Attention, OVNI pour lecteur-ices averti-es.
Cette chronique, c'est l'histoire d'une
quatrième de couverture :
Chez les Romains, « famille »
signifiait réunion de serviteurs ou d'esclaves. Dans l'analyse marxiste, la
famille a une origine purement économique et intéressée. C'est aux États-Unis
dans les années 60 que l'amour est déclaré ciment familial.
Ça va saigner.
Chic, je vais être face à une famille
dysfonctionnelle qui se déchire en tous sens. Et comme c'est chez P.O.L, ça va
être top (j'ai encore « Fairy Tale » en tête, voir chroniques de
mai).
Grosse erreur, j'aurais du fouiner la toile.
Cinq parties dans ce roman de 154 pages que
j'ai lu d'une traite. Chaque partie est racontée par l'un des protagonistes de
cette famille de 4 + 1 personnes.
Janet, la mère au foyer modèle, un peu
enrobée suite à ses grossesses mais qui reste très belle, et qui prépare des
gâteaux déjà tout faits, achetés dans le commerce et qui nourrit sa tribu avec
des petits pois en boîte. Il faut bien le faire, c'est l'anniversaire d'Elvis.
Le fils, pas le chanteur hein. Malgré l'absence de Jeff, le mari, vendeur de
voitures d'occasions, qui a manifestement foutu le camp on ne sait où, attiré
par une prostituée ou par une fille plus jeune. Ça commence à faire plusieurs
mois que personne n'a de nouvelle, jusqu'à ce que...
Deuxième partie du livre, consacrée à Jeff,
qui nous éclaire largement sur ce qu'il a fait pendant que sa femme
assaisonnait les petits pois carottes. Et d'un coup, on éprouverait presque de
la sympathie pour ce type volage. Pris en stop suite à la panne de sa voiture,
par un fermier chelou, nous avons là un bel exemple de déni quand à la
bizarrerie de la situation. Le vieux fermier, Bill comme il sera baptisé, ne
semble pas amener Jeff à bon port.
Troisième partie, point de vue du fils aîné,
Elvis, quelques années après les événements des deux premières parties. Elvis
vit dans une cave et travaille comme informaticien pour l'armée, à la solde de
l'Oncle Sam comme aime à le répéter sa jeune sœur, Béatrice. Pas tout à fait
net, Elvis entretien des rapports compliqués avec une autre employée, Susannah.
Je vous laisse découvrir cette scène... glauquissime avec un doigt qui sent le
pipi et les pieds qui sentent le caca (je maîtrise l'art du teasing). Il est en
charge d'aller chercher quelqu'un en Inde (je lutte pour ne rien révéler de
l'intrigue).
Quatrième partie, Béatrice. Elle vit dans un
mobil home, en est à son troisième mari. Le fil conducteur semble être la
violence domestique. Elle intervient dans le récit pour prendre la suite de son
frère.
Cinquième partie, Anne, le + 1 mentionné
ci-dessus, absente lors des récits de Janet et Jeff tout simplement parce
qu'elle n'était pas encore née. Elle vient au monde dans des circonstances
plutôt particulières et sa vie sera aussi assez particulière. Un délire non
systématisé, histoire de vous aiguiller un peu.
Récapitulons, une famille américaine
dysfonctionnelle, 65 pages dignes d'un snuff movie, mélange de Hostel et de
Seven. Un père qui vrille totalement et qui finit paranoïaque, une mère baba
cool qui voyage, un cadavre mis à table, une poupée habillée en femme, un
fermier serial killer, et le pauvre Jerry. Une folle (une vraie, une belle
vignette clinique), un garçon avec des problèmes d'érection, une fille paumée.
Ça fait une drôle de soupe.
J'ai hésité avant de faire cette chronique
car je ne suis pas sûre d'avoir compris grand-chose aux tenants et aux
aboutissants de ce bouquin de 2017 MAIS il me marque, tout en ayant réussi à me
donner la nausée parfois. J'ai aimé l'humour qui se dégage de l'ensemble, alors
même que l'on glisse dans le gore. Merci Mika BIERMANN pour ce moment
différent, a priori il s'agit d'un livre hors norme dans l'histoire de son
œuvre littéraire. Ça me rappelle quand j'ai découvert Joyce Carol OATES avec
Zombi (un grand moment de gore et de violence gratuite aussi, je recommande
vivement).
Réservé à un lectorat averti, certaines
scènes peuvent choquer.
Si vous avez envie d'explorer quelque chose
de différent, foncez.
SKIN
FOOT
KNEE
FINGER
BELLY
NIPPLE
EAR
MOUTH
TONGUE
PENIS
EYE
BRAIN
Et n'oubliez pas : ça va saigner.
(Emilia
Sancti)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire