« L’inondation » : Adeptes
de la sinistrose, soyez ici comblez ! Une nouvelle de ZAMIATINE à faire
pâlir de jalousie les plus obscurément nihilistes d’entre vous ! Dans les
années 1920 en Russie (pardon, en U.R.S.S.) un couple banal de la quarantaine
bat de l’aile dans un immeuble vétuste : Trofim Ivanyvitch et sa femme
Sophia, sans enfants. Leur voisin du dessus, un menuisier veuf, se meurt et
finit par rendre l’âme. Le couple décide de récupérer son enfant Ganka, une
adolescente. Rien ne se passe comme prévu car si Ganka est parfaitement
acceptée par Trofim Ivanovytch, elle rejette Sophia qui le lui rend bien.
Trofim et Ganka se rapprochent de plus en plus, jusqu’à devenir amants au vu et
au su d’une Sophia se réfugiant dans sa noirceur. C’est alors qu’une inondation
d’une violence inouïe se répand dans les rues de la ville et emporte tout sur
son passage avec notamment la Neva qui sort de son lit. Soudain, une hache va
s’abattre sur une tempe… Longue nouvelle de grand style, épurée mais très
dense, « L’inondation » est l’un de ces petits joyaux lus en une
heure qui vous trotte dans la tête pendant longtemps. Car ce couple représente
l’U.R.S.S. Stalinienne balbutiante entraînant déjà misères et mort du peuple
dans son sillage (l’inondation). Écrite en 1929 cette nouvelle précède de deux
ans l’exil de ZAMIATINE pour la France. Alors qu’il est à Saint Pétersbourg
rebaptisé Leningrad depuis 1924, il note le lieu et date de l’écriture du texte
« Pétersbourg 1929 », encore une manière de son refus de se plier au
diktat Bolchevik. ZAMIATINE fut un éternel pourchassé : emprisonné sous le
tsarisme car soupçonné de sympathie Bolchevik, puis sous le régime Bolchevik
car accusé de propagande contre-révolutionnaire, et bien sûr censuré par les
deux régimes. Il disait en 1921 « Je
crains que la littérature russe n’ait bientôt qu’un seul avenir : son
passé ». Cette « inondation » est l’un de ses écrits devenus
les plus connus, c’est aussi une nouvelle glaciale et divinement écrite. Elle a
été éditée à diverses reprises en France, la version proposée est celle de chez
ACTES SUD/SOLIN sortie en 1988, mais il existe par exemple une édition bien
plus récente (2013) chez SILLAGES. Le réalisateur Igor MINALEV l’a portée à
l’écran en 1994 avec Isabelle HUPERT.
« La
montre » : Très courte nouvelle visiblement écrite en 1934, soit
trois ans avant la mort de l’auteur. L’action se déroule à Leningrad où Saïzer
a bien réussi sa vie à travailler le bois. Il n’est pas indifférent à sa
secrétaire Verotchka et compte bien le lui signifier. Il veut exhiber sa
richesse par une montre en or, symbole de la réussite sociale. Verotchka semble
ne même pas remarquer la présence de cette montre, jusqu’à ce que Saïzer,
offrant du feu à un homme dans la rue, se rend compte que sa montre lui a été
dérobé. C’est lorsqu’il était exilé à Paris que ZAMIATINE a écrit cette
micro-nouvelle. Toute l’atmosphère de ses écrits est ici esquissée et vaut bien
que vous laissiez filer une demi-heure à vous pencher sur ce texte.
« Le
miracle du mercredi des cendres » : Très courte nouvelle là
encore, de 1924, où un chanoine et un archevêque font visiblement des choses
peu orthodoxes. Un docteur représentant la science va s’entretenir avec le
chanoine de la Sainte Vierge. Nouvelle où des sujets comme l’homosexualité
(sans doute très mal venu chez les Soviets !), la religion, les péchés
sont traités de manière burlesque et grotesque. Pourtant le fond est on ne peut
plus sérieux. ZAMIATINE s’attaque de front à des thèmes tabous.
Je n’ai personnellement trouvé ces deux
nouvelles qu’en version « pdf » et « epub », vous pouvez
donc les lire de votre ordinateur ou les transférer sur votre lieuse. Elles
sont lisibles sur l’excellent site « BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE » ou
nombre d’écrits d’auteur.e.s russes ou slaves tombés dans le domaine public
sont consultables gratuitement. Une vraie mine d’informations. La même
« BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE » édite des romans russes à des prix
dérisoires en ebooks. Nous y reviendrons. Un site de référence.
(Warren
Bismuth)
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