dimanche 13 décembre 2020

Elise FONTENAILLE « Kill the Indian in the child »

 


C’est une histoire horrible mais vraie que nous conte Élise FONTENAILLE dans ce court roman destiné à la jeunesse, mais les adultes y apprendront également un moment de l’histoire fort peu reluisant.

Dans les années 60, un jeune indien ojibwé de 11 ans, Mukwa, est envoyé dans un pensionnat religieux du nom de Sainte-Cécilia. Là-bas, il perd son prénom pour devenir un numéro, le quinze. Il doit oublier sa langue maternelle pour ne plus s’exprimer qu’en anglais. Tout de suite, les coups, les intimidations, les humiliations pleuvent, la nourriture est infecte, tous les élèves doivent assister à sept messes par jour. Dans ce récit, la période du déroulement de l’action est notifiée par des indices : « Un homme venait de marcher sur la Lune pour la première fois, et nous, nous jetions au feu des os de bêtes sauvages pour y lier notre avenir ».

Dans cette institution, l’ordre religieux est strict, autoritaire et surtout démoniaque. La violence psychologique est profonde et quotidienne, avec même la présence des prêtres pédophiles sûrs de leur bon droit. Une abomination. Ces écoles ont été jusqu’à une centaine au Canada, avec comme mot d’ordre « Kill the Indian in the child ». Les prendre dès le berceau ou presque pour les lobotomiser en quelque sorte. Je n’exagère pas : le héros malheureux de ce roman historique sera victime du supplice de la chaise électrique. À 11 ans oui. Détruire sciemment un individu et par là même tout un peuple, voilà le but.

Des évasions vont se préparer, se concrétiser. Le corps froid de Mukwa sera retrouvé en partie recouvert par la neige, suite à la fuite du jeune homme. Ce roman est basé sur une histoire vraie, sordide et nauséeuse. Les faits se sont passés en l’occurrence dans les années 1960, mais plus globalement de tels sévices eurent lieu dans le pays sur plusieurs décennies. Le dernier établissement ne sera fermé qu’en 1996.

Élise FONTENAILLE fournit encore une fois un remarquable travail de mémoire pour conscientiser la jeunesse. Sur les abus dont furent victimes des jeunes gens. La mission était, comme l’indiquait le slogan, de tuer l’indien qui était dans l’enfant. Les moyens mis en œuvre furent au-delà du répugnant. Mais la conscience de Mukwa, celle qui survit à ces atrocités nous met en garde sur la possibilité de voire renaître de telles saloperies. Ce récit est dur car violent envers les « autochtones », ceux que l’on a parqués dans des réserves, mais ce n’était pas assez, il fallait les humilier un peu plus, leur faire perdre leur dignité.

Bref roman sorti en 2017 aux éditions Oskar, il montre, si toutefois vous en doutiez encore, que la barbarie envers ceux que l’on appelle injustement les indiens a perduré bien après le début du XXe siècle. C’est un livre pour l’éveil des consciences, et par ce biais-là il se doit d’être lu par notre jeunesse.

(Warren Bismuth)

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