dimanche 27 octobre 2019

Larry WATSON « Montana 1948 »


David HAYDEN est un pré-ado de 12 ans issu d’une famille de shérifs, trois générations d’hommes à l’étoile le précèdent. Il est secrètement amoureux de Marie, la gouvernante de famille, plus âgée que lui. Cette dernière, de sang peau-rouge, tombe malade. L’oncle de David, Frank (frère du père) est appelé au chevet de la jeune femme en sa qualité de médecin. Seulement Frank traîne derrière lui des casseroles d’attouchements voire de viols sur patientes. Pas n’importe lesquelles, des malades indiennes. Marie semble être au courant de ses outrages et refuse qu’il s’approche. Il le fait néanmoins. Peu de temps après, Marie agonise et finit par mourir.

David souhaiterait comprendre pourquoi Marie a tant crié avant de mourir, il va judicieusement se cacher à plusieurs reprises afin de surprendre les conversations de ses parents à propos du docteur mystérieux. Ils connaissent la vérité mais gardent le silence. Frank est bien un prédateur sexuel, ses proies sont les femmes indiennes. Oh certes, toute la famille porte en piètre estime ces sauvages, ces tribus refusant le matérialisme et cette civilisation occidentale axée sur le profit et le progrès, mais la mort de Marie sonne comme un abus de trop dans le CV déjà chargé du tonton. La famille va devoir ménager la chèvre et le chou, le papa faire son boulot de shérif faisant respecter la loi, tout en tentant de ne pas faire éclabousser les exactions de Frank sur ses proches. Il va finir par l’enfermer dans la cave de la maison familiale…

Roman noir typiquement états-unien, ambiance sale mais pas suffocante, l’intrigue vue par les yeux de David y étant pour beaucoup. Il est bref et se lit calmement. L’auteur parvient à bâtir une atmosphère âpre sans en rajouter, faisant revivre le quotidien d’une famille du milieu du XXe siècle dans une région dure. Les personnages sont crédibles et pour tout dire attachants. L’autorité blanche sur les populations indienne est dénoncée sans trémolos, brièvement, sans détours.

Ce livre paru dans sa version originale en 1993 fut tout d’abord traduit et sorti en France en 1996 puis 1998 en poche. C’est en 2010 puis 2017 que les éditions Gallmeister le rééditent également en poche. Il est parfaitement à sa place chez cet éditeur, il est simple d’accès avec des personnages charpentés et une intrigue minimale qui pourtant tient en haleine.

https://www.gallmeister.fr/

(Warren Bismuth)

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