Je suis friande de romans
post-apocalyptiques, sujet que j'ai approfondi et je peine souvent à trouver de
bons bouquins que je n'aurais déjà lus. Je tombe par hasard sur « Dans la
forêt », de Jean HEGLAND, publié en 2017 chez GALLMEISTER. J'entame
joyeusement ma lecture, hyper motivée par un pitch qui me parle dès les
premières lignes.
L'histoire : c'est la fin des
haricots ! Plus d'électricité ! Nell et Eva, 17 et 18 ans sont
retranchées avec leur père dans une maison isolée, dans la forêt. Court le
bruit qu'en ville, une épidémie de grippe se propage en laissant derrière elle
un long sillage de cadavres. Il s'agit de survivre maintenant, à l'écart de la
société, conserver un semblant de normalité, lutter contre un quotidien qui
nous mène la vie de plus en plus dure.
Ce qui m'a attiré dans ce livre, c'est le
réalisme de la situation : un effondrement énergétique est plus probable
qu'une épidémie qui transformerait le monde en déambulateurs assoiffés de sang
et de chaire, la « grippe » est aussi un « possible »,
certes glaçant, mais probable. C'est intéressant de comprendre par flash-back
de quelle manière le quotidien des deux jeunes filles a fini par s'effondrer,
on y comprend leurs amitiés, leurs amours, leurs joies, leurs passions. Qu'en
reste-t-il dans leur maison au fond des bois ?
Deux jeunes femmes qui luttent pour leur
survie, jusque là tout va bien. Jusque là. On rentre vite dans un festival du
n'importe quoi. Attention, les prochaines lignes pourraient vous éclairer sur
le contenu du bouquin.
La maison isolée. Isolée certes, mais à
portée de la ville la plus proche, compliqué dans ce cas d'imaginer qu'elles ne
vont recevoir QUE deux funestes visites tout le temps de leur isolement.
Les clichés : petite touche de
lesbianisme (cela sert-il vraiment le propos ?), parenthèse trash (viol) mal
exploitée (une réalité certes mais pas vraiment bien utilisée). Une histoire
d'amour mièvre, tout est bien propret, ou le redevient très vite.
Je m'attendais, dans la dernière partie du
livre à ce que se repointe le réel vitesse grand V, je voyais une mort, un
tabou qui serait malmené (je me force à ne pas dire quoi), non. C'est un peu
cruel de dire que j'ai été déçue mais cela aurait clairement servi le réalisme
de cette œuvre. Je me demande d'ailleurs si l'auteur s'est vraiment renseigné
sur le processus de lactation (aaaah vous allez deviner de quoi il s'agit).
Je suis aussi très admirative des qualités
de cueilleuse de l'une des frangines, qui gère la fougère (ahaha) quand il
s'agit de trouver du premier coup d'oeil, grâce à son bouquin LA plante
médicinale qui va bien (bien entendu cette phrase est complètement ironique).
La fin est lunaire, complètement lunaire.
Soit les protagonistes ont abusé de certaines herbes de la forêt, soit
l'isolement et les traumas les ont fait dérailler sur une voie à laquelle je
n'ai plus accès. Le mystère reste entier.
À sa décharge, c'est un roman qui se lit
très vite et qui reste qualitatif au niveau de l'écriture compte tenu du genre
qui a donné parfois lieu à des productions littéraires médiocres, là on est
quand même dans quelque chose qui tient la route d'un point de vue style. Les
personnages, je le regrette, ne sont pas spécialement attachants mais on devine
une ambiance forestière, faite d'humus et d'écorces, sous une chape d'humidité
réconfortante. C'est mieux que rien.
Je vous engage néanmoins à y entrer, vous
serez peut-être moins exigeant-e que moi !
(Émilia Sancti)
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