNhemMU/s320/CFRamuz.jpg" width="228" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
blogs <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/">Au milieu des livres</a>
et <a href="https://pagesversicolores.wordpress.com/">Mes pages versicolores</a>
de Moka et Fanny nous proposent pour ce mois un thème simple, souple et
vaste : « Pile francophone ». Il s’agit pour chaque participant de sortir de sa
pile un auteur de langue mais non de nationalité française. Pour Des Livres
Rances, c’est du côté de la Suisse que le défi fut relevé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">C.F.
RAMUZ (1878-1947) est un auteur prolifique suisse romand, considéré aujourd’hui
comme le plus grand de l’Histoire littéraire de ce petit pays (et
accessoirement adoubé par Jacques CHESSEX, autre pointure des lettres suisses).
Son prénom est Charles Ferdinand (prénoms de ses deux frères morts avant sa
naissance), mais il le rejette par la suite, le trouvant trop archiducal, pour
en adopter les initiales de C.F. Auteur vaudois, il restitue dans une partie
son œuvre la vie rurale de son canton ainsi que de ceux proches. Ici l’action
se déroule dans le canton du Valais, jouxtant celui de Vaud. Maurice Farinet
est un jeune homme de 28 ans (puis de 27 ans ensuite, une erreur de texte).
Homme indépendant, il a profité des bons soins et conseils prodigués jadis par
un certain monsieur Sage pour savoir où découvrir de l’or dans la région et
comment le faire fructifier.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Farinet,
fils de contrebandier (décédé) se lance dans la fausse monnaie, alliage d’or et
d’argent. Arrêté, il est jugé puis emprisonné mais s’échappe. Dehors, il hume
le paysage, la montagne, la liberté. En visite chez son frère, il est mal reçu
et s’en retourne sur les chemins. Il part se réfugier dans la montagne, fuyant
les gendarmes et le gouvernement qui le recherchent. Il s’organise afin de
vivre simplement, avec le minimum. Les villageois qui tout d’abord ont de
fréquentes nouvelles s’inquiètent de soudain ne plus en avoir. Farinet est un
être respecté par les siens. D’une mentalité libre, il provoque l’envie. De
plus, il doit être riche. Aussi, sa disparition suscite bien des échos dans la
vallée valaisanne. Mais les autorités semblent avoir relâché leurs recherches,
l’espoir demeure…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Écrit
en 1932, « Farinet ou la fausse monnaie » est typique du style
littéraire de RAMUZ, qui peut rebuter. Peu académique, entre rythme haché,
parler rural et poésie, va-et-vient entre récit au présent et au passé dans les
mêmes phrases, il déconcerte vivement (« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il riait dans sa barbe, sans trop rire, ni trop le montrer, pendant
qu’il se tournait avec sa barbe vers le sergent</i> »). RAMUZ fut sans
conteste une influence majeure de GIONO (on peut y déceler aussi quelques
pincées de ce qu’écrira PAGNOL plus tard), on y retrouve cet amour pour la
description des paysages, de la nature et des gestes du quotidien du monde
rural. Roman en partie romantique (avec une double histoire d’amour, de loin
les pages les moins réussies du récit), il est surtout un hommage aux paysans,
au travail de la terre, ainsi qu’un ode à la simplicité par son personnage
central, ce Farinet, un brin anarchiste, débarrassé de toute contrainte
matérielle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Roman
haletant, prenant soudainement une tournure politique, « Farinet ou la
fausse monnaie » est un texte humaniste autant que tragique. RAMUZ a su
doser l’intime dans le général, le politique dans le terroir. Car il ne peut
être admis que l’auteur soit placé dans la catégorie d’écrivains du terroir. Une
certaine philosophie de vie libertaire plane sur le récit, le style est
lui-même en quelque sorte libertaire, s’étant affranchi des règles de la
littérature.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Concernant
ce Farinet, non seulement il a réellement existé, mais il fut localement connu
vers 1880 pour sa création de fausse monnaie. RAMUZ lui rend ici hommage, le
reprenant à son compte pour en faire un héros tragique, à la fois
individualiste et partageur, une sorte de Robin des bois helvétique. Il peut
rappeler par certains aspects « Le déserteur » de GIONO par son fond, même
si les deux écrivains n’abordaient pas du tout leur travail avec le même style.
Similarité dans la structure, dans l’atmosphère, mais pas sur la forme. Ce
roman peut être une occasion rêvée de découvrir l’œuvre de RAMUZ, qui a publié
également de nombreux poèmes ainsi que des essais. Il reste une figure majeure
de la littérature en Suisse, même si son influence et jusqu’à son souvenir
semblent avoir en partie avoir disparu dans les autres pays francophones.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEVFftSu_4MhmnT-CcrIY8BaTLl944aKA1HCXlw55eM3vkUBssAvLdem2bWR9lSovNmLbrvCdebEsGjp3rXnPxP6eYJK8HXTXaurvc84U93DZRIdlZPW1n_dij7f9DCKdmQAOkEG6xAPVVz2jBdXYbHnitdJ9hGoJpsYVhbiuVDSreeWAe0iiOCDseP59v/s400/Classiques02.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="278" data-original-width="400" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEVFftSu_4MhmnT-CcrIY8BaTLl944aKA1HCXlw55eM3vkUBssAvLdem2bWR9lSovNmLbrvCdebEsGjp3rXnPxP6eYJK8HXTXaurvc84U93DZRIdlZPW1n_dij7f9DCKdmQAOkEG6xAPVVz2jBdXYbHnitdJ9hGoJpsYVhbiuVDSreeWAe0iiOCDseP59v/w437-h303/Classiques02.PNG" width="437" /></a></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-43801708393735905052024-02-21T14:00:00.000-08:002024-02-24T14:54:54.384-08:00Maxime GORKI « Les vagabonds »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtsKn6RVCGTB0r8wNidtaL3Mz9r_axM8IoJvjnv4P7q1l3cWKotur4Tq1Ra0pZXAjNGrPzRTNqpltjOANusigiH6yYOX5u_Acywc1ZT2qj8gDQRpcto4iNbL6eiXlzd85f2ajEwhFZPeoQERwnnmcN5YJigrSPjxBkLiDAM5KXafl4G9tasbdH7hrujfrf/s680/MaximeGorki.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="472" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtsKn6RVCGTB0r8wNidtaL3Mz9r_axM8IoJvjnv4P7q1l3cWKotur4Tq1Ra0pZXAjNGrPzRTNqpltjOANusigiH6yYOX5u_Acywc1ZT2qj8gDQRpcto4iNbL6eiXlzd85f2ajEwhFZPeoQERwnnmcN5YJigrSPjxBkLiDAM5KXafl4G9tasbdH7hrujfrf/s320/MaximeGorki.jpg" width="222" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">S’agissant
de littérature russe, il est parfois peu aisé d’être en mesure de dater des
écrits et de surcroît dresser une bibliographie à peu près correcte d’un auteur
pourtant célèbre. C’est le cas pour GORKI : la liste de ses nouvelles
semble un vrai casse-tête à dénicher (si vous la possédez, faites
signe !), quant aux dates de rédaction, n’en parlons pas. Ces quatre
longues nouvelles pourraient bien avoir été écrites au début du XXe siècle
(mais ce pourrait être aussi à la fin du XIXe), et un thème principal les
relie, une figure : le vagabond.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Malva »
met en scène un fils qui n’a pas revu son père depuis cinq ans. Il va lui
rendre visite en compagnie de sa maîtresse tandis qu’un vagabond surgit et
qu’un triangle amoureux se forme. Misère des petites gens russes sur fond de
romantisme très XIXe siècle, cette nouvelle d’aspect classique use des images
caractéristiques de la romance. C’est pour mieux laisser à la place à
« Konovalov », une nouvelle exemplaire et fascinante. Dès le début on
sait que le personnage central est retrouvé pendu. C’est un de ses amis qui
dresse le parcours de cet homme à qui il a lu de si nombreux extraits de romans
à voix haute. Konovalov, cet ivrogne errant curieux de tout, qui va faire
basculer la vie du narrateur. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">En
lui commençait à parler l’instinct du nomade, son éternel désir de liberté sur
lequel on empiétait</i> ». Nouvelle exemplaire et émouvante sur l’amitié
et le refus de parvenir, sur l’honnêteté, le sens de la vie, elle est très
impressionnante par sa force, sa puissance. Elle nous fait subitement
comprendre pourquoi plus tard Panaït ISTRATI fut désigné comme « Gorki des
Balkans ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ivrogne
l’est aussi chez « Tchelkache », héros de la troisième nouvelle.
Voleur également. Au gré des interrogations et rencontres de son personnage,
GORKI compose une nouvelle interrogeant la valeur du travail et le rôle de
l’argent dans la société, du matérialisme. Nouvelle puissante qui brandit à
bout de bras le mot « Liberté ». La dernière nouvelle, « Mon compagnon »,
la plus brève, est en partie maritime et se dessine en dialogue entre un ancien
prince et un sans-le-sou, qui finissent par sympathiser malgré une certaine
hostilité au départ du récit. Cette nouvelle est un hommage appuyé à
l’entraide, à l’humanisme, à l’altruisme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
trois premières de ces quatre nouvelles pourraient aujourd’hui être rangées
dans la catégorie « novellas » tant elles sont riches et amples,
longues aussi. Elles mettent en scène plus que de simples vagabonds paumés,
mais bien de véritables révoltés porteurs d’un idéal de vie utopiste et
débarrassé de tout superflu. C’est peut-être ce qu’il faut lire de Gorki en
priorité pour bien comprendre ce qu’il fut dans sa jeunesse, ces nouvelles
étant en partie autobiographiques. Le problème est que, bien qu’ayant été
abondamment rééditées en France dans la première partie du XXe siècle, elles le
furent pour la dernière fois, si mes informations son correctes, en 1991,
autant dire un bail. Je vous invite à les chiner, ainsi vous serez au cœur de
la raison qui a amené GORKI à écrire, à devenir le porte-parole des sans-voix.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
traduction est signée Ivan STRANNIK. J’ai personnellement lu ce recueil dans
une vieille édition de 1966. La même année et chez le même éditeur, parut un
autre recueil de nouvelles, « En prison ». Il reprend la figure du
vagabond, mais se fait bien plus varié quant à la palette des sujets traités
par GORKI. Onze nouvelles plutôt courtes y sont proposées. Si vous avez
l’occasion, arrêtez-vous sur la dernière nouvelle, « Par une nuit de
tempête », où des personnages créés puis tués par GORKI dans ses fictions,
viennent demander des comptes à l’auteur alors en pleine crise. Nouvelle d’une
force monumentale.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-29436827309318030482024-02-18T14:00:00.000-08:002024-02-18T14:00:00.401-08:00Fernando PESSOA « Le marin »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6p1k-SEmBYb8nQumo5-g6Fn8WMdly0dadvTIkA-ZSP4NPHVleeeJUJn72qwTRrNAuvJKr2Ea6GKyqvzepIgmAz0RHRS8Zsh-P74BbtldSkyJQzjTyhjtevYTMEqhjxAMd5vHqqxX6ycVKMIZdEq6cxIenL1bUPZSxbPleNsUAFYKj2fxV8G3g2fRps1QL/s310/FernandoPessoa.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="310" data-original-width="195" height="358" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6p1k-SEmBYb8nQumo5-g6Fn8WMdly0dadvTIkA-ZSP4NPHVleeeJUJn72qwTRrNAuvJKr2Ea6GKyqvzepIgmAz0RHRS8Zsh-P74BbtldSkyJQzjTyhjtevYTMEqhjxAMd5vHqqxX6ycVKMIZdEq6cxIenL1bUPZSxbPleNsUAFYKj2fxV8G3g2fRps1QL/w225-h358/FernandoPessoa.jpg" width="225" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">PESSOA
a lui-même sous-titré cette très brève pièce de théâtre « Drame statique
en un tableau ». En bref : ne venez pas vous perdre ici si vous
souhaitez de l’action. « Le marin » présente trois veilleuses dans la
pièce ronde d’un château au bord de la mer, en son centre un cercueil. Les
veilleuses sont assises et échangent. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Parlons, si vous voulez, d’un passé que nous n’aurions pas eu</i> ».
Et tout PESSOA est là. Réflexions métaphysiques à la lisière de l’absurde dans
un temps suspendu (le décor ne comporte d’ailleurs aucune horloge).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Le
marin » est un voyage immobile, l’un de ces voyages chers à PESSOA. L’une
des veilleuses préfère le nommer « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aventure
intérieure</i> » tandis qu’elles discutent de leur enfance, surtout de
celle qui n’eut pas lieu. Et cette scène saugrenue, où les trois femmes parlent
tant et plus pour dire qu’elles devraient se taire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il fait toujours loin dans mon âme</i> »,
nouvelle évocation du voyage immobile, où l’âme quitte le corps. La deuxième
veilleuse évoque alors un rêve dans lequel elle a vu un marin, les deux autres
l’encouragent à persévérer dans son récit alors que le jour va bientôt se lever.
En quelques dizaines de pages seulement, PESSOA enchante et bouleverse.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
texte vide, sans aucun mouvement, dans lequel rien ne se passe. Et pourtant le
génie de PESSOA, pour habiller ce « rien », en faire un poème épique
théâtral et polyphonique. Il fut rédigé les 11 et 12 octobre 1913 (reprit d’un
manuscrit antérieur serait plus juste), six mois avant « l’illumination »
du « Gardeur de troupeaux » (durant laquelle PESSOA raconte avoir
quitté son corps et composé frénétiquement, debout pendant des heures, sans
aucun contrôle, son recueil). « Le marin parut tout d’abord dans la revue
Orpheu en 1915. Nous devons la présente traduction à Bernard SESÉ, la préface
très éclairante étant signée Augusto SEABRA. Il n’est pas aisé d’avoir accès au
théâtre de PESSOA, écrasé par ses poèmes ou « Le livre de
l’intranquillité ». Pourtant, il est égal au reste de l’œuvre, il est à
découvrir. Ici ce sont les éditions José Corti qui sont à la manœuvre, dans une
publication bilingue de toute beauté, réédition de 2007.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.jose-corti.fr/">https://www.jose-corti.fr/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-25231532851990202222024-02-14T14:00:00.000-08:002024-02-14T14:00:02.583-08:00Svetlana PETRIÏTCHOUK « Finist, le clair faucon »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgawGGnFbmrzU8h_9n6Qy8k3i_8SHG7kAl-LCbov1_KRUQ6NMcW1ekNnSoeki7mfNTxm0qxRNQnT4lT8HC6rIf8w2wlmNWewwKxqsgXOOfB3T-0R4Q-3yJGS_LWKuh3rGT1BtQeHcTTacHedco3EwL2PUPJOc9CqweQJ1NPVNZeGO41f4ZrmiAlFM1jo0ga/s488/SvetlanaPetri%C3%AFtchoukPNG.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="488" data-original-width="316" height="335" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgawGGnFbmrzU8h_9n6Qy8k3i_8SHG7kAl-LCbov1_KRUQ6NMcW1ekNnSoeki7mfNTxm0qxRNQnT4lT8HC6rIf8w2wlmNWewwKxqsgXOOfB3T-0R4Q-3yJGS_LWKuh3rGT1BtQeHcTTacHedco3EwL2PUPJOc9CqweQJ1NPVNZeGO41f4ZrmiAlFM1jo0ga/w216-h335/SvetlanaPetri%C3%AFtchoukPNG.PNG" width="216" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pour
cette brève pièce de théâtre de 2018, l’autrice russe Svetlana PETRIÏTCHOUK a
collecté sur Internet des témoignages de femmes russes ayant rejoint le djihad
islamique. Ce sont celles qu’elle nomme les Mariouchkas, en référence à un
conte russe, conte que parallèlement elle adapte ici pour les besoins de son
propos.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ces
femmes anonymes cherchent en priorité la sécurité qu’elles ne ressentent pas en
Russie, ainsi que le grand Amour. C’est par le biais des réseaux sociaux
qu’elles entrent en communication avec des hommes. Mais ils sont liés à Daech,
et leur font miroiter un avenir radieux. Une fois embrigadées, ces femmes sont
fières de porter le hidjab et de participer à une refonte de la société. Ce qu’elles
ignorent, c’est qu’elles ont quitté un monde ultra-patriarcal pour un autre
tout aussi radical. Les modes de passages aux frontières jusqu’en Syrie sont
ici abordés par les témoins elles-mêmes</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
italiques, des tutoriels truffés d’humour pour devenir une bonne pratiquante,
une vraie femme au foyer, soumise et obéissante aux traditions ancestrales.
Nous suivons ces femmes sans identité dans leurs pérégrinations, leurs
errances, comme dans leurs procès suite à leur capture par les autorités
russes. Retour au pays. Saint Augustin s’invite au tribunal.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
livre est en quelque sorte découpé en trois parties. La première, qui est
presque une introduction à l’action, en est la préface, magistrale, signée
Elena GORDIENKO. La deuxième est la pièce de théâtre proprement dite, la
troisième, dite « annexes », représentant des compléments de la
compagnie théâtrale Soso Daughters « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">basée
sur la transcription de la représentation captée le 31 janvier 2021 à Moscou</i> »,
et issu là encore d’un travail de recherches de témoignages sur la Toile, et
qui réserve quelques surprises.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
préface est une mine d’informations. Entre autres, elle nous apprend les faits
suivants : suite à la pièce « Finist, le clair faucon »,
l’autrice Svetlana PETRIÏTCHOUK ainsi que la metteuse en scène Jénia
BERKOVITCH, furent arrêtées puis incarcérées à Moscou en mai 2023 pour apologie
du terrorisme par le régime de Vladimir POUTINE, après avoir pourtant reçu un
prix prestigieux, Le Masque d’Or, pour les meilleurs costumes et… le meilleur
travail dramaturgique ! À ce jour les deux femmes se trouvent toujours en
détention provisoire. Je vous joins un article récent de l’affaire paru dans la
presse, et signée de la préfacière du présent volume :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://desk-russie.eu/2024/02/10/des-femmes-prises-au-piege.html">https://desk-russie.eu/2024/02/10/des-femmes-prises-au-piege.html</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
outre, on peut lire la note suivante dans la même préface : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est la première fois, en Russie
post-soviétique, que des artistes de théâtre sont mis en cause dans une affaire
pénale pour leur œuvre elle-même, et non pas sous d’autres prétextes</i> »,
c’est dire la gravité des faits. Svetlana PETRIÏTCHOUK est issue du théâtre
moscovite Teatr.doc connu pour son engagement au sein de la vie culturelle
russe. Cette pièce lucide et politique est à lire, d’autant qu’elle pourrait
avoir des conséquences inattendues, et qu’un soutien à de telles artistes
s’avère nécessaire contre la Russie actuelle et contre l’injustice en vue de leur libération.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
précieux témoignage vient enfin d’être publié aux éditions L’espace d’un
Instant en ce début d’année 2024. Terrifiant et édifiant. Des suites
dramatiques sont à craindre, il est urgent de se mobiliser, la sévérité déjà
reconnue du régime est encore à redouter. Cette pièce (et ses conséquences)
serait peut-être passée sous mes radars si L’espace d’un Instant ne s’était pas
dressé sur mon passage. Merci encore. Et toujours. J’allais oublier : la
pièce est traduite par Antoine NICOLLE et Alexis VADROT, qui nous ont permis de
découvrir cette oeuvre forte.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://parlatges.org/boutique/">https://parlatges.org/boutique/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-17571443040193909722024-02-11T14:00:00.000-08:002024-02-11T14:00:00.129-08:00Joël VERNET « journal d’un contemplateur »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhV29y6U6YgAAfbR23YWFv5w-A_5k6LuWAKMymOXU4bcs-ikHftbdC7ByNntJV997smN1AIlplhTCPczTXpPaTQbZmcHo8dLZzqP3fw6NlP9Sh55Ax-RgofbuTUO4N7m-nIHui-NiwTkbDzNDIqPLPrapLPqHEUEnt9iqhkNG4IfhIW3WUXHlr-FNyYOP2R/s1000/JoelVernet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="662" height="336" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhV29y6U6YgAAfbR23YWFv5w-A_5k6LuWAKMymOXU4bcs-ikHftbdC7ByNntJV997smN1AIlplhTCPczTXpPaTQbZmcHo8dLZzqP3fw6NlP9Sh55Ax-RgofbuTUO4N7m-nIHui-NiwTkbDzNDIqPLPrapLPqHEUEnt9iqhkNG4IfhIW3WUXHlr-FNyYOP2R/w222-h336/JoelVernet.jpg" width="222" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Fort
de plus de 50 livres, Joël VERNET est une plume qui compte dans la poésie
française contemporaine. Arpenteur infatigable des terres du monde entier, il
n’a cassé d’écrire. Ce nouveau texte frappe par son style. De la poésie en
prose qui largue les amarres pour une déambulation sensorielle. Cette lecture
attise tous les sens, peut-être parce qu’elle tourne le dos à la cité, côtoie
le monde rural.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Joël
VERNET marche inlassablement, use les chemins, crée des ornières de réflexion,
avive la force de la nostalgie, qu’il ne faut pas voir comme une fatalité ni
une tare. L’auteur se fait complice avec un tilleul, se remémore son enfance
silencieuse quelque part dans une montagne auvergnate, observant et écoutant la
nature. Car c’est bien elle qui l’a sculpté, c’est grâce à elle qu’il a su
« tenir ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
texte est une ode aux arbres, aux ruisseaux, aux rivières, aux animaux
sauvages. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Souvent, je revis dans
les yeux des bêtes quand je lis ma silhouette simplement de passage sur leurs
pupilles ouvertes. Quand je pénètre dans les sous-bois, protégé par les
feuillages, qu’une faible lumière tombe des faîtes sur les lichens, sur les
mousses, sur mon pas, qu’un bas murmure m’indique qu’ici la vie est loyale,
sereine, simple. Parfois on ne voudrait plus jamais sortir de la forêt. Y
demeurer, y vivre, être dans la belle respiration de chaque instant</i> ».
Car VERNET abandonne le monde, ponctuellement, pour rejoindre le sauvage.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Larguer
les amarres, de manière plus prosaïque, c’est aussi aller tester les sensations,
les émotions en mer, cette envie, ce besoin d’une île. Loin de tout, de l’homme
et de ses croyances. Car Joël VERNET a depuis longtemps laissé Dieu de côté, comprenant
l’engouement mais ne le partageant pas. C’est alors que les souvenirs du poète
se réactivent en tous sens, évocations des nombreux vagabondages sur plusieurs
continents. Car VERNET a voyagé, beaucoup, souvent et (presque) partout.
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui vit ainsi dans un jardin s’est
retiré des mornes combats, se vouant tout entier à la lumière profonde de
chaque instant. Cette solitude est la sienne, bien plus proche d’une grâce que
d’un renoncement</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Images
qui détonnent : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les morts
sont les oiseaux de l’avenir</i> », tandis que l’auteur tisse le portrait
d’une vieille dame qui n’est pas sans rappeler « La » Jeanne de
Georges BRASSENS. Les vieilles dames, c’est le souvenir du patois, d’une
langue, d’une culture, aujourd’hui disparue. Le souvenir c’est aussi celui des
ancêtres, qu’ils ont transmis, le Mont-Mouchet, haut lieu de la Résistance
française, où ils furent actifs. Et le poète marche, toujours. Sauf quand il
lit : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’ai noyé mes yeux dans
la lecture. La lecture fut mon activité numéro un. Les fous de travail vous
diront que c’est un passe-temps de paresseux. Je fus donc ce paresseux et
continue de l’être</i> ». Dernières images : un cimetière des îles
Solovki où se dessine la silhouette de la Mère. Grand texte où chaque phrase,
chaque vision est une rencontre, comme un don. Paru en 2023 aux éditions Fata
Morgana, il met en éveil tant de sensations qu’il serait difficile de les
résumer ici.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="http://www.fatamorgana.fr/"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">http://www.fatamorgana.fr/</span></a></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span><o:p></o:p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-50669800830666532802024-02-04T14:00:00.000-08:002024-02-04T14:00:00.136-08:00Annie ERNAUX « La honte »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEierp8lz1ctgY1HEeKMEYKGhQ8uKhdfDtrvXkic8Cjco3fSSEY-wdgJc3HJ54Y1gy4iezZFbvrjkg4i2efTwTOOi5VGjN4FlzNEUb1HplMLuD6EyuexPha8joFtKQFGqIKt7Dads3G9x3VwaOFdc5L9-ROEoTEC0D7Bt6Mg8ZZu1aNQtFdL9DvtrFYOYSMV/s2172/AnnieErnaux.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2172" data-original-width="1395" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEierp8lz1ctgY1HEeKMEYKGhQ8uKhdfDtrvXkic8Cjco3fSSEY-wdgJc3HJ54Y1gy4iezZFbvrjkg4i2efTwTOOi5VGjN4FlzNEUb1HplMLuD6EyuexPha8joFtKQFGqIKt7Dads3G9x3VwaOFdc5L9-ROEoTEC0D7Bt6Mg8ZZu1aNQtFdL9DvtrFYOYSMV/s320/AnnieErnaux.jpg" width="206" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">1952,
Normandie. Annie ERNAUX a 12 ans lorsque son père agresse sa mère sous le toit
familial, sans aucun témoin extérieur. En 1996 c’est la première fois que
l’autrice confie cette scène de ses souvenirs, hantant sa mémoire. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il me semble avoir attendu pendant des mois,
peut-être des années, le retour de la scène, certaine qu’elle se reproduirait</i> ».
À partir de ce fait divers, elle déroule son texte, hybride, comme un
instantané de cette année-là (que Claude FRANÇOIS a chanté, mais pour 1962).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
silence assourdissant a suivi la violence du père. La mère, chrétienne,
a-t-elle pardonné malgré son esprit autoritaire et dominant ? Et l’Affaire
Dominici qui fait son apparition dans les pages, pourquoi ? Car rien n’est
gratuit ni anodin dans un texte de l’autrice. L’adulte Annie ERNAUX épluche les
journaux de ses 12 ans, ceux de Paris-Normandie de 1952, pour retrouver des
repères, des saveurs, parcourir comme à nouveau en direct les sensations, les
odeurs et les bruits de cette année. Dans son style froid, expéditif, reconnaissable
dans son extrême distanciation des faits, ERNAUX se remémore son enseignement
catholique, autoritaire lui aussi, dans une école privée. Elle n’a alors aucun
ami, gravite entre famille et établissement scolaire, en somme entre religion
et religion.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
souvenir, entre parenthèses, comme un élément qui surgit presque
accidentellement de la mémoire : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je ne peux empêcher qu’en 1952 je croyais vivre en état de péché mortel
depuis ma première communion, parce que j’avais, du bout de la langue, délité
l’hostie qui s’était collée au palais, avant de parvenir à l’avaler. J’étais
sûre d’avoir détruit et profané ce qui était alors pour moi le corps de Dieu.
La religion était la forme de mon existence. Croire et l’obligation de croire
ne se distinguaient pas</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
père, effacé, pas assez croyant, écrasé par l’image toute puissante de la mère.
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dépourvu des signes d’une
véritable religion, donc du désir de </i>s’élever<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, mon père ne fait pas la loi </i>». Et à côté, la découverte de
la vie pour la fille Annie, le combat pour aller voir, aller imaginer un peu
plus loin que les quatre murs de l’antre familial, eux qui renferme encore
l’agression du père.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">ERNAUX
déploie son texte, comme toujours il démarre de manière intimiste et presque
égoïste, pour aller rejoindre le global, l’histoire nationale comme
internationale. Et cette honte qui ne cesse de s’inviter dans les
pensées : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le pire dans la
honte, c’est qu’on croit être seul à la ressentir</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
roman aurait pu s’appeler « Été 52 » mais il eut sonné trop
« Durassien ». Il est une pierre imposante de l’œuvre de Annie
ERNAUX, il est typique du style, du scénario de l’autrice, bref, percutant,
avançant des images qui laissent un goût au palais. Car ce que ERNAUX raconte,
c’est aussi un monde enfoui, enseveli, qui n’existera plus, et par ses mots
elle parvient pourtant à nous y replonger l’espace d’une scène, forte, par ses
décors ou ses portraits, ses photographies racontées. Elle nous fait revivre
l’instant. Dans ses moindres détails, activant tous les sens. « La
honte » est un réel pilier de l’œuvre de l’autrice, il est à lire
lentement pour bien y enregistrer les moments gravés.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span></p><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-7268975812502450462024-01-31T14:00:00.000-08:002024-01-31T14:00:00.135-08:00Malcolm MENZIES « Makhno, une épopée »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6V0cPjAwAJBJ7GncxGjn9_mcmyOijTcSOacLkN0eqU4GW40byknkkJ-RXP_ohIrYdJei3gX64SLrTAcXWIrF3AR7PVeDRxGp-MT5vgkA6dabaQbt3tevK4V-I8QaEUhtmzSND7oxTSV-sfBUcsoMWRb1ahPaWzcSbhR4Q3ryHrJONnMydJn0Hjtaq223l/s272/MalcolmMenzies.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="185" height="338" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6V0cPjAwAJBJ7GncxGjn9_mcmyOijTcSOacLkN0eqU4GW40byknkkJ-RXP_ohIrYdJei3gX64SLrTAcXWIrF3AR7PVeDRxGp-MT5vgkA6dabaQbt3tevK4V-I8QaEUhtmzSND7oxTSV-sfBUcsoMWRb1ahPaWzcSbhR4Q3ryHrJONnMydJn0Hjtaq223l/w230-h338/MalcolmMenzies.jpg" width="230" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
biographies sur le paysan révolutionnaire ukrainien Nestor MAKHNO sont peu
nombreuses, et s’éloignent parfois volontiers de la réalité pour proposer un
super héros résistant qui a quasiment fait plier l’armée rouge des soviets peu
après leur prise de pouvoir en octobre 1917. L’anarchiste MAKHNO est souvent
dépeint comme un homme sans failles, de manière caricaturale et exagérée dans
ses qualités. Cette présente biographie de Malcolm MENZIES remet les pendules à
l’heure.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Biographie
de 1972 (ici rééditée), la première du révolutionnaire, elle revient
abondamment sur les événements politiques du début du XXe siècle en Russie,
ranimant le contexte politico-social qui précède la révolution de 1917.
Parallèlement l’auteur place Nestor MAKHNO dans cet environnement. Anarchiste
dès 1906 (il a alors 18 ans), il connaît pour la première fois la prison
l’année suivante, est même condamné à mort, mais comme il est mineur, sa peine
est commuée en travaux forcés à perpétuité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Durant
ses détentions, MAKHNO « visite » souvent le cachot pour
insubordination. Il fait de longs séjours à l’hôpital en raison de sa santé
devenue défaillante, touchée par une tuberculose pulmonaire. Il cogite et
prépare une revanche, non seulement celle d’un homme, mais celle d’un peuple.
La première révolution de 1917, celle de février, aboutit à une amnistie
générale des condamnés politiques dont fait partie MAKHNO. Le voilà libre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il languit six années entières à la prison
de Boutyrka. Le peu de culture générale ou d’éducation politique qu’il posséda
jamais, il devait l’acquérir là. Une prison politique, à cette époque, c’était
aussi l’université. C’est là que les jeunes révolutionnaires apprenaient le
b.a.-ba de leur idéologie politique des lèvres d’hommes mûris par plusieurs
dizaines d’années d’activité subversive</i> ». Car paradoxalement, dans
cette biographie très documentée, ce sont bien les faiblesses de MAKHNO, son
manque d’instruction, de discernement, son instinct bestial, sa violence qui
nous le rendent plus humain, loin de l’image d’être indestructible fait d’un
bloc.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Juste
après sa libération en 1917, MAKHNO prend la tête d’une organisation
ukrainienne paysanne et révolutionnaire, c’est là qu’il va écrire sa légende,
alors que la Russie est dans son ensemble touchée par la famine et a besoin de
la région d’Ukraine pour survivre. L’auteur revient avec force détails sur les
évènements immédiats de l’après octobre. Son travail minutieux permet de suivre
l’évolution du régime, mais aussi celle de l’armée Makhnoviste, de sa brève
alliance avec LÉNINE, du traité de Brest-Litovsk de 1918, de l’Allemagne qui
prend en partie possession de l’Ukraine, alors jeune République autonome. La
maison de la mère de MAKHNO est brûlée, l’un de ses frères tué, l’autre jeté en
prison.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">De
cette période, de nombreuses légendes planent sur Nestor MAKHNO, Malcolm
MENZIES s’applique à les détricoter, tandis que la Makhnovchtchina, l’armée
insurrectionnelle ukrainienne dirigée par MAKHNO, s’adonne à de véritables
massacres. Tout s’emballe, la simple évocation du nom de Nestor MAKHNO inspire
la terreur. VOLINE, le célèbre révolutionnaire, rejoint cette armée, il
témoigne des horreurs, les dépeint.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
1921, l’aventure se termine, la Makhnovchtchina est vaincu. Sur les accusations
d’antisémitisme sur la personne de MAKHNO, là aussi Malcolm MENZIES répond,
aussi brièvement que clairement : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’armée makhnoviste, presque entièrement paysanne dans son recrutement,
n’était évidemment pas exempte du sentiment antisémite virulent qui s’était
emparé de l’Ukraine. Makhno, personnellement, condamnait toute discrimination.
Il publia des ordres interdisant formellement les pogroms, et les sanctions
punissant les manifestations d’antisémitisme étaient promptes et rigoureuses.
Un commandement de détachement fut fusillé sans jugement en raison d’un raid
accompli sur une colonie juive. Un soldat eut droit au même sort pour avoir
déployé un calicot portant : ‘Mort aux juifs, sauvons la Révolution, vive
le batko Makhno’</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Défait,
renié, MAKHNO quitte la Russie. Il erre dans divers pays avant de rejoindre la
France en 1925, où le mouvement anarchiste est en crise, comme partout en
Europe. Indirectement, MAKHNO en fera les frais. Abandonné autant pour son
alliance passée (quoique très brève) avec les bolcheviques que pour son
attitude jugée hautaine et son comportement solitaire, mais aussi mis de côté
simplement pour être russe, comme le furent de nombreux exilés à cette période.
Malgré les manifestations et cagnottes de soutien, il meurt dans la misère,
épuisé, en 1934. Il n’a que 45 ans. Il reste les actes, ceux d’un
révolutionnaire anarchiste déterminé et de son armée paysanne qui a marqué
l’Histoire du XXe siècle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
documentaire est une mine d’informations, que ce soit sur Nestor MAKHNO, sur l’Histoire
politique de la Russie de l’avant révolution de 1917, sa mise en place et ses
balbutiements, mais aussi sur les relations internationales et les accords de
principe. Au-delà de la biographie d’un être, c’est bien un instantané sur
l’Europe de l’est des deux premières décennies du XXe siècle. Quant à la
biographie en elle-même, elle est clairvoyante car défanatisée, lucide car
impartiale, prenant un recul nécessaire et salvateur. Elle ne glorifie ni ne
condamne MAKHNO, ne sous-estime pas son action révolutionnaire, mais ne la rend
pas héroïque. La figure de MAKHNO a permis tous les abus, les écrits pros ou
anti se réfugiant dans une sorte de caricature du portrait, du super héros au
super pourri buvant du sang juif. La vérité est tout autre, et Malcolm MENZIES
l’expose brillamment. S’il n’y a qu’un témoignage à retenir sur Nestor MAKHNO,
c’est sans doute celui-ci. Il fut enfin traduit (par Michel CHRESTIEN) et
réédité dans une version revue et corrigée en 2017 dans la majestueuse
collection Lampe-Tempête des éditions L’échappée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.lechappee.org/collections/lampe-tempete">https://www.lechappee.org/collections/lampe-tempete</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-3723044339115043492024-01-28T14:00:00.000-08:002024-01-28T14:00:00.156-08:00Nikos KAZANTZAKI « Le jardin des rochers »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNY79XYUY4VTBbmA8f84APDublE3KZ1nJ0twtbXlHKG7jq7lQmcK_b5Z9ssi-zVTmNvbu_xEmX2xLDWza-bpPEXnQHurefi21CEdJpJeDUDdZFBU2PYtEIlkGKSsz1RydIvxqr3zUdbGmCp7_CJ9CBMxLwvTII0lRBUeb219i-h4UiucxIsmRjkYbi-5Dd/s277/NikosKazantzaki.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="277" data-original-width="182" height="337" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNY79XYUY4VTBbmA8f84APDublE3KZ1nJ0twtbXlHKG7jq7lQmcK_b5Z9ssi-zVTmNvbu_xEmX2xLDWza-bpPEXnQHurefi21CEdJpJeDUDdZFBU2PYtEIlkGKSsz1RydIvxqr3zUdbGmCp7_CJ9CBMxLwvTII0lRBUeb219i-h4UiucxIsmRjkYbi-5Dd/w221-h337/NikosKazantzaki.png" width="221" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Des
Livres Rances a dû tricher en ce mois de défi du challenge « Les
classiques c’est fantastique » organisé depuis quelques années par les
blogs <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/">Au milieu des livres</a>
et <a href="https://pagesversicolores.wordpress.com/">Mes pages versicolores</a>
de Moka et Fanny. Le thème du mois est en effet « Aux portes de
l’Asie ». J’ai honte d’annoncer que suis totalement incompétent sur le
sujet, je crois même pouvoir avouer que je n’ai quasiment jamais lu de
littérature asiatique malgré mon âge avancé. Il m’a donc fallu user d’un
subterfuge, certes usé jusqu’à la corde, pour faire au moins acte de présence
ce mois-ci : présenter le livre d’un voyage en Asie, écrit par un auteur
qui m‘est moins inconnu que le thème proposé : Nikos KAZANTZAKI et
« Le jardin des rochers », choix presque malhonnête puisque, d’Asie,
il n’en sera somme toute pas vraiment question.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Le
jardin des rochers » fut écrit en 1936, directement en français par le
grec Nikos KAZANTZAKI (vous remarquerez ici un style neutre voire froid genre
ChatGPT). Le personnage que nous allons suivre est le narrateur, KAZANTZAKI
lui-même. En effet, à une période où il suffoquait et avait besoin d’air, il
décida d’aller se ressourcer en Asie. Il témoigne dans ce livre des sensations
qu’il a pu éprouver tout au long de son séjour.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
choix de l’Asie n’est pas anodin. Nous savons que KAZANTZAKI fut très marqué
par plusieurs figures historiques : JÉSUS, LÉNINE, NIETZSCHE et…
BOUDDHA ! C’est en quelque sorte pour mieux connaître ce dernier qu’il
s’engage dans ce voyage, plutôt ce pèlerinage, car il est en quête de BOUDDHA,
de cet absolu.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Durant
la traversée en bateau, KAZANTZAKI rencontre l’énigmatique Joshiro, femme qui
va plusieurs fois réapparaître dans le récit. Mais ce livre est pour l’auteur
prétexte à une longue introspection métaphysique quasi mystique : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous venons d’un abîme noir ; nous
aboutissons à un abîme noir. L’espace entre ces deux abîmes, nous l’appelons la
Vie. Aussitôt, avec la naissance, commence la mort ; en même temps le
départ et le retour. À chaque instant nous mourons</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">C’est
dans une volonté de foi éperdue que KAZANTZAKI aborde l’Asie, par le Japon. Ce
qu’il nomme son « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">aventure
intellectuelle</i> » passe bien sûr par des temples, dans une recherche
effrénée de la Connaissance. Il se lie avec des autochtones, dont celui-ci, qui
lui raconte que le mont Fuji est le cœur du Japon, une divinité. La pensée d’un
moine aura sans doute plus tard influencé le titre du volume : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nos anciens artistes composaient des jardins
comme on compose un poème. Travail difficile, complexe, très délicat. Chaque
jardin doit avoir son propre sens à lui et suggérer une grande idée
abstraite : la béatitude, l’innocence, la solitude ; ou bien la
volupté, la fierté et la grandeur. Et ce sens doit correspondre non pas à l’âme
du propriétaire, mais à l’âme vaste de ses aïeux ou mieux encore de toute sa
race</i> ». Introspections poussées au paroxysme, « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je ne suis qu’un pont provisoire ;
quelqu’un passe au-dessus de moi et, aussitôt, je m’effondre derrière lui</i> ».
Les allégories sont fortes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">KAZANTZAKI
rejoint ensuite la Chine par Shanghai, qui le surprend, « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cité sublime et maudite</i> », ville du
lucre, de la débauche. Il découvre en Chine la grande rivalité entre ce pays et
le Japon, avant qu’on lui conte l’épisode d’une guenon triste à mourir.
Rencontre avec Siu-Ian, une femme, parmi d’autres étapes initiatiques alors que
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La nuit s’en allait les mains
vides</i> ». Est saisi par les petits pieds des geishas. Derrière les
portraits féminins se dresse celui de Li-Teh, personnage présent tout le long
du récit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
habitants parlent : l’interconnexion entre la Chine et le Japon serait souhaitable
pour sauver le monde dégénéré, le tout débité sur fond d’opium, la drogue reine.
Puis vient cet extrait, bref et intense : l’auteur échange avec un chinois
miséreux sur la justice et la vengeance. Li-teh prend la parole, qu’il a
caustique : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Votre cœur en
apparence si tendre est sec et cruel, comme le cœur de tous les artistes. Vous
ne pensez pas à la souffrance de l’homme ; mais à l’expression de son
visage et aux intonations de ses cris quand il souffre </i>». Impossible
de savoir si KAZANZAKI acquiesce ou non (ou pire, s’il se révolte) aux paroles
qu’il prête à ses protagonistes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
pierre angulaire de toute l’œuvre, et au-delà, de toute la vie de KAZANTZAKI,
est la Liberté. Ici aussi, en Asie, il la recherche, il la traque, en vain. Ce
voyage en forme de quête lui ouvre les yeux sur une autre culture, d’autres
modes de vie, de pensées. Il en ressort marqué. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je me sens exaspéré ; toutes ces voix austères cherchent à
imprimer un rythme étranger à ma nature qui ne s’exalte que dans la révolte.
Quel est le chemin de l’accomplissement de ma propre loi ? Déranger l’ordre,
briser l’étiquette, s’écarter de la voie des ancêtres. Vagabonder dans le
défendu, dans les régions fières et dangereuses de l’incertain. Recevoir sans
broncher, bien plus : comme une bénédiction, la malédiction du père et de
la mère. Avoir le courage d’être seul</i> ». Seul, il ne l’est pas
souvent, pas assez dans ce pèlerinage, ayant à peine le temps de se prosterner
sur les beautés de la Nature.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Le
jardin des rochers » n’est pas d’un accès aisé. Entre contemplation,
introspection, échanges métaphysiques et/ou philosophiques, il oblige à garder
les sens éveillés, d’autant que le choix d’écriture se porte vers une poésie
épique d’une puissance rare. Le format « roman » n’est bien sûr qu’un
prétexte à KAZANTZAKI pour avancer ses idées, ses espoirs, ses désillusions, le
reste n’est que décor. Il n’est pas précisément un récit de voyage vu le peu de
paysages que dévoile l’auteur, il n’est pas non plus un documentaire dans le
sens strict puisqu’il est fait de souvenirs personnels. Et bien sûr, vous
l’aurez compris, il ne peut être restreint au rang de roman. Les éditions
Cambourakis l’ont réédité en 2018, ainsi que presque toute l’œuvre de l’auteur,
travail toujours en cours il me semble.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.cambourakis.com/">https://www.cambourakis.com/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXJ4imae4a8oXB_wfuTPrd92cfvU1Y1IfDA37baFTOBhXIDLFpk2yteUWaJXJoBdnP9Xu1dByIwbRAnv55fuXoqSFXJYFE1al0yiPguSecfVfunVjqQx41-cKTqctyyCVeLZqaBs4gOh12FnlfnsYXUjTpz_s5OfXHubVhdZk-cvXlF2SRMr5FyzHJwyqO/s397/Classiques01.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="297" data-original-width="397" height="307" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXJ4imae4a8oXB_wfuTPrd92cfvU1Y1IfDA37baFTOBhXIDLFpk2yteUWaJXJoBdnP9Xu1dByIwbRAnv55fuXoqSFXJYFE1al0yiPguSecfVfunVjqQx41-cKTqctyyCVeLZqaBs4gOh12FnlfnsYXUjTpz_s5OfXHubVhdZk-cvXlF2SRMr5FyzHJwyqO/w411-h307/Classiques01.PNG" width="411" /></a></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-66600664752644721172024-01-24T14:00:00.000-08:002024-01-24T14:00:00.166-08:00Natalka VOROJBYT « Sacha, sors les poubelles & Le dépôt de grain »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgtNLrSZ6c8b87Xl3koFJORE4GHcIvkAXnmS_OW9O3TC9BZYCE8BdR2zZ405IyQni1mr2fgxxtk3-lfHxP4is6ZHGlQXyiIjcnn316fVAB3iaacf942zdF9f0uWDBtmeQ-TU5mnGGwEBWwW_qLu0DUa2q4R9xp8pCal13kOryRdxKQ2u8SwxpV1HKtaznA/s554/NatalkaVorojbyt.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="554" data-original-width="383" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgtNLrSZ6c8b87Xl3koFJORE4GHcIvkAXnmS_OW9O3TC9BZYCE8BdR2zZ405IyQni1mr2fgxxtk3-lfHxP4is6ZHGlQXyiIjcnn316fVAB3iaacf942zdF9f0uWDBtmeQ-TU5mnGGwEBWwW_qLu0DUa2q4R9xp8pCal13kOryRdxKQ2u8SwxpV1HKtaznA/s320/NatalkaVorojbyt.PNG" width="221" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Deux
pièces ukrainiennes sont rassemblées ici, deux petits bijoux de l’autrice
Natalka VOROJBYT, elle-même ukrainienne. La première tout d’abord, brève.
Oksana est une jeune femme prête à accoucher. Sa mère est à ses côtés, le mari
de cette dernière (et beau-père d’Oksana) est décédé. Pourtant un dialogue à
trois s’amorce, les deux femmes convoquant le défunt, par ailleurs ancien
officier ivrogne. Un an plus tard, sur sa tombe, les deux femmes reviennent lui
rendre visite, Okasna est à nouveau enceinte. Dans de brèves scénettes
fortement imprégnées de l’esprit de Nikolaï GOGOL (lui-même ukrainien), mais
avec une forte teinte politique, le texte finit par entrer en résonance avec
l’actualité (mais écrit en 2015, au lendemain des événements de Maïdan), se clôturant
en 2014 à Kyïv (Kiev). Ou comment passer de l’intimiste au global avec
pertinence.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">N’ayons
pas peur des mots, « Le dépôt de grain » est un petit chef d’œuvre.
De format bien plus long que la pièce précédente, celle-ci met en scène de
nombreux personnages. Pièce ambitieuse, elle a pour but de raconter en 100
pages l’Holodomor, la famine majeure survenue en 1933 en Ukraine sur
orchestration machiavélique du camarade STALINE. Après une scène en 1926,
l’histoire se déroule entre 1931 et 1933 en Ukraine. Début des kolkhozes de
masse, et débuts des désaccords entre les paysans, les pros et les anti,
tensions exacerbées par le sujet de la religion : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Au nom du pouvoir soviétique, sauvons le
peuple de l’oppression religieuse. Transformons les églises en dépôts de grain.
Donnons à l’État les cloches de cuivre. Recevons en échange les tracteurs et
autres équipements ! </i>».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Les
plus rétifs à la collectivisation vont le payer cher, très cher. Par des scènes
figuratives, l’autrice met en scène des paysans tiraillés, y compris au sein
des familles, entre la volonté de rester indépendants et crever à petit feu, ou
celle de rentrer dans le rang en se soumettant à l’ogre soviétique, sans aucun
gage de stabilité ni d’avenir. L’Holodomor est un événement majeur de
l’histoire soviétique, la plus grande exécution de masse ordonnée par STALINE
affamant toute une population. Dans cette pièce, Natalka VOROJBYT permet de
reconstituer les faits, les scènes. La propagande stalinienne est partout. Soucieuse
de coller au plus près aux outils de communication en vogue, elle s’installe
dans le cinéma.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Certaines
séquences sont dures, mais nécessaires pour bien rendre compte de la velléité
génocidaire. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et le chien n’a pas
aboyé. (Se souvenant) Ah, oui, nous l’avons mangé à l’automne</i> ». Tout
comme on a fini par manger le chaume des toits des habitations. « Le dépôt
de grain » est d’une grande force, n’oubliant pas les traits d’humour
pourtant difficiles à glisser devant un tel sujet. Natalka VOROJBYT construit
son texte de manière patiente, sans faux-semblants ni trémolos, peut-être pour
aller encore plus droit au cœur. Car le fond de cette pièce gifle, il réveille
une extermination trop longtemps cachée. Écrit en 2009 sur des événements de
1933, il fait écho (indirectement bien sûr) en partie à l’actualité et un
peuple ukrainien toujours pas reconnu comme tel par le pouvoir russe.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
livre est d’une grande pertinence et d’une profonde acuité. Les deux pièces
semblent comme antipodiques, et pourtant elles se rejoignent dans l’horreur, la
guerre, le balbutiement de l’Histoire. Elles sont deux petites pièces
d’orfèvrerie, chaque élément se trouvant au plus juste. Elles sont aussi une
manière originale de raconter l’Histoire ukrainienne par les ukrainiens
eux-mêmes. L’ouvrage, traduit de l’ukrainien par Iryna DMYTRYCHYN, vient de
sortir aux éditions L’espace d’un Instant, il est parfait pour découvrir le
catalogue de cette maison s’il vous est encore inconnu à ce jour. Une maison à
soutenir, à relayer, et ce livre prouve une fois de plus la grande qualité de
la ligne éditoriale. Une pièce de la même autrice, « Mauvaises
routes » était déjà parue au catalogue en 2022, je vous l’avais présentée
en son temps. Tiens, je n’ai même pas dit à quel point je trouve la couverture
magnifique, mais la place me manque.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://parlatges.org/boutique/">https://parlatges.org/boutique/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-56203903057500088822024-01-21T14:16:00.000-08:002024-03-02T03:37:29.867-08:00Jacques JOSSE « Postier posté »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv4HI_OiGFKm01_T2Ttl-reOKuVfSS_fb1j2E6l8jD9M82DMj_mxC9f5iSnqw-wqnOQcZWIkq5usY9w3ErQmbxHZofnUl0H7v6HKI18WBp9GcLE3DN_yr5AJTuyAsrVIbPzE29SRN-Ar_PJpvsSZRKoW9dO_XnY9NTtyBYy8kCJasMb3Xviv7zh4fP8K3M/s607/JacquesJosse.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="607" data-original-width="400" height="341" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv4HI_OiGFKm01_T2Ttl-reOKuVfSS_fb1j2E6l8jD9M82DMj_mxC9f5iSnqw-wqnOQcZWIkq5usY9w3ErQmbxHZofnUl0H7v6HKI18WBp9GcLE3DN_yr5AJTuyAsrVIbPzE29SRN-Ar_PJpvsSZRKoW9dO_XnY9NTtyBYy8kCJasMb3Xviv7zh4fP8K3M/w225-h341/JacquesJosse.jpg" width="225" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Chaque
année, le blog Book’ing propose un challenge original dont le thème change tous
les mois de janvier : inviter des blogueurs à participer durant l’année en
cours sur un vaste sujet afin d’en dresser une conséquente bibliographie. 2024
est « Lire sur les mondes ouvriers et le monde du travail ». Je vous
livre le lien explicatif :</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html">https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/01/2024-lire-sur-le-monde-ouvrier-les.html</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Il
se trouve que Des Livres Rances venait tout juste, fin 2023, de terminer un
tout petit bouquin qui coche toutes les cases du challenge en question, celui
de Jacques JOSSE « Postier posté ». Voici donc ma première participation
à ce challenge, d’autres titres en rapport avec les mondes ouvriers et le monde
du travail viendront rythmer l’année en cours.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Grande
plume de la poésie française, Jacques JOSSE a opté, pour ce bref texte, pour
l’abandon de ce format, privilégiant un récit plus « classique ». Au
fil de son œuvre, l’auteur se dévoile peu, n’apparaît pas souvent directement,
il dépeint plutôt ses aïeuls lorsqu’il décide de nous entretenir de sa famille.
Pour le reste, il se focalise sur les petites gens, les sans voix, les anonymes
qu’il croise sur son chemin. Ici, exceptionnellement il choisit un format en
partie autobiographique. En partie seulement, car même lorsque Jacques JOSSE
tente de parler de lui, sa pensée fuit immédiatement sur les à-côtés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
texte n’est pas précisément une nouveauté, il devait originellement paraître
dans la revue « Travers », mais cette dernière périclita et le texte
resta inédit. Si JOSSE retourne le projecteur sur lui, c’est pour évoquer une
partie précise de sa vie : son travail au sein du tri postal de Trappes
dans les Yvelines.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’espace-temps
est délaissé, Jacques JOSSE intègre la banlieue parisienne, venant de sa
Bretagne, et s’établit au septième étage d’une tour. Il trie environ deux mille
lettres par heure et, pour tenir, il lui faut quelques rasades de la poésie de
Franck VENAILLE notamment. Car le quotidien n’est guère brillant : gestes
répétitifs devenant douloureux, abrutissants, alors que se dressent de
nouvelles constructions dans une ville neuve de banlieue.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Jacques
JOSSE est un poète avant tout. Alors il scrute autour de lui, il observe et
traduit en de courtes séquences du quotidien. Dans ce texte, tout est
mouvement, tout est bruit, le repos est difficile. Viennent les nouvelles
technologies avec ces nouvelles machines, monstres de rapidité destinés à
remplacer l’homme. Un monde s’évapore, laissant place à l’avenir.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Car
il est bien question de basculement irrémédiable dans ce texte sensible, la
modernité vient s’imposer, laissant le travail à la chaîne derrière elle, du
moins le transformant. JOSSE prend du recul, écume les bars, écoute, regarde.
Et bien plus tard, se repenche : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce qui reste, des décennies plus tard, de ces années vécues à cent à
l’heure, avec accrochée au corps une fatigue qui pèse peu comparée à celle,
vicieuse, qu’on ne voyait pas venir mais qui usait en secret, à petit feu, en
partie à cause des horaires décalés, la mécanique des nerfs, ce sont les luttes
incessantes, les braseros devant la grille d’entrée, les piquets de grève
salvateurs, les coups de gueule, les coups de poing </i>».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Homme
de poésie, JOSSE se remémore des vers, des extraits de poèmes traitant du monde
des postiers, leur rend hommage, les cite, les partage. « Postier
posté » est un petit texte intimiste, le témoignage d’une époque révolue.
Il est accompagné par les pastels à l’huile de Georges LE BAYOU et a été publié
en 2023 aux éditions bretonnes La Folle Avoine. En « bonus », une
enveloppe arrimée à la couverture et renfermant une lettre de Jules MOUGIN,
datée de l’année 2000 et destinée à l’auteur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Mon
petit doigt me dit qu’un prochain livre de cet auteur est prévu imminemment
dans la collection L’orpiment des éditions le Réalgar…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="http://www.editionsfolleavoine.com/"><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;">http://www.editionsfolleavoine.com/</span></a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;">(Warren Bismuth)</span><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;"><o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNg2-6RuZpRjERvbkgWHK5zLEAslFtt5A1CO-TS9HxFkWhzIhfdrxOTsm4QUgdSpCGNC15uYDSOBb50R0ZrYNnZY0nUc6HpBloHC_Qa6JV3vuiIoqoftk2Rs99SAir9jkWRwky1WGmeQValAeLCEFq6pBEvOCvr5zcN8RzEgvxlI0WeDMK5mqzhOS0rQ31/s400/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="396" data-original-width="400" height="420" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNg2-6RuZpRjERvbkgWHK5zLEAslFtt5A1CO-TS9HxFkWhzIhfdrxOTsm4QUgdSpCGNC15uYDSOBb50R0ZrYNnZY0nUc6HpBloHC_Qa6JV3vuiIoqoftk2Rs99SAir9jkWRwky1WGmeQValAeLCEFq6pBEvOCvr5zcN8RzEgvxlI0WeDMK5mqzhOS0rQ31/w424-h420/LOGO%20MONDE%20OUVRIER%20&%20MONDES%20DU%20TRAVAIL.png" width="424" /></a></div><br /><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;"><br /></span><p></p><br /><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-40307144619684862162024-01-17T14:00:00.000-08:002024-01-18T00:32:39.102-08:00Judith PERRIGNON « Notre guerre civile »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuK7gBAPxO3mW4DCmcjuJJjbz54DC2PyarXOppAAUbB4l3Q1DmlMNn-cPWiMaLUWJ3si5Z_l4wbat05UZVLCxtZBkK1DPNGnigtxN0PuIBrURKEopYSN6ZiYZNaTTHm-X19e7IUB4Dj8IacIFixl7TVx8SM8eROv28RMlj2nwJe-nMoir2AYz4dYrHNpVN/s579/JudithPerrignon.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="579" data-original-width="391" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuK7gBAPxO3mW4DCmcjuJJjbz54DC2PyarXOppAAUbB4l3Q1DmlMNn-cPWiMaLUWJ3si5Z_l4wbat05UZVLCxtZBkK1DPNGnigtxN0PuIBrURKEopYSN6ZiYZNaTTHm-X19e7IUB4Dj8IacIFixl7TVx8SM8eROv28RMlj2nwJe-nMoir2AYz4dYrHNpVN/s320/JudithPerrignon.PNG" width="216" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Petit
détail primordial pour comprendre la suite : c’est en se documentant sur
ce qui allait devenir son « Victor Hugo vient de mourir » en 2015
(récit sur la mort et l’enterrement de l’écrivain, ouvrage par ailleurs tout à
fait recommandable) que Judith PERRIGNON a « croisé » la figure de
Louise MICHEL, l’éternelle révoltée. S’étant intéressée à son parcours, elle se
documente, jusqu’à cette présente biographie de l’anarchiste féministe,
biographie qu’elle fait commencer en septembre 1871, alors que Louise MICHEL
attend son procès pour sa participation active à la Commune de Paris quelques
mois auparavant. Puis reprend par petites touches ce que fut sa vie avant cet
événement déclencheur dans ses idéaux et sa résolution à devenir une militante
acharnée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
problème est que Judith PERRIGNON dépeint Louise MICHEL par deux procédés qui
peuvent paraître maladroits. Tout d’abord par l’ombre écrasante de Victor HUGO
sur lequel l’autrice avait déjà travaillé et dont elle semble porter une admiration
sans bornes. Ainsi HUGO ne cesse de surgir. Il est vrai qu’il a connu Louise
MICHEL, qu’ils ont correspondu durant trois décennies, mais ceci ne suffit pas,
loin de là, pour le faire piétiner si sauvagement le récit. J’y reviendrai. De
plus, bien sûr Judith PERRIGNON s’est longuement documentée pour dresser cette
biographie, et ce qui en ressort, ce n’est pas une analyse de la documentation
récoltée, mais bien la documentation elle-même, c’est-à-dire de (trop) longs et
(trop) nombreux passages, livrés abruptement, comme sans discernement, entre
guillemets.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Si
Judith PERRIGNON a souhaité écrire une biographie de Louise MICHEL, c’est aussi
pour remémorer la portée de ses paroles, de ses actes. Mais le résultat est une
sorte de suites de livres de la bonne Louise, d’écrits (judiciaires ou non) de
ceux qui l’ont croisée, sans en changer une virgule. Sentiment pour le lectorat
d’être devant un patchwork, une sorte de « best of », les bons
moments à lire sur la vie trépidante de Louise MICHEL. S’il est indéniable que
n’étant pas un documentaire sur la Commune de Paris, ce texte ne doit que
l’évoquer brièvement au milieu de tant d’autres, il est pourtant curieux que
l’autrice n’ait rempli que quelques pages sur le rôle de Louise MICHEL durant
cette insurrection, alors que c’est bien ici qu’elle est « née »
politiquement, en tant que féministe, républicaine et anarchiste. PERRIGNON
préfère convoquer HUGO tant et plus. Louise MICHEL aurait mérité plus d’égards.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
amenant HUGO sur le devant de la scène, l’autrice détourne notre regard, mais
aussi le sien. Plus embarrassant : elle fait exister Louise MICHEL par le
personnage de HUGO, comme s’il avait influencé ses opinions politiques, la dénigrant,
elle en tant que femme de conviction, comme si sans HUGO elle n’était rien, il
écrase le récit, laissant Louise sur le bas côté. La preuve en est qu’il
disparaît du texte… au moment de sa propre mort à lui, comme s’il avait été le
personnage principal du roman (de cette biographie romancée plutôt) jusqu’à sa
disparition et que la suite n’était qu’une succession de petits détails sans
importance.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Par
cette omniprésence Hugolienne, Judith PERRIGNON commet une erreur
majeure : elle ne fait qu’évoquer des parties cruciales de la vie de
Louise MICHEL, les bâcle en quelque sorte. Elle n’aborde que brièvement le
portrait de Théophile FERRÉ, l’éternel compagnon de lutte, qui sera pour Louise
bien plus qu’un camarade, en tout cas dans son cœur et qui, tellement plus que
le vieil HUGO, va influencer toute la suite de la vie de Louise MICHEL par-delà
la mort (celle de FERRÉ par son exécution à Satory). Il en est de même en fin de volume
pour la tentative d’assassinat lors d’une conférence. Un homme tire sur Louis
MICHEL, à peine blessée, elle lui pardonne. La suite est admirable de compassion
et d’altruisme, mais nous n’en sauront rien ici, Judith PERRIGNON se contentant
du factuel, en somme de manière absolument contraire que lorsque HUGO s’invite
en ses pages.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">De
la déportation de la militante anarchiste en Nouvelle Calédonie, nous ne saurons
presque rien, contrairement à cette rumeur infondée (et somme toute détail
infime de la vie de Louise) d’une possible relation charnelle qu’elle aurait eu
avec… je vous le donne en mille… Victor HUGO. L’autrice passe plus de temps à
écrire sur ce micro événement « people » que sur sa déportation qui
dura pourtant six ans.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pour
autant, si tant est que vous êtes novices sur ce que fut Louise MICHEL, ce
bouquin comporte quelque intérêt, bien que vous auriez pu obtenir les
renseignements ailleurs, sur une simple page Wikipédia par exemple. Par ses
« copié-collé » de documents existants, Judith PERRIGNON réalise le
minimum syndical, un recueil de textes, cimenté avec parcimonie par sa plume à
elle, alors que sans doute elle pense à HUGO. Quant à la fin du récit, soit
après le retour de la révolutionnaire sur le sol européen et jusqu’à sa mort,
PERRIGNON déterre les rapports de police la concernant. Car Louise MICHEL était
très surveillée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
revanche, elle ne le fut pas assez par Judith PERRIGNON qui dresse la
bibliographie ayant servi à ce travail. Résultat : cinq livres (dont la correspondance
avec un certain Victor H. bien entendu). Pas un de plus. En voulant ressusciter
Louise MICHEL, PERRIGNON la repousse dans son cimetière de Levallois-Perret. Je
finirai en paraphrasant l’autrice mais concernant le goût que m’a laissé la
lecture de ce livre paru en 2023 : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Son nom flotte désormais dans l’air tel un ballon rouge détaché du
socle de son époque, de ses convictions, des faits et des détails de sa vie,
elle sera nette et floue à la fois</i> ».</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-6912531006506597322024-01-14T14:00:00.000-08:002024-01-14T14:00:00.139-08:00Jim TULLY « Circus parade »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYnoKDzJIHZhR5abOiLwKbo6F2rrvkdcvLrfLuRXAJ9PClj3QCULioZP8T1OUGUiUHypJ84n8NEapRpBPiIOxsdI2s1W_HKa0rMYZjohQWqjyU5A2BPgQF_lt6zqo8XM6KKa588S2dOndE64Sk3CdKJh0JRUK1_BrWPz4ec4J1xv2DKEFIEgWomOEYH5KU/s293/JimTully2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="195" height="330" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYnoKDzJIHZhR5abOiLwKbo6F2rrvkdcvLrfLuRXAJ9PClj3QCULioZP8T1OUGUiUHypJ84n8NEapRpBPiIOxsdI2s1W_HKa0rMYZjohQWqjyU5A2BPgQF_lt6zqo8XM6KKa588S2dOndE64Sk3CdKJh0JRUK1_BrWPz4ec4J1xv2DKEFIEgWomOEYH5KU/w220-h330/JimTully2.jpg" width="220" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Deuxième
tome du « Cycle des bas-fonds », « Circus parade » fut
écrit en 1926 et raconte l’expérience fort mouvementée de Jim TULLY dans un
cirque itinérant des Etats-Unis vers 1906. L’image d’Épinal, celle de
l’imaginaire collectif sur le monde du cirque est ici pour le moins écornée.
Car TULLY en a vu plus qu’il n’aurait dû sur la face cachée, maladie honteuse
de cet art.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
roman (qui n’en est pas vraiment un) débute par la mort d’un dompteur, tué par
les animaux qu’il dressait. L’image est forte. Puis au fil des étapes de la
troupe, TULLY note des situations, des anecdotes, et comme toujours laisse
parler les protagonistes, qui se présentent et racontent leur parcours. Son
travail consiste également en un instantané de la vie des marginaux aux U.S.A.
à cette période, les lois en vigueur dans les différents États du pays, comme
par exemple cette législation anti-vagabondage dans le Mississipi, que l’auteur
et ses comparses doivent détourner.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
monde du cirque est passé au peigne fin, abordant les suiveurs, où figurent pas
mal de bandits. Voyages en train, le matériel étant acheminé par fourgons, et
puis tous les à-côté, les magouilles, les vols, les intimidations, univers bien
plus sinistre que l’image qu’il renvoie. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Notre monde était brutal, immoral, suffisant et conformiste. Nous
avions un mépris sans borne pour tous ceux qui ne prêchaient pas de la même
manière que nous</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">TULLY
est un défenseur des minorités oppressées. Ici par exemple, il prend la défense
d’un homosexuel persécuté. Il fait parler les sentiments, ainsi il présente
cette dame obèse comme il y en a tant dans les cirques, la « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Femme Forte</i> », qui souffre en
silence et finit par se suicider. Au-delà du (non) style, argotique, langage de
la rue, des bas quartiers, le fond chez TULLY est sombre, il décrit la misère,
l’isolement, l’addiction, les rapports humains exacerbés par les abus ou
l’appât du gain. Parmi eux, ces salariés dont la route du cirque croise celle
de Barnum, plus riche, plus célèbre. Et plusieurs de ces hommes et ces femmes
rejoignent la facilité par la notoriété d’un cirque, en condamnant un autre,
plus intimiste, à sa perte. Le racisme est prégnant, domination des blancs,
haine du juif, les noirs finissent d’ailleurs par ne pas venir travailler dans
les cirques à cause de leur persécution quotidienne dans un univers malsain et
mafieux.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
dénouement de ce livre riche en émotions a lieu en forme de bouquet final,
toute la lecture s’apparentant à un véritable feu d’artifice. TULLY sait y
faire avec les mots qui frappent, les scènes qui marquent, qui hantent,
décrivant une classe sociale, parfois oisive, ici celle des travailleurs dans
un milieu censé représenter la joie et la bonne heure. Il n’en est rien.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Il
est peut-être temps, non pas d’oublier, mais de compléter STEINBECK. Les
personnages de TULLY pourraient être échappées de « Tortilla flat »
en même temps que de « Les raisins de la colère ». Pourtant ici ils
ne sont pas fictifs, TULLY les a côtoyés, parfois aimés, ils sont décrits avec
le cœur, ainsi qu’avec une bonne rasade de whisky. Ils furent écrits avant ceux
dépeints par STEINBCEK, ce qui relativise quelque peu l’œuvre de ce dernier.
« Circus parade » fut interdit dans plusieurs villes des Etats-Unis
pour le portrait sulfureux du monde du cirque qu’il véhiculait.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Jim
TULLY est sans doute cet auteur que j’attendais depuis des années, celui qui
dépeint, sans arrogance, sans mots savants, les laissés pour compte d’une
société, de manière faussement naïve, en fait franchement subtile derrière la
gouaille hors norme de ses protagonistes. Le « Cycle des bas-fonds »
(que je viens de terminer et dont je présenterai régulièrement chaque tome) est
une sorte de miracle de la littérature. Ce volet parut pour la première fois en
français en… 2017 ! Il faut remercier les éditions du Sonneurs par le
travail d’envergure de Thierry BEAUCHAMP, préfacier et formidable traducteur de
ce volume, un régal absolu pour les yeux et pour l’âme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.editionsdusonneur.com/">https://www.editionsdusonneur.com/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p><br /><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-19887999827450493342024-01-10T14:00:00.000-08:002024-01-10T14:00:00.140-08:00Carolina SCHUTTI « Patagonie »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKGMc1-38jY5cXR6sXL7vuVpgC4ffL-4ocgYXApGR2Epu2HNoyjRKw6lg2EsHPxvk2G3rHBN_zV470btgWQGEk1WQb1ewVcwkgCpVT5yHKlGPbR_PfBwXa_fxyj_b-FEg4mL1_mwYEJah802-_XT2Jqn-wSt3rT8nrI2iPKn5Gdm9T7PKcUI_uJMjkuzvj/s500/CarolinaSchutti.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="415" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKGMc1-38jY5cXR6sXL7vuVpgC4ffL-4ocgYXApGR2Epu2HNoyjRKw6lg2EsHPxvk2G3rHBN_zV470btgWQGEk1WQb1ewVcwkgCpVT5yHKlGPbR_PfBwXa_fxyj_b-FEg4mL1_mwYEJah802-_XT2Jqn-wSt3rT8nrI2iPKn5Gdm9T7PKcUI_uJMjkuzvj/s320/CarolinaSchutti.jpg" width="266" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Dans ce roman à la structure narrative
complexe, les destins de jeunes gens vont se croiser, interagir, se compléter,
pour le meilleur et pour le pire. Dans ce texte sombre, le but pour chaque
individu est de s’évader, de se libérer pour un temps de la pression du
quotidien, fuir la ville, le bruit, les grouillements de la foule. Ainsi Ben,
infirmier démissionnaire en quête d’une nouvelle vie, rencontre Sarah et
Johannes qui l’invitent à venir chez eux, dans la zone située le plus au sud du
continent américain, la Patagonie, où ils ont élu domicile, loin de tout. Ce
devait être le point de départ vers un nouvel horizon, fait de cadeaux de la
nature, de légèreté, surtout de simplicité en totale liberté et harmonie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Surgit Iris, une unijambiste au parcours
mystérieux, amie de Ben, écrivant les souvenirs de ses cauchemars sur des
papiers <i style="mso-bidi-font-style: normal;">post-it</i>, alors que les autres
membres du petit groupe s’apprêtent à partir en randonner accompagnés de leur
ami Mick qui doit baliser des sentiers pour touristes. Car la région en est
peuplée une partie de l’année, ce sont en partie eux qui la font vivre, il faut
bien les bichonner parfois. Penser à charger la vieille jeep, seule passerelle
entre le groupe et le monde : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
médecin le plus proche est à près de trois heures de voiture </i>».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Pour Ben, les 15 jours passés aux côtés de
Sarah et Johannes n’ont pas été comme escomptés : il continue de douter de
son avenir, de ses envies. Il se souvient de cet artiste qui avait attiser en
lui la curiosité de la découverte : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il faisait rêver d’un lieu où l’on pouvait se suffire à soi-même, où le
temps n’était pas une unité de mesure, il lui faisait sentir pendant un moment
que l’important n’était pas de trouver sa place, mais que c’est perdre son
temps que de vouloir répondre aux attentes d’un autre, qu’il faut simplement
unir dans un même but toutes les forces dont la nature nous a dotés. C’est
aussi simple que cela. Et pourtant il allait falloir des années avant qu’il ait
le courage de larguer les amarres</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Sur un rythme lent soutenu par une
écriture froide, coupante et profondément mélancolique, Carolina SCHUTTI nous
fait pénétrer au cœur d’un univers géographique ayant tout pour séduire mais se
révélant être un calvaire émané de drames. Le texte est découpé en de brefs
chapitres prenant la forme de journaux intimes polyphoniques. Chaque acteur se
dévoile dans des pages intimes et personnelles, chaque point de vue est annoté,
défendu. Ces notes entrent comme en discordance avec les préparatifs de randonnée,
où les appareils de « survie » sont issus des dernières technologies,
ces jeunes sont connectés, ouverts au monde tout en se préparant à six mois
d’isolement complet, les travaux du chalet de Sarah et Johannes ont d’ailleurs
débuté en ce sens.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Les protagonistes pensent beaucoup, lors
de leurs expéditions, à alimenter les réseaux sociaux, peut-être pas faire le
buzz, mais exister malgré cette vie détachée de la civilisation. Montrer le
bonheur afin de mieux cacher le reste, l’indicible car l’incompris. Roman sur
la question de la pertinence du choix de vie, sur les néo-ruraux affrontant la
nature et ses vicissitudes, il est aussi celui d’une jeunesse en quête de
repères, repères tout aussi utiles pour le lectorat avec une structure le
poussant à être attentif au cœur d’un labyrinthe narratif déstabilisant, un
espace-temps crucial qui l’oblige à bien mémoriser les dates exactes de chacun
des chapitres pour ne pas perdre le fil. S’il est total, le dépaysement de
cette jeunesse est aussi implacable que cruel. Roman traduit de l’allemand (l’autrice
est autrichienne) par Jacques DUVERNET.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">« Patagonie » vient de paraître
aux éditions Le Ver à Soie dans les collection Les Germanophonies, une maison à
soutenir de toute urgence car proposant des livres faits main, dans le garage
de l’éditrice, une valeur qui tend à disparaître, d’autant que le papier est de
grande qualité et l’esthétisme à tomber par terre. Mais les titres proposés
sont également pertinents et originaux, pour des prix défiant toute concurrence
(si concurrence il y a dans ce sacerdoce, celui de fabriquer des bouquins
artisanalement). Faites preuve de curiosité, allez voir le catalogue, loin des
grosses usines à pondre des lignes.</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.leverasoie.com/">https://www.leverasoie.com/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">(Warren
Bismuth)</span><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p></o:p></span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-70040601293821042692024-01-07T14:00:00.000-08:002024-01-07T14:00:00.146-08:00Yannis RITSOS « Grécité »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxWoa9VSYkuN1hb07BlXH7AHSFG5o8HO4eRxyJHqAWpVVRuo0D0a4t54x46waoyOrV_E9RJi7gRUusX294s6enqLZ44esUQEK7CiEJka78XCPYLMCx33td1bf3zfB-g6HMgA9WjLC5AharC4DPoIYWwIoXLdyB_Gh3uU3ShtfZNK0CAWKfSKEKOGatnepc/s600/YannisRitsos.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="394" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxWoa9VSYkuN1hb07BlXH7AHSFG5o8HO4eRxyJHqAWpVVRuo0D0a4t54x46waoyOrV_E9RJi7gRUusX294s6enqLZ44esUQEK7CiEJka78XCPYLMCx33td1bf3zfB-g6HMgA9WjLC5AharC4DPoIYWwIoXLdyB_Gh3uU3ShtfZNK0CAWKfSKEKOGatnepc/s320/YannisRitsos.jpg" width="210" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
peuple attaqué par ses propres frères, se défendant, armé, fatigué, épuisé mais
déterminé. Une fois de plus, la guerre s’invite sur cette terre belliqueuse,
sans cesse outragée. La faim, la soif, le manque. On fume de la bouse, on mâche
du cuir. Mais on se bat, on défend ses convictions, on proclame la liberté pour
tous.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Une
paix se dessine. Déjà on craint la prochaine guerre, les prochains
affrontements. On pourrait être habitués, mais non.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« <i>Un messager arrive comme chaque matin
de la Grande vallée</i></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’écume du soleil brille sur son visage</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Il serre la grécité sous son bras</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Comme l’ouvrier, entre ses mains,</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Sa casquette dans une église.</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’heure est venue, dit-il. Tenons-nous
prêts.</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Chaque heure est nôtre désormais </span></i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ils
sont prêts à se défendre. À lutter jusqu’au dernier. Le sol va s’ensanglanter,
s’emplir de cadavres, de charniers. La liberté est à ce prix. Certains errants
magnifiques, cherchent le salut, une terre accueillante.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Grécité »
est un célèbre poème du grec Yannis RITSOS (1909-1990). En quelques dizaines de
pages, l’auteur crée un climat oppressant, à la fois désenchanté, violent et
plein d’espoir. Ce peuple qui souffre, ce sont les grecs. « Grécité »
fut écrit entre 1945 et 1947, durant la guerre civile, juste à la sortie de la
deuxième guerre mondiale, sans aucun répit. RITSOS sera emprisonné peu après,
en 1948. Dans ce poème épique, il défie les monarchistes, ses adversaires et
ennemis.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Cette
énième réédition (2023) des éditions Fata Morgana est accompagnée
d’illustrations, de croquis plus précisément, de Alecos FASSIANOS. La
traduction, un petit bijou, est signée Jacques LACARRIÈRE. Ce court texte est
d’une grande puissance, d’une force exceptionnelle, il est de ces poésies qui
frappent, qui cognent et secouent.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« <i>Qui aurait dit qu’une moitié
d’entre eux est sous la terre</i></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Et une autre moitié dans les fers ?</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Par tant de feuilles le soleil te dit
bonjour</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Avec tant de bannières le ciel resplendit</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Et voici les uns dans les fers,</span></i></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><i><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Voici les autres dans la terre</span></i><span style="font-family: "Trebuchet MS";"> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="http://www.fatamorgana.fr/"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">http://www.fatamorgana.fr/</span></a></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-ansi-language: EN-GB;">(Warren Bismuth)</span><span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;"><o:p></o:p></span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-63931954978343252992024-01-03T14:00:00.000-08:002024-01-03T14:00:00.135-08:00Gergana DIMITROVA & Zdrava KAMENOVA « Cosmos tango & Refuge pour moutons et rêves »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_8sSbVEVLU-_FDbSAsESzOuHbA5D1w5lDb7Tzvyit0n2so3SIyuSa23bvLIMwfyrJqnBLhGAcUQPPRLEGH1I09nBHauVdReG1gwS3ePmiABw60CAomqvIVkRZ4IJ6Nfg0Cg_cJymNwz61d3Y7BCayLddGwsyVnTNEXJTwStQEtRkEYXcONGJ5wFUdYOWe/s720/Dimitrova-Cosmos-couv-4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="500" height="326" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_8sSbVEVLU-_FDbSAsESzOuHbA5D1w5lDb7Tzvyit0n2so3SIyuSa23bvLIMwfyrJqnBLhGAcUQPPRLEGH1I09nBHauVdReG1gwS3ePmiABw60CAomqvIVkRZ4IJ6Nfg0Cg_cJymNwz61d3Y7BCayLddGwsyVnTNEXJTwStQEtRkEYXcONGJ5wFUdYOWe/w226-h326/Dimitrova-Cosmos-couv-4.jpg" width="226" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Gergana
DIMITROVA et Zdrava KAMENOVA sont deux femmes de théâtre bulgares travaillant
ensemble depuis plusieurs années sur des pièces à portée politique. Dans les
deux textes proposés, leur collaboration est d’une redoutable efficacité.
« Cosmos tango », le plus long des deux, fut écrit en 2019 et dépeint
un monde à venir mais déjà là en partie. En 2027, une jeune femme chinoise qui
rêve souvent d’une fille argentine souhaitant se faire amputer une jambe
s’apprête à voyager sur la lune. En fond, le dérèglement climatique, la planète
à l’agonie, la mer qui monte sur les côtes argentines. Dans un aquarium, des
vers à soie. Qui profitent, grandissent. Pas loin un ordinateur connecté sur le
dark web. Et notre spationaute chinoise qui doit être mariée si elle espère
partir un jour pour la lune.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Cosmos
tango » est une pièce subtile sur la réussite à tout prix, l’avancée
technologique, sur la dépossession de l’existence : assassiner ce qui est
vital à notre survie et parallèlement créer des besoins inutiles, pour la
compétition, la gloriole, quitte à ce que l’instant soit bref. S’activer au
sein d’un rêve de conquête, un rêve consumériste alors que la planète est
peut-être en train de crever. Fable écologique originale et puissante, en même
temps que texte ayant tous les ingrédients de la science fiction, avec une
chute en forme d’effet papillon, « Cosmos tango » est une pièce
intelligente qui donne à réfléchir.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Dans
« Refuge pour moutons et rêves » pièce plus courte de 2018, une femme
morte se remémore un village bulgare en 1913 durant l’une des guerres
balkaniques, village qui va passer aux mains des turcs. Un texte où le passé se
télescope avec le présent, dans lequel une vache franchit malencontreusement la
frontière de l’Union Européenne en 2018 (anecdote authentique qu’il vous faut
absolument découvrir !). Et voici que toutes les guerres balkaniques du
XXe siècle se font face. Et le progrès, avançant inlassablement, en dépit du
bon sens. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Que reste-t-il encore à
apprendre puisque toutes les connaissances de l’humanité sont sur Google et que
plein de métiers ont pratiquement disparu ? Des millions de logements ont
été déclarés insalubres, mais nous ne les quitterons pas, il suffit de se
procurer un matelas pure laine de mouton pour dormir, ne serait-ce q’une heure
ou deux. Et alors tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes</i> ».
L’histoire se répète, bégaie tant et plus. Et l’humain continue, malgré les
échecs, dans une totale absurdité à vaincre, on se sait d’ailleurs plus
vraiment quoi.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Deux
pièces percutantes qui se complètent, et deux autrices talentueuses qui
alertent sur l’état de la planète, les guerres et les conquêtes. Superbe livre
paru tout récemment aux éditions L’espace d’un Instant, il est traduit du
bulgare par Roumiana STANTCHEVA et superbement préfacé par Denitsa EZEKIEVA.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://parlatges.org/boutique/">https://parlatges.org/boutique/</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-60871474549293145512023-12-31T14:00:00.000-08:002023-12-31T14:00:00.146-08:00Coups de cœur Des Livres Rances 2023<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgivQpxDIilckdkxfiwgLDpkp8gjsUz6o6VHnQN0nIuOZD5wFwdbMFXUcAeNUBdU-XMPIEeySLKl-VMHfg5hSnPaPc5VobSp40Rf16hz4dIJ59hKxAoAIHmxi4DcMx1Ywa3BzOaIorQDU-mv7yNEFh35YgC_5fmFfsC_mn6LPPHjkhfutlkvgi3PzHtlhGE/s1215/Coups%20de%20coeur%202023.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="842" data-original-width="1215" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgivQpxDIilckdkxfiwgLDpkp8gjsUz6o6VHnQN0nIuOZD5wFwdbMFXUcAeNUBdU-XMPIEeySLKl-VMHfg5hSnPaPc5VobSp40Rf16hz4dIJ59hKxAoAIHmxi4DcMx1Ywa3BzOaIorQDU-mv7yNEFh35YgC_5fmFfsC_mn6LPPHjkhfutlkvgi3PzHtlhGE/s320/Coups%20de%20coeur%202023.PNG" width="320" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’heure
du traditionnel bilan a enfin sonné, comme un passage obligé. En fait, non, pas
obligé, souhaité. L’année 2023 m’a vu le nez plongé dans des livres de manière
quasi compulsive, tel un refuge contre le monde extérieur (moche). En parallèle
de ce désormais palmarès des coups de cœur des publications de l’année en
cours, je me suis volontairement et en partie seulement enfermé dans ce que
j’appelle mes cycles de décompression, un auteur que je prends et ne quitte plus
pendant un temps plus ou moins long, en tout cas un temps jamais défini à
l’avance.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">En
2023, j’ai continué les enquêtes du shérif Longmire de Craig JOHNSON (chez
Gallmeister), une série-cocon qui permet de reprendre de l’énergie, de moins
penser et de s’amuser tout en apprenant. Comme chaque année depuis plus de
seize ans, j’ai continué à avancer dans ma quête de l’œuvre de Georges SIMENON
(je doute que je puisse en voir un jour la fin tant elle est énorme, mais
l’exploration se poursuit), et cette année plus de dix romans durs m’ont
accompagné. Mais deux évènements de lecture ont en partie rythmé la seconde
partie de mon année : l’intégrale des nouvelles de Joseph CONRAD
(centenaire de sa disparition en cette année 2024), et ce monde qui s’est (ré)ouvert
à moi en plus de 1500 pages, une expérience unique et éblouissante, avec ce
désir de n’en plus finir, d’aller jusqu’à la dernière ligne, et en redemander,
relire quelques nouvelles. Une rencontre extraordinaire. Tout comme celle du
« Cycle des bas-fonds » de Jim TULLY, porte-parole des miséreux des
Etats-Unis aux débuts du XXe siècle, et lui-même vagabond durant sept années de
sa vie. Les cinq tomes du cycle furent avalés quasi d’un trait, à la suite,
sans voir le temps passer, une prodigieuse aventure sans foi ni loi.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">J’ai
encore raté mon pari, celui de moins écrire sur le blog en cette année. J’ai de
nouveau publié une centaine d’articles (plus de 730 références étant désormais
en ligne depuis 2017), je suis conscient que c’est beaucoup trop et que mon
lectorat risque de se noyer. Promis, cette année j’essaie de faire mieux, c’est-à-dire
moins, en me concentrant sur des séries en cours, ou des auteurs bien précis.
Je sais que je proposerai chaque volet du cycle de Jim TULLY (le tout est déjà
rédigé), ainsi qu’une double commémoration de centenaire : les
disparitions de Joseph CONRAD et Franz KAFKA en 1924, à quelques semaines
d’intervalle. Et bien sûr je continuerai à participer mensuellement au challenge
« Les classiques c’est fantastique » dont vous avez peut-être intégré
les règles fixées, un défi qui me tient particulièrement à coeur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Si
beaucoup de « vieilles » lectures m’ont marqué, j’ai pourtant trouvé
le temps de lire des parutions de 2023, avec ces émotions toutes personnelles et
je vous dévoile enfin cette liste coups de cœur des livres sortis en 2023, ceux
qui m’auront procuré de la joie et/ou de l’émotion, simplement mais
sincèrement. Des ouvrages qui auront attisé ma révolte, mon intérêt, ma curiosité.
Voici le palmarès de l’année 2023 (pour des titres publiés la même année,
j’insiste bien !), par ordre d’apparition sur le blog. J’espère que la
superstition ne fait pas partie de vos attributions, car ce sont bien treize
(oui, 13 !) publications qui sont ici concernées.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
dessin lumineux en tête de cet article est signé LN, il me va droit au (coup
de) cœur, immense gratitude. Je remercie ici chaleureusement les auteurices,
les éditeurices qui m’ont fait confiance, m’ont soutenu indéfectiblement et ont
trouvé un quelconque intérêt à mon travail, qui lui donnent du sens. Elles et
ils se reconnaîtront. Sans eux je ne suis rien.<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">**** Coups de cœur 2023 ***</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Doug PEACOCK « Itinéraire d’un
éco-guerrier » Editions Gallmeister<o:p></o:p></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTGSilJlyVgMxbNiJREu6E7ncrBS5jb3H14zEh2AvEpz3GL_wGdmjYjgAKOemniJJnlloIpw0UrFjWnjPj23gI3f-zjP1x6_kOHMuMWopFQJ8_JVzQNjANPqCOVtP3Y9jm0cCiTcyXlfhUbattJoJeVWwGp09dOrfjpz36qAuC8Ah30pnf8n9jSHZW-4O0/s320/DougPeacock.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="219" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTGSilJlyVgMxbNiJREu6E7ncrBS5jb3H14zEh2AvEpz3GL_wGdmjYjgAKOemniJJnlloIpw0UrFjWnjPj23gI3f-zjP1x6_kOHMuMWopFQJ8_JVzQNjANPqCOVtP3Y9jm0cCiTcyXlfhUbattJoJeVWwGp09dOrfjpz36qAuC8Ah30pnf8n9jSHZW-4O0/s1600/DougPeacock.jpg" width="219" /></a></div><br /><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><br /></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/04/doug-peacock-itineraire-dun-eco-guerrier.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/04/doug-peacock-itineraire-dun-eco-guerrier.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Victoria YAKUBOVA « Chez moi »
Editions L’espace d’un Instant<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieB-cB2ZmMdti5LCTcvehVUC0qEUx4aEldKgIPQhpEleRFgM25FW6_36mDCmFqBlXTAvzteRlQhQwK2qqjvm4VvcZFHKne6W7hfKGxDfcQkfQHbKNAWwvmJJjroUZblXJTvWtXnKZkhH291AEDDLAm8ZLWMVPQe9EoowbJN5F_99HDHWq3ZT9rBOk2MH7D/s320/VictoriaYakubova.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="223" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieB-cB2ZmMdti5LCTcvehVUC0qEUx4aEldKgIPQhpEleRFgM25FW6_36mDCmFqBlXTAvzteRlQhQwK2qqjvm4VvcZFHKne6W7hfKGxDfcQkfQHbKNAWwvmJJjroUZblXJTvWtXnKZkhH291AEDDLAm8ZLWMVPQe9EoowbJN5F_99HDHWq3ZT9rBOk2MH7D/s1600/VictoriaYakubova.jpg" width="223" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/04/victoria-yakubova-chez-moi.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/04/victoria-yakubova-chez-moi.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Evguéni TCHIRIKOV « Les juifs »
Editions Mesures<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEoQiBTszwb_b0VIkWBAc2WLxl9CK5vKPNx_ezLqqt5tVTPfVQgruNNGpbrwq6iNIKd9OWS9BcIdB_RLYD3sDTJoekZVhnk3x1QUxpLrzUtY0c6YKTu4b52DnTg366wUPx7dHmstMCExU30CeLY88OFk0d9rQy3JNTcE2i6Myb_sG_lz0ddEWR8wdvVZu2/s340/EvgueniTchirikov.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="340" data-original-width="221" height="337" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEoQiBTszwb_b0VIkWBAc2WLxl9CK5vKPNx_ezLqqt5tVTPfVQgruNNGpbrwq6iNIKd9OWS9BcIdB_RLYD3sDTJoekZVhnk3x1QUxpLrzUtY0c6YKTu4b52DnTg366wUPx7dHmstMCExU30CeLY88OFk0d9rQy3JNTcE2i6Myb_sG_lz0ddEWR8wdvVZu2/w219-h337/EvgueniTchirikov.png" width="219" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/05/evgueni-tchirikov-les-juifs.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/05/evgueni-tchirikov-les-juifs.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Veronika BOUTINOVA « L’homme qui flotte
dans ma tête » Editions Le ver à Soie<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEh2fszUvlo4Hueydy3ay22Qw7o1hRcsSUpZE6ds6GMzXYAsu4V7K6UJjamySXcFeidOkvLzR-4Frl6KUc3xHdgHWDKLnYur7Liz1gZ530cTHgdvVUwtX8MqdwlGp4rVku18xV4_OfdcqpNmyWKDmBINl5PVglYQsysBhYnlrmGu03wb1n80ry-CWjoshb/s320/VeronikaBoutinova.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="226" height="311" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEh2fszUvlo4Hueydy3ay22Qw7o1hRcsSUpZE6ds6GMzXYAsu4V7K6UJjamySXcFeidOkvLzR-4Frl6KUc3xHdgHWDKLnYur7Liz1gZ530cTHgdvVUwtX8MqdwlGp4rVku18xV4_OfdcqpNmyWKDmBINl5PVglYQsysBhYnlrmGu03wb1n80ry-CWjoshb/w220-h311/VeronikaBoutinova.jpg" width="220" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/05/veronika-boutinova-lhomme-qui-flotte.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/05/veronika-boutinova-lhomme-qui-flotte.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Erri DE LUCA « Itinéraires – Œuvres
choisies » Editions Gallimard <o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTYVXacttCVwhrQdKejhERKyZ6yECtiLgIr_ZFwIvXOAb6Nx0NQCgSmaVhBxObhppg7-9KoQfcmZrO4fVxJp8QyW44HbYtsNg0HjPhrAl-u_gqFiDz_4bOhs-RBAvZljaTchXZylK0Q90uCstWsMz0t5968q8mQlOZr-IReetDLhs4wbOV2KrfpSKhhHYg/s296/ErriDeLuca.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="296" data-original-width="195" height="330" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTYVXacttCVwhrQdKejhERKyZ6yECtiLgIr_ZFwIvXOAb6Nx0NQCgSmaVhBxObhppg7-9KoQfcmZrO4fVxJp8QyW44HbYtsNg0HjPhrAl-u_gqFiDz_4bOhs-RBAvZljaTchXZylK0Q90uCstWsMz0t5968q8mQlOZr-IReetDLhs4wbOV2KrfpSKhhHYg/w217-h330/ErriDeLuca.jpeg" width="217" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/07/erri-de-luca-itineraires-uvres-choisies.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/07/erri-de-luca-itineraires-uvres-choisies.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Vassili GROSSMAN « Tout passe »
Réédition Calmann-Levy<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsDn7xjylpJf6r7wAxkaYl8DmbamaUosa7ia-W7dsDs-h4C_wZQ0tNvXy57jOJ75TzbprEhlWgJDUA_VEjZ4EfKEM6qsBRYiY1lyCGMQBNNQQ6Yo7amvIOUlZyy5bY8icy7vccXdXpRQRGAS0_E5ApyXgabTks2aDHmbycJjzqs2fZkYu8xKh2jWpvJD64/s311/VassiliGrossmanjpg.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="195" height="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsDn7xjylpJf6r7wAxkaYl8DmbamaUosa7ia-W7dsDs-h4C_wZQ0tNvXy57jOJ75TzbprEhlWgJDUA_VEjZ4EfKEM6qsBRYiY1lyCGMQBNNQQ6Yo7amvIOUlZyy5bY8icy7vccXdXpRQRGAS0_E5ApyXgabTks2aDHmbycJjzqs2fZkYu8xKh2jWpvJD64/w226-h360/VassiliGrossmanjpg.jpg" width="226" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/06/vassili-grossman-tout-passe.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/06/vassili-grossman-tout-passe.html</a></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p><br /></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Marcel NADJARY « Sonderkommando »
Editions Signes et Balises<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdWA8W7DT1AUpKHc5vB-PTRRy5yy1fIcD_sIPH2N4096Ai1rToAyTO5ysTwAiesHQsMQCMnQovwvTMWzLId-9asitMB1dyR8X86ebUSwP5jPQujFqOT6-P6T1ssRg48aQMoaXjJCOrd2GoD6rg0bQWw-yzo9xNSALRINLAF4ClD2xnoxMEmLWg8RzY06PV/s320/MarcelNadjary.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="228" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdWA8W7DT1AUpKHc5vB-PTRRy5yy1fIcD_sIPH2N4096Ai1rToAyTO5ysTwAiesHQsMQCMnQovwvTMWzLId-9asitMB1dyR8X86ebUSwP5jPQujFqOT6-P6T1ssRg48aQMoaXjJCOrd2GoD6rg0bQWw-yzo9xNSALRINLAF4ClD2xnoxMEmLWg8RzY06PV/s1600/MarcelNadjary.jpg" width="228" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/08/marcel-nadjary-sonderkommando.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/08/marcel-nadjary-sonderkommando.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Joseph CONRAD « Le retour »
Réédition La République des Lettres<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimZCJwrLy9bnl1g6qGg70JcV73EdvhWbBoylEUvGcMx3RxG1lsXvAs5_SDTPdyNEI7Rs58sCpui7j_ObkN7WS3jWCtZQ-gMO26oItstJOMR4L8CmyKjmftYhBesUH9QL6_Y-TX6wtlmoS-5dFsLjsVFudvWbc6vJRhh68RaRJVAPnQZ3mB0Y7tAcuT8YN4/s500/JosephConrad.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="364" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimZCJwrLy9bnl1g6qGg70JcV73EdvhWbBoylEUvGcMx3RxG1lsXvAs5_SDTPdyNEI7Rs58sCpui7j_ObkN7WS3jWCtZQ-gMO26oItstJOMR4L8CmyKjmftYhBesUH9QL6_Y-TX6wtlmoS-5dFsLjsVFudvWbc6vJRhh68RaRJVAPnQZ3mB0Y7tAcuT8YN4/s320/JosephConrad.jpg" width="233" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/09/joseph-conrad-le-retour.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/09/joseph-conrad-le-retour.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Catherine LITIQUE « Le Pair »
Editions Le Réalgar<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxt3V0hPa5b2xIFtlhaisf-uDGzcOVP7FAMV50onqwHDqDbgIYZzxnVFAXDIRpMiY6Uacci5_Ns5d305Jzb6DZv0wEqLuahStyJacq5QqFlhuE6UQkE7gSE5tMiq8hLSboY_RrteZ5nJgnfbTK8tqU9umX7ZvzAaulZ4qrHvei3I9rzXddXSy-yFh-0Vln/s347/CatherineLitique.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="347" data-original-width="229" height="334" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxt3V0hPa5b2xIFtlhaisf-uDGzcOVP7FAMV50onqwHDqDbgIYZzxnVFAXDIRpMiY6Uacci5_Ns5d305Jzb6DZv0wEqLuahStyJacq5QqFlhuE6UQkE7gSE5tMiq8hLSboY_RrteZ5nJgnfbTK8tqU9umX7ZvzAaulZ4qrHvei3I9rzXddXSy-yFh-0Vln/w220-h334/CatherineLitique.jpeg" width="220" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/09/catherine-litique-le-pair.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/09/catherine-litique-le-pair.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Jospeh ANDRAS « Nûdem Durak – Sur la
terre du KURIDSTAN » Editions Ici bas<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH7awBJ2mb5QFRJt4K9GlSDFLrZV6DOQ4I9Zv9AUlB7Zv9zllrTKilJw2WmOM7qM3Xbi58rv3uskxUY6Na1fpU1QkFN0CBy3vpuadgwnX6i6e7mNDoNULyhPFnTjqDFUqvmjmVv6w5QrJTgT7hwBXPDSJPU6i6DZdhtpgat5K1R5JafwMJLyW266fqGhrH/s352/JosephAndras.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="352" data-original-width="223" height="347" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH7awBJ2mb5QFRJt4K9GlSDFLrZV6DOQ4I9Zv9AUlB7Zv9zllrTKilJw2WmOM7qM3Xbi58rv3uskxUY6Na1fpU1QkFN0CBy3vpuadgwnX6i6e7mNDoNULyhPFnTjqDFUqvmjmVv6w5QrJTgT7hwBXPDSJPU6i6DZdhtpgat5K1R5JafwMJLyW266fqGhrH/w220-h347/JosephAndras.jpg" width="220" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/joseph-andras-nudem-durak-sur-la-terre.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/joseph-andras-nudem-durak-sur-la-terre.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Elsa DORLIN, Jean-Pierre SAINTON &
Mathieu RIGOUSTE <o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Guadeloupe mai 67 » Editions
Libertalia<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsV5kI1vmgtH3M2tGHgS4Hs3Pgpfvzco39ODxKDbXE_eGEJaCn2GDlcV0yjmsqJFr84SZs_iUOBQxJnea0b6j4ofjeUF44VtVJEnMCDIZZOvUx9nbMdy0mppy22dTQVX_EBZbFeubK6QujMM57r_yqLINPea8tpCqhlv-2t1zCFwz8RhrXF-U1BEpi0I91/s376/ElsaDorlin.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="376" data-original-width="228" height="368" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsV5kI1vmgtH3M2tGHgS4Hs3Pgpfvzco39ODxKDbXE_eGEJaCn2GDlcV0yjmsqJFr84SZs_iUOBQxJnea0b6j4ofjeUF44VtVJEnMCDIZZOvUx9nbMdy0mppy22dTQVX_EBZbFeubK6QujMM57r_yqLINPea8tpCqhlv-2t1zCFwz8RhrXF-U1BEpi0I91/w223-h368/ElsaDorlin.jpg" width="223" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/elsa-dorlin-guadeloupe-mai-67.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/elsa-dorlin-guadeloupe-mai-67.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ali COBBY ECKERMANN « Ruby
Moonlight » Editions Au Vent des Îles<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p></o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgs-5fiGtFX2DqRVrROd9QK1FdVSV8ktbZQP3zw17om_S9pGBLTFBOp6KuuyVD8qQTk3qO07IlZseCQGnBlqN5atQsausdrmhd8M826GbbDDkR_gdgv758EfaJ_FU57Hc731lhOBW1__laNWBNT1dtFhX69fxnDkvYIA1FNxVurEWCAd5DSogXEARvNnvoh/s285/AliCobbyEckermann.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="285" data-original-width="177" height="352" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgs-5fiGtFX2DqRVrROd9QK1FdVSV8ktbZQP3zw17om_S9pGBLTFBOp6KuuyVD8qQTk3qO07IlZseCQGnBlqN5atQsausdrmhd8M826GbbDDkR_gdgv758EfaJ_FU57Hc731lhOBW1__laNWBNT1dtFhX69fxnDkvYIA1FNxVurEWCAd5DSogXEARvNnvoh/w219-h352/AliCobbyEckermann.jpg" width="219" /></a></div><br /> <p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/ali-cobby-eckermann-ruby-moonlight.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/ali-cobby-eckermann-ruby-moonlight.html</a><o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Danielle BASSEZ « Le même et
l’autre » Cheyne éditeur<o:p></o:p></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjldblIvHyjJix08MmljRmjwfiF-Td5fXejTYQE6ptQFOf9Myn1oFZoosjZz9BEUgxoshKyAjWI3BGYN0Ez1_lwhqDwS6a3sGzlV_ALBcscz4frEzN1lO50TCys5UaP81tJ7NBCVcElODAr2xZrBkAbCNysvluYfgG9QCxVZhsuuRtxlBAlm3UdR6tECTyH/s666/DanielleBassez.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="666" data-original-width="500" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjldblIvHyjJix08MmljRmjwfiF-Td5fXejTYQE6ptQFOf9Myn1oFZoosjZz9BEUgxoshKyAjWI3BGYN0Ez1_lwhqDwS6a3sGzlV_ALBcscz4frEzN1lO50TCys5UaP81tJ7NBCVcElODAr2xZrBkAbCNysvluYfgG9QCxVZhsuuRtxlBAlm3UdR6tECTyH/w200-h265/DanielleBassez.jpg" width="200" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/danielle-bassez-le-meme-et-lautre.html">https://deslivresrances.blogspot.com/2023/10/danielle-bassez-le-meme-et-lautre.html</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Sur
ce, prenez soin de vous et des vôtres, l’aventure continue.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Warren
Bismuth)</span></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-80321549074108679722023-12-27T14:00:00.000-08:002023-12-29T23:17:10.522-08:00Jean MALAQUAIS « Le gaffeur »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF6EAy0iLlMkB5Mn_G-7FBiDnMpw5Utvn0wZakRURZg23f7PxbdPHu6qkhqCeUHpLvTEZ7U3sZpL7mBmebltHbnqBSdgMoDcJiuqfQ9RweZrGDrrqOAjkpXqTEr1TJoTbKLsIvu8d_F_E91Dvicu1RSz0Y6MSLQuYU-wgMxKhpINTGVNt4G7_Ko-6SQ7f3/s272/JeanMalaquais.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="186" height="328" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF6EAy0iLlMkB5Mn_G-7FBiDnMpw5Utvn0wZakRURZg23f7PxbdPHu6qkhqCeUHpLvTEZ7U3sZpL7mBmebltHbnqBSdgMoDcJiuqfQ9RweZrGDrrqOAjkpXqTEr1TJoTbKLsIvu8d_F_E91Dvicu1RSz0Y6MSLQuYU-wgMxKhpINTGVNt4G7_Ko-6SQ7f3/w224-h328/JeanMalaquais.jpg" width="224" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’année
2023 se termine par ce beau défi des blogs <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/">Au milieu des livres</a> et <a href="https://pagesversicolores.wordpress.com/">Mes pages versicolores</a> pour
le challenge « Les classiques c’est fantastique » organisé toujours
impeccablement par Moka et Fanny, une plongée dans le monde de la S.F.,
dystopie ou mondes parallèles. Des Livres Rances a décidé de mettre à l’honneur
un auteur oublié, jean MALAQUAIS, et son roman « Le gaffeur » de
1953.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Pierre
Javelin, la trentaine entamée, est un employé modèle à l’institut national pour
la beauté et l’esthétique dans la Cité (la ville n’est jamais nommée), et marié
depuis deux ans à Catherine. Une vie rangée et paisible. Jusqu’à des coups de
fil intempestifs d’un inconnu au bureau de Catherine, qui prévient son mari. Et
c’est ainsi que tout bascule.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Javelin
rentre chez lui le soir même mais s’aperçoit que son appartement est occupé par
un couple qui prétend l’habiter. Le décor a changé, rien ne reste de l’agencement
que Javelin a quitté au matin. Il croit tout d’abord à une farce (son employeur
vient de l’augmenter et Catherine aurait pu avoir l’idée d’organiser une petite
fête), mais bientôt il déchante. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans
une pièce que je ne connaissais pas, sous une suspension que je voyais pour la
première fois, mon assortiment de pots et de flacons s’alignait au complet sur
une table à laquelle je n’avais jamais mangé</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Dans
ce roman riche et copieux, l’anti-héros va affronter une bureaucratie toute
kafkaïenne afin de prouver son identité, va se cogner à des tas de personnages
énigmatiques, froids et distants, et ne va pas tarder à douter de sa propre
existence dans un cadre austère fait de bâtiments et quartiers labyrinthiques.
Dans une ville où toute liberté a disparu, où chaque citoyen est épié, où
chaque mot peut être retenu contre vous, il faut faire preuve de vigilance.
Javelin tente de remonter sa propre histoire tout en se heurtant à un
autoritarisme masqué. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il n’y avait
plus de rois, pas même pour les cartes à jouer</i> ». Le voilà parti en
quête de sa femme Catherine, pour le meilleur et pour le pire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’environnement
se fait de plus en plus glacial et sans âme. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">On ne voyait pas le bout de la vaste salle. Très longs, très nombreux,
des bancs de bois sans dossier la traversaient dans le sens de la largeur.
Plutôt surélevés du côté où on les abordait – même il fallait prendre son élan
pour s’y hisser -, ils allaient s’abaissant de la droite vers la gauche, dans
la direction d’une série de portes latérales qui donnaient accès aux bureaux.
Après avoir rempli les questionnaires d’usage, laissé ses empreintes digitales
sur une fiche appropriée et reçu un numéro d’ordre, on était admis dans la
salle où l’on s’installait en haut des bancs, jeunes et sveltes d’une croupade,
vieux et obèses avec l’assistance de leurs concitoyens</i> ». Mais
MALAQUAIS en profite pour aborder la vie sous un prisme philosophique, fait de
questionnements qui ne trouvent pas toujours une réponse.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Dans
un univers de démence, MALAQUAIS crée un monde parallèle qui ressemble pourtant
au nôtre au sortir de la seconde guerre mondiale. Car « Le gaffeur »
a été écrit entre 1949 et 1953 et dépeint une société totalitaire par le biais
d’une seule ville. Il est même visionnaire par ses écrans omniprésents et la
sophistication technologique. Il est difficile de ne pas ranger « Le
gaffeur » aux côtés de KAFKA (« Le château » et « Le procès)
et du « 1984 » d’ORWELL. Là où il se distingue pourtant, c’est dans
l’atmosphère. Malgré ce climat étouffant, cloisonné et aseptisé, imperméable à
toute influence extérieure, l’écriture est pleine d’humour voire de
désinvolture, les scènes sont décalées et narrées sur un ton humoristique,
rappelant le rire du condamné, l’énergie du désespoir, un désespoir à son
comble jusqu’à la chute finale, la descente aux enfers.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">MALAQUAIS
est né juif polonais en 1908. Arrivé en France en 1926, il va apprendre la
langue, jusqu’à écrire en français. Il fait partie de ces combattants de
l’ombre, des révolutionnaires de la littérature, par le style et les
convictions. Par sa rareté aussi. Car s’il est décédé en 1998 à 90 ans, il ne
laisse derrière lui que trois romans, « Le gaffeur » est son dernier.
Il parut d’abord en 1953, puis en 2001, c’est en 2016 que les éditions
L’échappée proposent cette réédition superbe dans leur formidable collection Lampe-Tempête.
La police de caractères en est étrangement de couleur verte. Si le titre du
roman pourrait laisser penser à une immense farce, il n’en est rien, car en argot
« gaffer » signifie « surveiller », comme l’est ce Javelin.
La préface est signée Sebastián CORTÈS, la postface Geneviève NAKACH. « Le
gaffeur » est de ces livres qui auraient dû devenir incontournables, parmi
les classiques des classiques, il n’en fut rien. Et c’est peut-être pour cela
qu’il faut le lire. Il n’a rien à envier à ces illustres titres toujours
encensés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://www.lechappee.org/collections/lampe-tempete">https://www.lechappee.org/collections/lampe-tempete</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3YApS7AcnC9DGpfa8zamkMK8rLF2AaIxHJ0OFEmFcFyCIeULY2uzjSYp1ER5MnjcLyWjdRjYPfxV1ykd4VKwBNAYQh62DPgZNgs2vWA83bnQHNNGfbPuIZw8DaW3Kfwt5NJt7uqLcyWtDspecePUfcSI1BB5e7ZeRr7YAEh0iiDdb8SZhIGke08ZAENij/s396/Classiques12.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="396" height="332" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3YApS7AcnC9DGpfa8zamkMK8rLF2AaIxHJ0OFEmFcFyCIeULY2uzjSYp1ER5MnjcLyWjdRjYPfxV1ykd4VKwBNAYQh62DPgZNgs2vWA83bnQHNNGfbPuIZw8DaW3Kfwt5NJt7uqLcyWtDspecePUfcSI1BB5e7ZeRr7YAEh0iiDdb8SZhIGke08ZAENij/w441-h332/Classiques12.PNG" width="441" /></a></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-17754025767274860282023-12-24T14:00:00.000-08:002023-12-24T14:00:00.177-08:00Joseph CONRAD « Le compagnon secret » et « La ligne d’ombre »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG5qJ3k2l4LtHpvbON6htaMrPaJf6LJxM7ivZxdGes_HSsFmJwnm5XGXKzblvb6WTh6KifvLwTnQ7tPJygqtXSA-UxlaG1urmFeJtwaYFsTqSPhycjfyZTGUsT3bIPHC9DmLb9m3FhGzfnF5Z5qU35e2lPELLdnEtQE41L3BA5W596VD8E3A-ZQ5BMpo5q/s605/JosephConrad.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="502" data-original-width="605" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG5qJ3k2l4LtHpvbON6htaMrPaJf6LJxM7ivZxdGes_HSsFmJwnm5XGXKzblvb6WTh6KifvLwTnQ7tPJygqtXSA-UxlaG1urmFeJtwaYFsTqSPhycjfyZTGUsT3bIPHC9DmLb9m3FhGzfnF5Z5qU35e2lPELLdnEtQE41L3BA5W596VD8E3A-ZQ5BMpo5q/s320/JosephConrad.PNG" width="320" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Ce
mois-ci, pour le challenge « Les classiques c’est fantastique », les
blogs <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/">Au milieu des livres</a>
et <a href="https://pagesversicolores.wordpress.com/">Mes pages versicolores</a>
nous proposent un thème fort mystérieux : « SF, dystopies et mondes
parallèles ». Il se trouve que j’ai lu récemment deux nouvelles de Joseph
CONRAD (dont nous allons commémorer le centenaire de la mort dans quelques
jours) empreintes de gothique et de doutes. Cette chronique sera donc double.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Aussi
traduit sous le titre « L’hôte secret » (que je lui préfère
personnellement) et sous-titré « Un épisode de la côte », « Le
compagnon secret » fut écrit en 1909. CONRAD utilise les ingrédients
suivants : gothique, inquiétude, scènes possiblement empreintes d’un souffle
fantastique, surnaturel, mais de manière des plus novatrices.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Un
navire à l’arrêt dans le golfe de Siam. Le narrateur, 27 ans, le commande
depuis 15 jours. Aussi, il ne connaît ni le bateau ni son équipage, lorsqu’il
s’aperçoit, le soir venu, que l’échelle d’accès n’est pas remontée. Tentant de la
tirer à lui, il sent le poids d’un homme accroché à celle-ci. Est-il mort,
agonisant ou bien vivant ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais je distinguai tout de suite quelque
chose d’allongé et de pâle qui flottait contre l’échelle. Avant même que
j’eusse pu former une conjecture, un léger éclair phosphorescent qui sembla
émaner soudain du corps nu d’un homme passa sur l’eau endormie, comme se joue,
fugitif et silencieux, un éclair d’été dans un ciel nocturne. La révélation
d’une paire de pieds, de longues jambes, d’un large dos livide, immergé
jusqu’au cou dans une lueur verdâtre, cadavérique, me coupa la respiration. Une
main, à fleur d’eau, demeurait accrochée au dernier barreau de l’échelle. Je le
voyais complet, moins la tête. Un cadavre décapité !</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">L’homme
est bien vivant, entier, et monte à bord du bateau. Il s’appelle Leggatt et a
tué quelqu’un. Très vite ce Leggatt, affublé du pyjama du narrateur, fait
office de double. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il me semblait,
dans la nuit, me trouver en face de ma propre image reflétée dans les
profondeurs d’un sombre et immense miroir</i> ». Leggatt est entraîné dans
la cabine du capitaine-narrateur, un face à face s’amorce, avant celui entre le
narrateur et le capitaine du Sephora, le bateau sur lequel Leggatt a tué un
homme, et qu’il recherche…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
thème du double avait déjà été fort développé dans le roman « Le
double » de DOSTOÏEVSKI en 1846. Ici CONRAD l’endosse d’un costume
effrayant, gothique, venteux, moite et poisseux, à lire en noir et blanc.
Fascinant.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« La
ligne d’ombre » : fascinant est aussi ce texte. Pour cette longue
nouvelle de 1915 écrite six ans après « Le compagnon secret », CONRAD
avait tout d’abord pressenti le titre « Premier commandement ». Le
titre final, « La ligne d’ombre », est propice à toutes les suppositions.
Pour CONRAD cependant, cette ligne représente la fin de la jeunesse, et cet
horizon obscur où se trouve quelque part l’âge adulte.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
narrateur est un jeune marin qui décide d’abandonner son poste sur un vapeur
quelque part en Extrême-Orient, son désir étant de rentrer chez lui en Europe.
Mais un poste de commandement est vacant sur le vapeur Mélita. Précédé d’une
bonne réputation, ce narrateur se propose de remplacer le capitaine récemment décédé
à bord puis jeté à la mer, un capitaine dont l’étrange passion était de jouer
du violon sur le pont.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
poste de second sur le vapeur Mélita est occupé par un certain Burns, les
rapports sont immédiatement tendus et conflictuels entre le narrateur et Burns,
d’autant qu’au décès du capitaine, Burns fut brièvement et par intérim le
patron. Seulement, Burns tombe très malade, il pourrait s’agir d’une maladie
contagieuse pour tout l’équipage du bateau. Le vapeur doit pourtant
appareiller. CONRAD incorpore les mêmes ingrédients que « Le compagnon
secret », du fantastique gothique par sa silhouette, alors que si l’on
creuse un peu plus en profondeur, on réalise avec stupéfaction que le texte est
tout ce qu’il y a de raisonnable et cartésien.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
maladie se propage à bord tandis que l’ombre du défunt capitaine semble planer
sur le bateau et même « dans » la mer, effrayant Burns qui voit le
mort en vrai revenant, un peu partout dans ses accès de fièvre, l’air pourrait
être ensorcelé et la crainte de l’avènement d’une terrible vengeance
post-mortem du disparu est palpable. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais
vous ne pensez pas que je vais croire qu’un mort ait le pouvoir de détraquer la
météorologie de cette partie du monde. Quoique, à vrai dire, elle semble
complètement détraquée. Les brises de terre et de mer se rompent. On ne peut
pas s’y fier cinq minutes de suite</i> ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« La
ligne d’ombre » est un texte ouvert, pouvant être lu à différents niveaux.
Tout d’abord il y a, comme très souvent chez CONRAD, la rivalité entre deux hommes
(ici marins), l’ambition de chaque côté, mais ici l’action se présente
également sous forme d’une énigme de forme gothique. CONRAD semble s’amuser à
dépeindre un univers digne des romans d’épouvante des débuts du XIXe siècle,
climat effrayant peuplé de fantômes, de silhouettes éparses, de peur. Je pense
à ces scènes où l’île fictive de Koh-Ring ne cesse d’être en vue, comme si le
bateau faisait du surplace, restait aimanté au fond de l’eau par une divinité
quelconque. Sans oublier cette quinine, le médicament sensé sauver tout
l’équipage, « <i>plus précieuse que l’or</i> », et dont les flacons
se brisent au sol. Et bien sûr le mort, nulle part, propulsé dans la mer, et
pourtant partout, comme en embuscade, sur un bateau qui « <i>devient un
navire sans équipage</i> ». Mais attention, lu attentivement, le texte est
tout ce qu’il y a de plus rationnel, ce qui le rend saisissant : CONRAD
joue avec l’atmosphère, montrant qu’il peut suggérer une histoire quasi à
l’opposé de ce qu’elle est vraiment.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">La
frayeur est ici contagieuse, non seulement du côté des marins, mais le lectorat
lui-même cherche à garder le cap dans un texte qu’il sait pourtant cartésien, alors
que son imagination s’en va irrémédiablement chercher des réponses dans un
monde parallèle, comme pour l’expérience de « Le compagnon secret ».
CONRAD réussit à nous faire douter, sans rien nous montrer, rien qu’en
suggérant qu’une autre lecture de son texte est possible, qu’elle ne peut se
terminer au premier degré, qu’il y a une face cachée et que c’est à nous de la débusquer.
Le récit semble soudain passer sous notre responsabilité. Pour tout ceci,
« La ligne d’ombre » est une vraie réussite, car la perte de la
jeunesse vue par CONRAD ne peut laisser indemne, les séquelles vont être
douloureuses, dans une perte de lucidité, d’action raisonnée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">« Le
compagnon secret » et « la ligne d’ombre » sont en quelque sorte
complémentaires par leur ambiance fantastique et pourtant terre-à-terre lorsque
l’on s’attarde un peu sur les textes. Ils sont originaux dans un univers de
CONRAD pourtant sans cesse renouvelé (c’est la grande force de l’écrivain), ils
transforment le vrai en une sorte d’un autre possible, une fois la réalité
déformée par une atmosphère faussement surréaliste.</span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">(Warren Bismuth)</span><o:p></o:p></p><p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1XDiLCqhN-Ychyhwcc71q4pnR3PDUg7UqiT-HbWWlUWz-F3jY99C0SqSDWS6ROVvDCUg1XyBg4lnTIsWcMzQpKC2rXK9l4_CdQS5GKNOn8y3kr1Q5r9TEjDYAwOpCKuUXeqtSFThmViuUAfWU77oUy0x2bcYTX11DFi1BXHqsi56v-eJMlPmeWivyH1L2/s396/Classiques12.PNG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="396" height="307" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1XDiLCqhN-Ychyhwcc71q4pnR3PDUg7UqiT-HbWWlUWz-F3jY99C0SqSDWS6ROVvDCUg1XyBg4lnTIsWcMzQpKC2rXK9l4_CdQS5GKNOn8y3kr1Q5r9TEjDYAwOpCKuUXeqtSFThmViuUAfWU77oUy0x2bcYTX11DFi1BXHqsi56v-eJMlPmeWivyH1L2/w408-h307/Classiques12.PNG" width="408" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><br /></span><p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-4731226453811482494.post-86908434131243339422023-12-20T14:00:00.000-08:002023-12-20T14:00:00.131-08:00Laurent CACHARD « Aurelia Kreit – Les jardins d’Ellington »<p style="text-align: center;"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHFbszwS4twuOgcF7WGX28kn8rc7D7foBX4pepTVGKMZhfYAj6JGUfVc3ZmOFNgIpxL5FW61KwR_WSmCiAdHL-25iZ503UkxCKqm_fPBYJW-46bw5H2HxqR7LqFzO6rmz1USXwp6_DwDdZmu8QfF33NMIHBnI8sCGJSPwOsQZOGw4BqQ5NtmHy1ldMcHsG/s500/LaurentCachard.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="336" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHFbszwS4twuOgcF7WGX28kn8rc7D7foBX4pepTVGKMZhfYAj6JGUfVc3ZmOFNgIpxL5FW61KwR_WSmCiAdHL-25iZ503UkxCKqm_fPBYJW-46bw5H2HxqR7LqFzO6rmz1USXwp6_DwDdZmu8QfF33NMIHBnI8sCGJSPwOsQZOGw4BqQ5NtmHy1ldMcHsG/s320/LaurentCachard.jpg" width="215" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">En 2019, Laurent CACHARD faisait paraître
l’ample roman « Aurelia Kreit » chez Le Réalgar. Quatre ans plus
tard, il lui offre une suite chez le même éditeur, même format. Nous retrouvons
la famille Kreit et ses proches, cette fois-ci au cœur de la tourmente de la
première guerre mondiale en France, tout d’abord du côté de Lyon, mais il y a
beaucoup de mouvements dans cette fresque historique et familiale.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">Ce récit dresse en parallèle le destin d’une
famille ukrainienne et celui de l’Europe avec les enjeux et les combats de la
première boucherie. Aurelia, 16 ans, y est ambulancière et, comme ses proches
amies d’infirmeries, voit l’indicible. Mais ce qui se trame en fond, c’est un
désir d’une autre vie pour ses compatriotes alors sous le joug de la Russie
(l’actualité récente montre d’ailleurs que le monde tend à bégayer).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Attendez-vous
à croiser des personnages à profusion, les fictifs comme les
« vrais », ceux qui ont écrit l’Histoire, y ont participé. Le roman
est une description lente, minutieuse et documentée de l’état de l’Europe au
début du XXe siècle, les velléités de la Russie et les relations
internationales, brûlantes, le tout mené par une écriture classique et précise.
Le quotidien en marge du front pour ces ambulancières admirables est scruté, parsemé
de détails et termes techniques sur leurs tâches. D’autres termes, militaires,
viennent aussi s’inviter comme pour mieux comprendre par quoi les hommes sont
massacrés et quelles en sont les séquelles à court ou long terme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Comme
d’autres, les ambulancières sont débordées, éreintées, des bâtiments sont
réquisitionnés afin d’entasser des blessés, certains presque morts. D’ailleurs,
la faucheuse semble rôder à chaque page. Et pour Aurelia, l’objectif est tout
d’abord de retrouver son frère Igor, perdu quelque part dans un pays encore
inconnu, la France. Mais c’est aussi et surtout pour cette famille la quête
d’une identité, car c’est bien ce sujet qui domine l’intrigue. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Elle avait été tour à tour l’Ukrainienne, la
Russe pour les Turcs, l’Autrichienne pour les Français et la Française pour les
Allemands</i> ». Recherche des racines, et pour Aurelia volonté de
reconstitution du parcours familial, qu’elle méconnaît.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Après
Lyon, l’action se déplace à Mulhouse dans une Alsace convoitée par deux pays
frontaliers, enjeu de taille, un combat dans le combat. Et pour Aurelia un
choix Cornélien s’impose : tuer son frère Igor pour se sauver elle-même,
dans une allégorie de la terre qu’elle foule alors. Le texte revient sur les
racines de la famille Kreit, notamment par l’ombre, fugace mais omniprésente,
du poète ukrainien Taras CHEVTCHENKO. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ça ne tenait à rien, une nationalité</i> ». Il en est pourtant
tout autre pour Aurelia.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Abondant
en menus détails, ce roman est une fresque historique, ample dans le nombre de
ses personnages et de leur histoire intime ou commune comme dans leurs
déplacements. Il développe un plan de roman de guerre, faisant se côtoyer
personnages ayant existé et participé « sur le terrain » à l’époque,
et ceux, les héros purement fictifs, sortis de l’imagination de l’auteur,
peut-être dans une volonté de réécrire TOLSTOÏ au XXIe siècle (les initiales de
l’héroïne de Laurent CACHARD sont les mêmes que celles de Anna Karénine), même
si le roman est avant tout français.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Quoi
qu’il en soit, après être passé par Étretat, l’action se focalise sur La Courtine,
un camp perdu au cœur de la Creuse, renfermant des soldats russes, rouges comme
blancs, qui ne vont pas tarder à se mutiner. C’est peut-être l’événement le
plus vibrant de cette épopée guerrière, son point culminant car il en est le
ciment : des soldats russes combattant en France rattrapés par la
politique contemporaine de leur pays à l’autre bout du continent. C’est juste
après cet épisode que se clôt ce deuxième volume, en septembre 1917, alors que
le destin de la Russie s’apprête à être bouleversé, quelques semaines plus
tard, par LÉNINE et le parti bolchevique…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";">Le
roman se referme sur un poème de février 1917 signé Sergeï IVANOV, après une longue
aventure périlleuse toute en rebondissements et secrets familiaux et
internationaux, intimes comme politiques. La grande histoire rejoint la petite,
dans une perpétuelle quête de l’identité, une recherche des racines, familiales
comme culturelles. Ce livre forme un diptyque avec son grand frère de 2019, mais
ils peuvent toutefois être lus séparément. Il vient de paraître aux éditions Le
Réalgar.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Trebuchet MS";"><a href="https://lerealgar-editions.fr/">https://lerealgar-editions.fr/</a></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Trebuchet MS"; mso-bidi-font-family: "Trebuchet MS";">(Warren
Bismuth)</span><o:p></o:p></p>Des livres ranceshttp://www.blogger.com/profile/16390471312288268514noreply@blogger.com0