Nominée
au Goncourt du premier roman 2018 (remporté par Mahir GUVEN, chroniqué ici
même), Myriam LEROY nous livre, dans « Ariane », une histoire
d'amitié vénéneuse.
La
narratrice est fade, sans particularité aucune lui permettant de se distinguer
de ses autres camarades, plate et sans saveur presque. La popularité ne lui est
pas assurée dans la cour du collège, et ce ne sont pas non plus ses parents
prolétaires qui vont lui offrir le devant de la scène. Que nenni. Alors elle s'entiche d'Ariane, une jeune fille
à la fois solaire et lunaire et pour le moins charismatique. Osant tout,
jusqu'à s'éprendre de notre narratrice grise, elle lui ouvre les portes d'un
autre monde, celui de parents cool, d'activités fantasques et de confessions
adolescentes. Tour à tour insultantes l'une envers l'autre, comme un témoignage
d'amour profond, les coups de fil s'enchaînent, les heures passées isolées des
autres s'égrènent, elles se suffisent à elles même. Moqueuses, voire cruelles,
personne n'échappe à ce duo incongru, après avoir été souffre-douleur, voilà
notre narratrice dans le rôle du bourreau.
Ariane,
elle n'est pas très stable, et elle entraîne son amie sur les pentes
vertigineuses de la consommation alcoolique, lui apprend à jouer de ses charmes
jusqu'à se mettre en danger, draguant des hommes plus que mûrs et surtout
enclins à être séduits par des gamines de 13 ans. L'expérimentation va loin.
Myriam
LEROY parle à la première personne, à l'âge adulte, de cette amitié passée,
après avoir appris la mort d'Ariane, prématurément. Une histoire violente qui a
laissé des séquelles dans la vie de la narratrice qui avoue sans vergogne qu'aucune
histoire d'amour ne l'aura faite autant souffrir que celle qu'elle a pu vivre
avec Ariane, qui même séparée d'elle, a réussi à venir la hanter. Hanter est le
bon terme : il faut la craindre cette Ariane, qui laisse son empreinte
malsaine partout où elle passe.
Je
ne sais que penser de ce roman : l'histoire est intéressante, bien traitée
mais le verbe est ampoulé, la phrase trop tarabiscotée, ça sent parfois,
malheureusement beaucoup trop l'exercice de style et la performance littéraire
que l'évocation. Cette impression était tenace sur toute la première moitié du
roman puis s'efface peu à peu, peut-être par habitude de lecture. Néanmoins le
sujet est maîtrisé et les mots claquent, tout comme cette histoire, ô combien
banale, d'une amitié féroce et dont on en se remet jamais. Un beau tableau
clinique d'Ariane, joliment hystérique et aux comportements troublants.
Un
roman à découvrir, tout comme son auteure, que je suivrai, pour savoir si son
style s'allège un peu. Et c'est chez Don Quichotte Éditions.
Émilia Sancti
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