Pierre LEMAÎTRE est un incontournable du
polar français, et comme je suis friande de ce genre, forcément j'ai tout
dévoré. En 2013, voilà que je n'ai plus rien à me mettre sous la dent sauf « Au
revoir là-haut ». Je l'ouvre, je le referme au bout de 2 pages. Trop
pleine de ses polars et de Camille Vanderhoeven, je n'arrive pas à accrocher un
autre style, malgré sa plume talentueuse.
Mars 2018, ça commence à bien faire, ça fait
presque 5 ans que j'entends les gens se pâmer à la lecture de ce bouquin,
j'aime beaucoup les récits de guerre, j'adore LEMAÎTRE, ET son nouveau bouquin,
« Couleurs de l'incendie », la suite, vient de sortir en début
d'année. Je me colle un coup de pied aux fesses, ultra brieffée par ma copine
Isa qui a adoré (forcément) et je commence ma lecture.
L'histoire : la guerre de 14-18,
l'horreur, la mort, la survie. Le déshonneur, le champ d'honneur, les camarades
qui n'en sont pas. La guerre ce n'est pas qu'une boucherie livrée entre deux
nations ennemies, c'est aussi la place où les caractères se révèlent (et pas
les meilleurs).
Ils n'étaient pas amis, nos deux poilus,
Edouard Péricourt, fils de notable et Albert Maillard, d'extraction populaire,
et pourtant la dernière offensive organisée par le lieutenant Pradelle, va les
lier, à la vie à la mort. On pourrait parler de trio d'ailleurs car le
lieutenant va aussi suivre Edouard et Albert tout au long du roman. Devrais-je
dire quatuor avec la tête de cheval ? La réhabilitation des poilus, c'est
déjà une vraie problématique mais quand l'un d'entre eux est une gueule cassée,
c'est mission impossible. On les a chantés, on les a acclamés, ils ont bouffé de
la tranchée, ils ont ramassé les corps mutilés de leurs camarades tombés au
feu, on les a gazés mais quand ils reviennent on les remercie, on les congédie,
on leur crache dessus. Les vrais héros sont ceux qui ne sont pas revenus. Les
autres, on aimerait qu'ils disparaissent avec leurs mutilations, leurs
cicatrices, au corps et à l'âme.
Au revoir là-haut c'est un combat pour la
réhabilitation, c'est une histoire d'amitié, ou plutôt de nécessité, c'est une
société peinte au vitriol, ce sont des caractères forts, aussi bien masculins
que féminins (Madeleine, Louise). Je vais passer sur l'entreprise menée par
Pradelle (on dirait le « Bel Ami » de MAUPASSANT mais en version
super méchant) et sur celle, géniale, de Péricourt et d'Albert. Je ne ferai pas
de redondance : c'est historiquement un petit bijou, très bien documenté
dont une partie de l'intrigue est tirée de faits réels (glaçants d'ailleurs).
LEMAÎTRE est un maître (on applaudit mon
trait d'esprit), il manie toujours aussi bien la plume, quel que soit le genre,
je sors ravie de cette lecture, avec des images plein la tête, et un amour
infini pour Edouard. Vous comprendrez pourquoi en le lisant, les presque 600
pages filent à toute allure, sont riches d'une jolie langue française et
parsemées de détails historiques, joliment ordonnées par la plume de ce grand
écrivain. Oui oui, je le pense, et ils ne sont pas si nombreux les Goncourt que
je trouve justifiés.
Bon, vivement que je termine mon autre
bouquin que je passe à la suite.
(Emilia Sancti)
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