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dimanche 21 novembre 2021

Hubert VOIGNIER « Paysages, encore – et autres petits contes »




Ce texte se découpe en deux chapitres et six brefs sous-chapitres dans un espace temps qui semble s’être arrêté car même si ça fleure les années 60, cette décennie aurait bien pu s’incruster elle-même dans une autre, plus récente, comme si le moteur d’une machine à remonter le temps avait toussé, et avait calé, là.

 

L’écriture est d’une grande délicatesse, elle capte un instant, devenu une aventure : « Combien de fois s’est-on trouvé, sur le pas de régions montagneuses, obligé de rebrousser chemin, surpris par la survenue du brouillard ou de la neige, à l’entrée d’un vallon ou d’un défilé, au bas d’une comble, n’ayant plus le cœur ni la permission d’aller plus loin, comme refoulé à la frontière d’un pays défendu, coupé net dans son élan, forcé de renoncer, alors même que les contrées qui se dessinaient plus haut, paraissent prometteuses et d’autant plus tentantes ? ».

 

Tous les sens sont en éveil dans ce récit poétique contemplatif. La montagne, dont les courbes sont étudiées avec force détails, est majestueuse, comme la plaine, la rivière, en diverses régions françaises, toutes arpentées et énoncées chacune en sous-chapitres, le museau en l’air pour mieux s’imprégner des odeurs.

 

Ici l’humain n’entre dans les lignes du texte que par accident, par effraction oserais-je dire, par de rares bâtiments ou champs céréaliers. Le reste est une ode appuyée à la nature forte, envoûtante et éternelle. Les paysages parfois matinaux et brumeux sont peints de manière élégante et profondément respectueuse par un auteur qui a su stopper sa marche pour observer, admirer. D’ailleurs, des peintures viennent prendre forme, ou des photographies, toujours dans l’instant T, celui du pinceau qui se baladera sur la toile, ou de l’objectif qui saura capturer un moment de grâce.

 

Puis surgit l’hiver, celui qui fige toute cette vie. Il faut savoir le domestiquer lui aussi. « Quel sourire de résignation, détaché, arbore la campagne avant de péricliter, tomber dans l’inconscience, dormir, mourir peut-être, plusieurs mois, sans rêve, du sommeil de la bête et du caillou sous le froid pénétrant du solstice d’hiver ? ».

 

Au cours de ses randonnées dans la nature, Hubert VOIGNIER a immortalisé des images, des sensations, des émotions, des suavités. Et le résultat est ce texte de dédicace aux paysages, un hommage vibrant et sincère paru en 2003 dans la collection Grands fonds des éditions Cheyne.

https://www.cheyne-editeur.com/

(Warren Bismuth)

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