Vous
vous souvenez peut-être de ce «Capitaine Tikhomiroff » que l'on vous avait
présenté ici même, une BD de 2017 où le héros devait en découdre avec la
Révolution russe puisqu'étant dans le camp de l'armée blanche bientôt vaincue.
En
fait cet album faisait suite à un autre, sorti l'année précédente. C'est celui
présenté maintenant sous vos yeux ébahis (applaudissements). Étrangement le
premier volume se déroule après le second, de quoi nous perdre dans nos certitudes
rationnelles. Algérie années 50 et 60, la guerre vue par une descendance du
capitaine évoqué plus haut.
Un
autre Tikhomiroff pour une autre page ineffaçable de l'Histoire. Tikhomiroff et
son service miliaire, soldat appelé en vue de la pacification
outre-méditerranéenne du côté de Cherchell, ville algérienne au bord de la mer
qui a tout l'air d'un paradis. En temps de paix.
Comme
beaucoup d'appelés du contingent, 27 mois, pas moins, de glandouille, de
combats, de chaleur, de froid, de guet-apens, de tensions ethniques, etc., avec
des fusils vieillots, non fonctionnels. Puis il y a les faits : la
colonisation, les lynchages, les tortures, un quotidien malheureusement
tellement banal dans un pays, pardon un département à feu et à sang. Les événements
sont cités, sans insister, comme une évocation des faits divers cruels,
terribles, tout ce qu'a vu le soldat Tiko, du plus au moins mignon, du plus au
moins racontable.
Le
cauchemar jusqu'au bout après qu'à son retour en France, et alors qu'il croyait
pour lui la guerre terminée une fois pour toutes, l'O.A.S. a décidé de
continuer les hostilités coûte que coûte, même en métropole, attisant la
psychose générale. Pour Tiko comme pour les autres, la réinsertion va être
compliqué et la guerre va jouer les prolongations.
Les
dessins de NOCQ sont assez expurgés, que du crayon de papier, du bon vieux noir
et blanc des familles, des perspectives assez académiques voire
conventionnelles, mais qui n’empiètent pas sur le fond de l'affaire, cette
Algérie meurtrie et ces soldats courant comme des poulets sans tête.
Cette
BD est une adaptation du bouquin d'Alexandre TIKHOMIROFF « Une caserne au
soleil – SP 88469 », une version visuelle et sensitive. Car oui, comme son
aïeul, ce TIKHOMIROFF a bien existé, il a raconté ce qu’il a vu, NOCQ l’a mis
en images. Chouette boulot de reconstitution historique, de récit de vie dans
un album qui se lit tout seul et se regarde agréablement. Sorti en 2016 chez La
Boîte à Bulles.
(Warren Bismuth)
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