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lundi 18 septembre 2017

Jim HARRISON « Dalva »



Dalva paraît être une de ces quarantenaires libérées comme certaines décennies en ont pondu (nous sommes ici dans les années 1980), et pour meubler ses journées elle travaille dans le social et collectionne les amants en Californie. En fait, elle traîne une longue histoire émaillée de drames derrière elle : son père mort en Corée alors qu’elle n’avait que 9 ans, son grand-père (le père de substitution) lorsqu’elle en avait 17, son petit ami Duane évaporé dans la nature alors qu’à 15 ans elle était enceinte d’un enfant qu’elle abandonne par ailleurs dès son accouchement. Je vois que vos zygomatiques se mettent en ordre de marche. La mère de Dalva, Naomi, est une indienne, ce qui va mener le lecteur jusque dans les archives d’un certain Northridge, arrière grand-père de Dalva, et témoin de pas mal d’atrocités commises par les blancs sur les indiens, les Sioux notamment, au XIXème siècle. Ce roman va nous mener au Nebraska, où se déroule la majeure partie de l’action. Jim HARRISON va nous faire patiemment remonter la généalogie de la famille de Dalva, notamment grâce à son petit ami Michael qui a entrepris de la raconter après avoir exhumer des malles pleines d’écrits des ancêtres. Tour à tour, Michael et Dalva seront les narrateurs de ce roman historique. Mais là où ça se corse, c’est qu’il y a aussi les écrits retrouvés de Northridge, des lettres écrites par d’autres personnages du livre, également mises à la connaissance du lecteur, les va-et-vient incessants entre passé et présent donnent un peu le tournis, et les nombreux supports racontant cette épopée (dialogues, souvenirs, narrations, lettres, écrits, témoignages) peuvent perdre un lecteur peu assidu. La trame me rappelle en partie cette trilogie labyrinthique de John DOS PASSOS « U.S.A. » où l’on finissait par ne plus très bien savoir où l’on mettait les pieds. C’est ce que j’ai ressenti dans ce livre, mais attention, c’est ma seule faute : motivé par un Jim HARRISON – celui considéré par ailleurs comme son œuvre majeure -, je n’ai pas vu partir le coup et je me suis mis à l’ouvrage de manière peu concentrée, et en fin de compte le sentiment comme il nous arrive parfois d’être un peu passé à côté de ce que le livre voulait me raconter. De plus, contrairement aux autres livres d’HARRISON que j’ai lus, et malgré les critiques pourtant élogieuses sur le point suivant, je n’ai personnellement pas trouvé les personnages attachants, pas assez poussés, creusés. En revanche, les écrits retrouvés de Northridge sont d’un intérêt historique certain, et comme ils tendent à se renouveler de plus en plus rapidement au fil du roman, ils m’ont fait avancer car ils sont passionnants et implacables. Passionnants sont aussi quelques rites indiens exposés çà et là. Attention, je ne suis pas en train d’écrire que le reste du livre ne mérite pas que l’on s’y penche. Au contraire, je crois qu’il est très réussi, mais qu’il faut l’entamer avec à l’esprit qu’il s’agit d’un roman ambitieux, avec de nombreuses portes qui s’ouvrent et se referment, et qu’il ne se lit peut-être pas exactement de la même manière qu’un autre HARRISON. D’ailleurs, l’humour est ici bien moins présent que dans d’autres de ses œuvres, c’est aussi ce qui peut décontenancer. Jim HARRISON avait vu encore plus grand, puisque de très nombreuses notes prises pendant l’écriture  de « Dalva » n’ont pu ici trouver leur place. Ce sera chose faite juste dix années après la sortie de « Dalva » avec une suite en 1998 : « La route du retour ». Nous y reviendrons sans doute, avec certainement plus d’assiduité. Entre ses deux dates, HARRISON aura écrit plusieurs recueils de novelas (courts romans ou longues nouvelles, c’est selon) mais aucun vrai roman.


(Warren Bismuth)

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