Douze temps, soit douze séquences dans cette brève pièce de 2006 qui démarre comme du théâtre romantique, léger comme une feuille dans une ferme familiale arménienne. Claire va se marier. Sofia et Alex, ses frère et sœur, sont en pleins préparatifs pour l’événement. Par ailleurs, Alex écrit des vers. Sa sœur Sofia est une femme stressée avec un mari volage qui vit aux Etats-Unis. Les convives sont en retard. Attente. La tension monte. « J’ai l’impression que tu ne peux plus vivre avec les autres, que tu te terres dans ce village, dans cette maison, car tu as peur du monde qui t’entoure ». Quand soudain apparaît le spectre du génocide arménien.
Un an plus tard. « Il est mort comme sont mortes notre mère et nos sœurs. Sous nos yeux. Dans un bain de cris et de larmes. Dans une marée de sang et de sperme. Les Turcs sont arrivés, ils criaient « Ittihad ve Terraki ! » Union et progrès. Détruire tous les Arméniens parce qu’ils étaient catholiques, parce qu’ils n’étaient pas comme les autres, comme les Turcs, les Irakiens, les Syriens, les Iraniens ». Un désir de vengeance s’instaure dans le cœur d’Axel qui se souvient de cette cérémonie qui n’a jamais eu lieu, contrairement aux viols, aux exécutions sommaires, aux scènes violentes. Souvenirs insupportables.
Si « La valse des ombres » appuie où ça fait mal, elle est aussi un message d’espérance pour que la haine soit remplacée par l’écoute, la compréhension. Dans cette pièce Alex représente la haine, Sofia la modération. Ce texte est surtout une piqûre de rappel, pour ne pas oublier l’indicible, un massacre, un génocide.
Bruno Paternot est auteur de théâtre en langue française et occitane, on comprend le titre qu’il a choisi, « La valse des ombres », au douzième et dernier temps. Le tout est préfacé par Gohar Galustian et est sorti récemment aux éditions L’espace d’un Instant.
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(Warren Bismuth)
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