mercredi 27 juillet 2022

VERCORS « Sillages »

 


Pour sa deuxième participation du mois au challenge « Les classiques c’est fantastique » des blogs Au milieu des livres et Mes pages versicolores sur ce thème du « Bord de mer », Des Livres Rances a ouvert un vieux roman de VERCORS, « Sillages ». Il n’aurait pas dû…

Nous sommes au lendemain de la deuxième guerre mondiale, en octobre 1945 plus précisément, et un bateau s’apprête à quitter le port de Bordeaux pour se rendre aux Etats-Unis. Parmi les passagers se trouve le narrateur du récit. Les places dans les paquebots étant réservées pour les anciens soldats américains de la guerre, il n’a pu trouvé une place que dans un modeste cargo avec couchettes, le Lewis Carroll.

La traversée devrait se dérouler en 22 jours sur cette sorte de coquille de noix par la qualité toute grossière de sa construction. L’action se porte sur Laurel Hardy, chef mécanicien, et l’on apprend très tôt dans le roman qu’il va mourir. En attendant, le bateau appareille puis est forcé de faire une escale aux Açores, alors que le lectorat fait connaissance avec quelques figures des passagers, notamment cette mystérieuse madame Hardy.

Laurel Hardy tombe à l’eau en pleine nuit, aucun passager ne remarque son absence immédiatement. Quand enfin il faut se rendre à l’évidence, le navire fait demi-tour, l’équipage étant bien décidé à repêcher l’homme à la mer.

Ne tergiversions pas plus : « Sillages » est un roman raté de VERCORS. Jamais on ne croit à cette histoire de naufragé qui, en plein soleil, nage 12 heures d’affilée, sans même un bout de bois auquel se raccrocher alors que des oiseaux cruels lui piquent le crâne. Que le bateau fasse demi-tour, passe encore, même si l’on applaudit la naïveté de son équipage. L’homme tombé dans le bouillon se remémore les moments et le parcours avec son ancienne fiancée Armadine (la femme du bateau si vous avez bien suivi) pour ne pas s’endormir. Il remonte le fil du temps, exhibant une aventure amoureuse un brin cucul la praline (sortez les violons, même s’ils sont désaccordés !), avec les inévitables secrets enfouis qui rejaillissent.

Mais que dire de ces rebondissements qui n’en sont pas, de ces personnages caricaturaux qui souhaiteraient que l’on ne retrouve pas Hardy ? Quant au narrateur, en position dominante au début du récit, il disparaît soudainement sans que l’on sache vraiment pourquoi. Bref, je ne m’étendrai pas plus sur ce roman, ne souhaitant pas égratigner un peu plus VERCORS, auteur que d’ailleurs je respecte de toute mon âme. Mais parfois il faut se rendre à l’évidence : les grands crus peuvent avoir le goût de bouchon. Bref (heureusement !) roman sorti en 1972, il se perdra du côté des Açores de ma mémoire…

 (Warren Bismuth)



3 commentaires:

  1. J'aime particulièrement la conclusion de ta chronique. De Vercors, je n'ai lu que Le Silence de la mer (je devais être au collège) et j'en garde un souvenir flou.

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  2. Des Livres Rances29 juillet 2022 à 23:07

    J'adore Vercors, l'homme comme l'écrivain, et bien sûr en tant que membre fondateur des éditions de Minuit, mais ce roman est un naufrage !

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  3. Je dois encore lire Le silence de la mer... Celui-ci ne passera pas par moi 😅

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