Pièce
de théâtre historique, elle raconte le déclenchement de la guerre des Camisards
le 24 juillet 1702. L’action se situe sur 24 heures au cœur des Cévennes, juste
avant l’assassinat par lynchage de l’Abbé DU CHAILA, bourreau des réformés,
meurtre qui viendra clore cette pièce. Dans celle-ci évoluent diverses idées de
croyances, catholiques et huguenotes, mais même dans ces deux catégories la foi
est variée, les objectifs surtout sont différents ! Il y a bien sûr chez
les huguenots de futurs Camisards (d’ailleurs le nom n’apparaîtra que l’année
suivante en pleine guerre Cévenole), modérés ou fanatiques, les grandes
gueules, puis les timides. Du côté catholique, outre l’immonde Abbé DU CHAILA
partisan de l’abjuration par la torture, il y a des prêtres plus mesurés sans
être cependant foncièrement pacifistes. Les dialogues sont documentés (certains
se trouvaient déjà en partie dans le film historique « Les
Camisards » de 1972). Chaque personnage représente une idéologie
visiblement implantée à cette époque en France religieusement parlant, du plus
inspiré au plus raisonnable, du plus extrémiste au plus conciliant, en passant
par les fameux « nouveaux convertis » (ceux qui viennent d’abjurer
leur foi). Le fait que le soulèvement se déroule dans le village de Grizac
juché au cœur des Cévennes n’est sans doute pas un hasard : le futur pape
Urbain V y est né en 1310, peut-être donc une manière de montrer que les terres
sacrées devaient voir couler le sang comme les autres. Avec un sujet pareil, il
eût été aisé de dérouler les dialogues sur un ton froid ou hystérique. Ici
Lionnel ASTIER a choisi l’humour, la repartie, le burlesque parfois, ce qui
donne plus d’épaisseur et d’intérêt à cette tragédie. Le résultat est réussi :
drôle, émouvant, tout en déterrant avec brio cet épisode un peu oublié et
pourtant passionnant de l’Histoire de France. C’est sorti chez ALCIDE en 2010,
une maison d’éditions décidément inspirée elle aussi.
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