Qui n‘a jamais entendu parler de la journaliste d’investigation
russe Anna POLITKOVSKAÏA ? Personne ou presque. Un nom de famille qui
résonne comme un véritable sacerdoce. Cette BD est une biographie de son combat
contre l’arbitraire, pour la liberté d’expression dans un pays écrasé par la corruption
et les intimidations. De la négociation sur le terrain avec les rebelles
tchétchènes en pleine prise d’otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou en
2002, en passant par la tentative de dialogue lors de la prise d’otages de
Beslan en 2004 dont nous avons récemment parlé en ces pages :
Cette fois-là la journaliste sera empêchée, un thé un peu trop
« chargé » l’empoisonne dans l’avion la menant vers les preneurs
d’otages, elle manque de mourir, s’en sort d’un poil. Ce n’est malheureusement
que partie remise. En 2006, le jour même des 54 ans de Vladimir POUTINE fêtés
avec faste, elle est fusillée dans la cage d’ascenseur chez elle, un ascenseur
pour l’échafaud, ou comment supprimer sans fioritures des témoins gênants, les
empêcheurs de trafiquer en rond. Une vie de combat, très résumée certes dans
cette BD, mais qui permet d’entrevoir l’ampleur du système mafieux en Russie,
mais également de trembler pour ces journalistes dans l’incapacité de faire
leur travail au-dessous d’une épée de Damoclès permanente. Le dossier de fin de
volume est très riche : biographie d’Anna et historique de la Russie post
soviétique succincts, portrait d’Anna par le journaliste italien Andrea
RISCASSI, longue interview d’un autre journaliste italien Paolo SERBANDINI, de
quoi pénétrer plus avant dans le sujet à propos du journalisme d’investigation
en général et sur les prises de risques effarantes d’Anna en particulier. Une
BD politique en noir et blanc, sur un sujet brûlant et un incendie loin d’être
éteint. Sortie à l’origine en 2010 en Italie, elle est traduite puis paraît en
France en 2016 chez STEINKIS.
(Warren Bismuth)
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