dimanche 25 mars 2018

Pierre LEMAÎTRE « Couleurs de l’incendie »


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Après 5 années d'attente enfiévrée, 2018 a vu la sortie de la suite de la trilogie initiée par LEMAÎTRE avec « Au revoir là-haut », « Couleurs de l'incendie ».

Après une fin tragique et la mort d'Édouard Péricourt dans le volume précédent, on débute le tome 2 sur les obsèques de Marcel Péricourt, ce qui laisse sa fille, Madeleine et son petit-fils, Paul, à la tête de l'empire bancaire du vieil homme. Voilà pour la théorie. En pratique, Paul choisit de se donner en spectacle lorsque le convoi s'ébranle vers le cimetière (I believe I can fly) et ça rajoute un peu de glauque à l'enterrement (au cas où ça aurait été la fête).

Cet événement (même s'il apparaît au tout début du roman, je ne vous dirai pas de quoi il en retourne) a le mérite de poser le décor séance tenante : on y découvre tous les protagonistes. Ils sont nombreux, pleins de faux-semblants et surtout jaloux, vaniteux et sans scrupule.

Ça sent le pâté chez les Péricourt, Madeleine est fort mal entourée, fort mal conseillée et elle se débat pour maintenir un équilibre précaire, qui finira par s'effondrer. On incrimine nécessairement un problème de karma vu l'ampleur du désastre.

Ce deuxième opus est entièrement centré sur le personnage de Madeleine et je pense que nous étions loin d'imaginer sa force de caractère. On la découvre dans le volume précédent, héroïque, dévouée, têtue, on la retrouve à l'identique, puissance 1000. C'est un de ces personnages féminins très forts dont la littérature se dote généralement trop peu, et qui envoie une calotte monumentale aux bonhommes qui faisaient les malins jusque là. Faut pas lui casser les ovaires à Madeleine, et c'est d'une main de fer dans un gant de velours qu'elle remet tout le monde au pas. On découvre le petit Paul, tout juste né dans le roman précédent, qui là, va grandir, suivre un chemin bien singulier et devenir, cela n'engage que moi, un personnage assez pénible mais qui va servir la dimension historique que LEMAÎTRE a voulu donner à son roman (dans la même veine que « Au revoir là-haut »). Nous faisons la connaissance de Vladi, l'infirmière polonaise fantasque ; nous suivons Léonce, André, Charles et tant d'autres qui n'auront de cesse de semer le trouble.

Toute l'intrigue est profondément ancrée dans l'histoire : les obsèques de Marcel Péricourt ont lieu en 1927 et la France assiste à cette période d'entre-deux guerres, à la montée du national-socialisme outre-Rhin, à l’essor de la presse, à la politique fiscale bien particulière d'une nation qui doit se reconstruire après la première guerre mondiale. Le tout est servi par une plume de qualité, celle à laquelle nous étions habitués. C'est parfois drôle, toujours cruel et surtout brillant.

Maintenant je croise les doigts pour que le prochain opus, le dernier de la trilogie, ne mette pas 5 longues années à sortir... la question étant, qui sera au centre de la dernière intrigue !

(Emilia Sancti)


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