Un
compartiment dans un train de nuit, six couchettes, six personnes (à moins que
ce soit cinq). Des bruissements, chuchotements, une dispute puis un crime. Une
dame. Morte. Voilà la trame de départ de ce roman de 1962. Un livre en noir et
blanc, tout comme l'adaptation fort talentueuse de l'immense COSTA-GAVRAS.
L'intrigue de ce roman est assez complexe, se disperse. Des morts il y en aura,
et pourtant ce n'est pas tout à fait un polar. Les personnages sont nombreux, se
croisent, se parlent, pas toujours. Certains meurent. Pourquoi ? JAPRISOT
brouille les pistes à loisir. Si on a le sentiment de bien suivre la trame dans
la première partie, on perd le fil d'Ariane à la longue, jusqu'à se demander si
l'on n'a pas malencontreusement glissé dans un autre livre sans l'autorisation
de l'auteur. L'atmosphère impeccable est très Simenonienne, mais le style plus
détaché, plus pince-sans-rire, rappelant par instants des auteurs et la ligne
éditoriale des superbes ÉDITIONS DE MINUIT. Un meurtre c'est bien beau me
direz-vous, mais quel est le mobile ? Pas sûr d'avoir bien négocié cette
partie du roman, il n'empêche : ce bouquin est un bon cru, peut-être à
relire pour éventuellement lever une partie d'un voile recouvrant plusieurs
questionnements. Peut-être aussi se retaper le COSTA-GAVRAS malgré cette allure
absconse et débraillée (mais quels acteurs sublimes !). Quant au roman il est
court, je rajouterai que ce n'est pas lui qui est confus mais mon mince cerveau
qui est incapable de défaire les nœuds de l'intrigue. Ce doit être cela que
l'on appelle se faire des nœuds au cerveau.
(Warren
BISMUTH)
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