samedi 10 février 2018

Léon VOITUR « Révolution Mondiale Immédiate »


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Encore un bouquin des éditions L'ESPACE D'UN INSTANT à ranger dans le rayon des inclassables. Ce recueil est fait de 51 communiqués brefs, parfois très brefs même. Ces communiqués peuvent prendre la forme d'un tract (dans le ton), d'un poème surréaliste en prose, d'un dessin agressif et un tantinet surréaliste aussi, mais surtout d’un manifeste violent et désespéré contre la société du spectacle. Le dernier communiqué, le plus long, est une pièce de théâtre mettant en scène neuf personnages monologuant tour à tour, le contenu restant très sombre, très virulent, véhément et contre tout artifice, la décroissance brandie comme un étendard de ce Léon VOITUR dont le pseudonyme serait bien une fusion entre la « Leon » d’une marque espagnole connue et la voiture qu’elle représente. Vous aurez bien entendu noter l’allusion dans le titre au sigle R.M.I., l’ancêtre du R.S.A. Le contenu de ce tout fut mis en scène au théâtre en 1996 en deux fois (la première pièce pour les 50 premiers communiqués sous le même nom que le présent recueil, la seconde pour le dernier communiqué sous le nom « Sous l’écaille du dragon : le meeting idéal »), c’est-à-dire un peu après la parution du bouquin (édité en 1995), et possède un ton foutrement situationniste, l'ombre de Guy DEBORD voire de Raoul VANEIGEM semble planer lourdement sur chaque page, un DEBORD comme omniprésent. Une très forte pincée de nihilisme englobe le tout, une mauvaise et agonisante digestion post-soixante-huitarde, celle de la déception, de la désillusion, comme celle qui hanta Léo FERRÉ. Il y a d'ailleurs du FERRÉ dans ces textes violents, un brin moralistes, toujours individualistes, qui peuvent rappeler le mouvement PROVO hollandais des années 1960. On y décèle aussi l'empreinte (volontaire ?) d'UNABOMBER. C'est violent, excessif, sans concession ni fioriture ni franchement de recul, c’est anarcho-dévastateur, plutôt bien écrit et tout à fait dans la lignée des groupuscules révolutionnaires d’extrême gauche des années 70, ça fleure bon la fin du monde par son pessimisme sans retenues, encore que certains communiqués laissent place à une proposition pour l’avenir. Cette « révolution » en marche épingle sans filet les révolutions passées pour ne pas recommettre les erreurs passées. C’est aiguisé au possible, et le mot qui ressort de ces 120 pages coups de poings est sans l’ombre d’un doute Nihilisme. Difficile de trouver un coin d’optimisme dans ce recueil.


(Warren Bismuth)

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