Après 5 années d'attente enfiévrée, 2018 a
vu la sortie de la suite de la trilogie initiée par LEMAÎTRE avec « Au
revoir là-haut », « Couleurs de l'incendie ».
Après une fin tragique et la mort d'Édouard
Péricourt dans le volume précédent, on débute le tome 2 sur les obsèques de
Marcel Péricourt, ce qui laisse sa fille, Madeleine et son petit-fils, Paul, à
la tête de l'empire bancaire du vieil homme. Voilà pour la théorie. En
pratique, Paul choisit de se donner en spectacle lorsque le convoi s'ébranle
vers le cimetière (I believe I can fly) et ça rajoute un peu de glauque
à l'enterrement (au cas où ça aurait été la fête).
Cet événement (même s'il apparaît au tout
début du roman, je ne vous dirai pas de quoi il en retourne) a le mérite de
poser le décor séance tenante : on y découvre tous les protagonistes. Ils
sont nombreux, pleins de faux-semblants et surtout jaloux, vaniteux et sans
scrupule.
Ça sent le pâté chez les Péricourt,
Madeleine est fort mal entourée, fort mal conseillée et elle se débat pour
maintenir un équilibre précaire, qui finira par s'effondrer. On incrimine
nécessairement un problème de karma vu l'ampleur du désastre.
Ce deuxième opus est entièrement centré sur
le personnage de Madeleine et je pense que nous étions loin d'imaginer sa force
de caractère. On la découvre dans le volume précédent, héroïque, dévouée,
têtue, on la retrouve à l'identique, puissance 1000. C'est un de ces
personnages féminins très forts dont la littérature se dote généralement trop
peu, et qui envoie une calotte monumentale aux bonhommes qui faisaient les
malins jusque là. Faut pas lui casser les ovaires à Madeleine, et c'est d'une
main de fer dans un gant de velours qu'elle remet tout le monde au pas. On
découvre le petit Paul, tout juste né dans le roman précédent, qui là, va
grandir, suivre un chemin bien singulier et devenir, cela n'engage que moi, un
personnage assez pénible mais qui va servir la dimension historique que
LEMAÎTRE a voulu donner à son roman (dans la même veine que « Au revoir
là-haut »). Nous faisons la connaissance de Vladi, l'infirmière polonaise
fantasque ; nous suivons Léonce, André, Charles et tant d'autres qui
n'auront de cesse de semer le trouble.
Toute l'intrigue est profondément ancrée
dans l'histoire : les obsèques de Marcel Péricourt ont lieu en 1927 et la
France assiste à cette période d'entre-deux guerres, à la montée du
national-socialisme outre-Rhin, à l’essor de la presse, à la politique fiscale
bien particulière d'une nation qui doit se reconstruire après la première
guerre mondiale. Le tout est servi par une plume de qualité, celle à laquelle
nous étions habitués. C'est parfois drôle, toujours cruel et surtout brillant.
Maintenant je croise les doigts pour que le
prochain opus, le dernier de la trilogie, ne mette pas 5 longues années à
sortir... la question étant, qui sera au centre de la dernière intrigue !
(Emilia Sancti)
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