Une fois n’est pas coutume, un bouquin étudié au collège, une
pièce de théâtre plus précisément. Charlotte DELBO a été déportée pendant deux
ans durant la seconde guerre mondiale après avoir subi la perte de son mari et
cette Françoise de la pièce est le double de Charlotte. Pièce en deux actes
dont le premier se décline en deux tableaux : dans le premier, Françoise,
ancienne déportée, rencontre Werner, ancien nazi plus ou moins repenti, sur la
terrasse d’un bar d’Athènes vingt ans après la fin de la guerre. Le deuxième
tableau revient sur la relation de Françoise avec son mari, leur dernière
entrevue à la prison de la (mauvaise) Santé puis l’assassinat de celui-ci par
les milices. L’acte second est la suite de l’entretien de Françoise avec
Werner. Un Werner qui déclare avoir été faible, influençable, Françoise campant
sur ses positions de Résistance au nazisme, expliquant que la population
allemande connaissait le projet d’Hitler avant même la guerre, Werner gêné,
compatissant, souffrant d’avoir été lâche. Les dialogues sont étonnants, où
l’on sent Françoise à la fois respecter et haïr un interlocuteur qui vient de
voir en elle le sosie de sa propre femme morte durant la guerre. Certains
échanges sont très forts, implacables. Un Werner tombant immédiatement amoureux
d’une Françoise dont le cœur ne bat plus pour l’amour depuis la mort de son
mari. Le livre est bien documenté avec notamment une biographie expresse de
Charlotte DELBO, le contexte historique de la pièce, des repères également
historiques, des pages centrales représentants des œuvres en couleur de cette
période, et surtout en fin de volume des extraits du triptyque de Charlotte
DELBO consacré à Auschwitz, bien plus qu’une autobiographie de déportée. Ici,
on remarque bien également l’aspect autobiographique dans les dialogues. Ce que
l’on se demande toujours, c’est comment les collégien.ne.s vont prendre cette
pièce, car derrière le ton plutôt posé et calme des dialogues, il est bien
question d’horreur sans nom. Cette pièce fut écrite en 1967, nous vous
présentons une édition toute récente de 2017, 50 ans après, comme une
commémoration. Pour ne pas oublier.
(Warren Bismuth)
ibhyv
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