Sous le feu des projecteurs aujourd’hui une BD m’ayant été fortement
conseillée par plusieurs personnes, et comme je sais qu’elles sont sensibles à
mon bien-être et désireuses d’enrichir ma culture personnelle, j’ai emprunté
l’objet d’une main légère, confiante et intéressée. Pour le meilleur. Un sujet
très original traité ici : l’autisme d’Asperger. Je ne rentrerai pas dans
les débats au cours de cette chronique servant à soumettre un sujet et non de
le développer ni de l’analyser (j’en serais d’ailleurs bien incapable). Ce syndrome
d’Asperger est encore peu connu en France (on a un énorme retard sur ce point),
mais pour simplifier très grossièrement, une personne qui en est atteinte
souffre : dans ses relations sociales, du bruit au quotidien, d’un imprévu
« cassant » ses habitudes, ses nuits sont agitées, son discernement
sur « l’autre » n’est pas affûté (de fait elle ne porte aucun
jugement sur autrui), ses besoins de repères sont énormes. Pour mieux
comprendre et étendre le sujet il vous faudra lire cette excellente BD où
l’autisme d’Asperger est exposé sous les traits de Marguerite, atteinte du
syndrome, évoluant difficilement dans un quotidien angoissant pour elle. Nous
la suivons d’heure en heure, au travail, avec ses ami.e.s, dans sa relation de
couple, dehors en ville, mais aussi dans son cocon, son appartement, où là elle
se sent en sécurité. Les dessins sont tantôt gris (pour les périodes de doute
ou la routine), tantôt très colorés (pour les crises de panique ou au contraire
les moments de grand bonheur), toujours modernes, volontiers naïfs,
minimalistes, épurés. Les dialogues sont simples et les auteures évitent les
termes techniques qui pourraient détourner les lecteur.ices. En fin de volume,
une présentation de l’autisme en général, de celui d’Asperger en particulier,
points faibles, points forts, difficultés rencontrées. Cependant il n’est pas
dit s’il faut répondre à tous les critères ou seulement à une partie pour être
diagnostiqué.e Asperger, donc ce point est resté très flou dans mon esprit et a
engendré comme un trouble. Mais ruez-vous sur cette BD très ludique qui
développe un vrai sujet méconnu sans en tartiner à outrance de manière trop
scientifique, donc facilement accessible et pas élitiste. Et l’idée de
présenter un sujet un brin tabou par le biais d’une bande dessinée qui de
surcroît ne prend pas le chou est assez lumineuse, la BD devient un vrai média
d’informations sur l’actualité, ce serait dommage de ne pas en profiter. Sortie
en 2016 chez DELCOURT.
(Warren Bismuth)
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