samedi 11 novembre 2017

Evguéni ZAMIATINE « L’inondation » + 2 nouvelles


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« L’inondation » : Adeptes de la sinistrose, soyez ici comblez ! Une nouvelle de ZAMIATINE à faire pâlir de jalousie les plus obscurément nihilistes d’entre vous ! Dans les années 1920 en Russie (pardon, en U.R.S.S.) un couple banal de la quarantaine bat de l’aile dans un immeuble vétuste : Trofim Ivanyvitch et sa femme Sophia, sans enfants. Leur voisin du dessus, un menuisier veuf, se meurt et finit par rendre l’âme. Le couple décide de récupérer son enfant Ganka, une adolescente. Rien ne se passe comme prévu car si Ganka est parfaitement acceptée par Trofim Ivanovytch, elle rejette Sophia qui le lui rend bien. Trofim et Ganka se rapprochent de plus en plus, jusqu’à devenir amants au vu et au su d’une Sophia se réfugiant dans sa noirceur. C’est alors qu’une inondation d’une violence inouïe se répand dans les rues de la ville et emporte tout sur son passage avec notamment la Neva qui sort de son lit. Soudain, une hache va s’abattre sur une tempe… Longue nouvelle de grand style, épurée mais très dense, « L’inondation » est l’un de ces petits joyaux lus en une heure qui vous trotte dans la tête pendant longtemps. Car ce couple représente l’U.R.S.S. Stalinienne balbutiante entraînant déjà misères et mort du peuple dans son sillage (l’inondation). Écrite en 1929 cette nouvelle précède de deux ans l’exil de ZAMIATINE pour la France. Alors qu’il est à Saint Pétersbourg rebaptisé Leningrad depuis 1924, il note le lieu et date de l’écriture du texte « Pétersbourg 1929 », encore une manière de son refus de se plier au diktat Bolchevik. ZAMIATINE fut un éternel pourchassé : emprisonné sous le tsarisme car soupçonné de sympathie Bolchevik, puis sous le régime Bolchevik car accusé de propagande contre-révolutionnaire, et bien sûr censuré par les deux régimes. Il disait en 1921 « Je crains que la littérature russe n’ait bientôt qu’un seul avenir : son passé ». Cette « inondation » est l’un de ses écrits devenus les plus connus, c’est aussi une nouvelle glaciale et divinement écrite. Elle a été éditée à diverses reprises en France, la version proposée est celle de chez ACTES SUD/SOLIN sortie en 1988, mais il existe par exemple une édition bien plus récente (2013) chez SILLAGES. Le réalisateur Igor MINALEV l’a portée à l’écran en 1994 avec Isabelle HUPERT.
« La montre » : Très courte nouvelle visiblement écrite en 1934, soit trois ans avant la mort de l’auteur. L’action se déroule à Leningrad où Saïzer a bien réussi sa vie à travailler le bois. Il n’est pas indifférent à sa secrétaire Verotchka et compte bien le lui signifier. Il veut exhiber sa richesse par une montre en or, symbole de la réussite sociale. Verotchka semble ne même pas remarquer la présence de cette montre, jusqu’à ce que Saïzer, offrant du feu à un homme dans la rue, se rend compte que sa montre lui a été dérobé. C’est lorsqu’il était exilé à Paris que ZAMIATINE a écrit cette micro-nouvelle. Toute l’atmosphère de ses écrits est ici esquissée et vaut bien que vous laissiez filer une demi-heure à vous pencher sur ce texte.
« Le miracle du mercredi des cendres » : Très courte nouvelle là encore, de 1924, où un chanoine et un archevêque font visiblement des choses peu orthodoxes. Un docteur représentant la science va s’entretenir avec le chanoine de la Sainte Vierge. Nouvelle où des sujets comme l’homosexualité (sans doute très mal venu chez les Soviets !), la religion, les péchés sont traités de manière burlesque et grotesque. Pourtant le fond est on ne peut plus sérieux. ZAMIATINE s’attaque de front à des thèmes tabous.
Je n’ai personnellement trouvé ces deux nouvelles qu’en version « pdf » et « epub », vous pouvez donc les lire de votre ordinateur ou les transférer sur votre lieuse. Elles sont lisibles sur l’excellent site « BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE » ou nombre d’écrits d’auteur.e.s russes ou slaves tombés dans le domaine public sont consultables gratuitement. Une vraie mine d’informations. La même « BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE » édite des romans russes à des prix dérisoires en ebooks. Nous y reviendrons. Un site de référence.

(Warren Bismuth)


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