lundi 30 avril 2018

Jean-Claude BRISVILLE « Le souper »


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Trois pièces de théâtre, trois périodes distinctes de l’Histoire de France, trois face-à-face d’envergure. Joie.

« Le souper » : créée en 1989, elle met en scène FOUCHÉ et TALLEYRAND en 1815, après la chute de NAPOLÉON 1er et alors que FOUCHÉ est Président du gouvernement provisoire. TALLEYRAND est pour un retour de la monarchie après l’épisode napoléonien (pourquoi pas un Louis XVIII sur le trône ?) tandis que FOUCHÉ se déclare pour la République. Un entretien qui dévie sur les exactions passées des deux personnages. « Vous savez ce qu’est un mécontent, FOUCHÉ ? C’est un pauvre qui réfléchit ». Adaptée au cinéma en 1992 par Edouard MOLINARO.

« L’entretien de M. DESCARTES avec M. PASCAL le jeune » : comme son nom l’indique, face-à-face avec le « vieux » DESCARTES de 51 ans contre un jeune Blaise PASCAL de 24 ans déjà éreinté par la vie et malade. Entretien imaginaire de 1647 sur la philosophie, la vie, Dieu, les souvenirs, l’Histoire, et bien sûr des dialogues tendus sur le thème de la religion qui les oppose. Pièce créée en 1985.

« L’antichambre » : encore un dialogue imaginaire censé se tenir en 1750 (et créé là en 1991) entre deux salonnières parisiennes : l’assez défraîchie Madame Marie du DEFFAND et la toute jeune espiègle et prometteuse Julie de LESPINASSE avec parfois en arbitrage l’amant de la première, le Président HÉNAULT. Un face-à-face d’une grande violence entre deux dames que tout oppose, sauf l’immense opportunisme. Il sera question de l’affaire CALAS, de religion, mais aussi de l’Encyclopédie que préparent DIDEROT et D’ALEMBERT. Les deux femmes, dans un véritable duel, vont mener un cruel jeu de joutes oratoires (Julie : « Je vous plains », Marie : « Tenez-vous-en à l’insolence, elle vous convient mieux que la pitié »).

Trois pièces de théâtre d’allure classique et de haut vol par le ton et les dialogues cisaillés et parfaitement documentés pour replonger dans trois siècles différents mais avec des enjeux parfois similaires. Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’excellente émission télé historique française des années 1950 et 1960 « La caméra explore le temps » (retirée de l’antenne en 1966 pour avoir dressé un portrait trop positif (donc déplaisant au pouvoir gaulliste) des Cathares, mais ceci est une autre histoire). Donc forcément, on se régale si tant est que l’Histoire de France et ses vicissitudes nous intéressent. Trois pièces remarquables et très agréables à lire, ici compilées en un volume en 1994.

(Warren Bismuth)

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