« La fille de mon meilleur ami » d’Yves RAVEY, cache
bien son jeu. Rien, et certainement pas la quatrième de couverture, ne laisse
présager ce qui va se nouer. Les 142 pages éditées par l’illustre Minuit, se
laissent dévorer très vite.
William promet à son meilleur ami, Louis, mourant, de retrouver
sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Cette dernière a une drôle de
vie : longtemps à l’hôpital psychiatrique, sous médication diverse et
variée depuis, elle a perdu la garde de son fils, qu’elle ne doit plus
approcher.
Cette dernière formule une requête à
William : retrouver son fils, pour qu’elle puisse lui parler, elle en a le
besoin impérieux. Soucieux de la voir retrouver un semblant de santé mentale
dans ce brouillard chimique dans lequel elle semble vivre, William accepte. Les
voilà dans un hôtel de province. Mathilde fume, fugue, va à la pharmacie munie
de ses longues ordonnances et William mène l’enquête.
C’est à ce moment-là que le récit laisse une large place au
personnage de William. Celui que l’on croit tout d’abord animé de bonté va se
révéler étonnant et pas aussi clair qu’on aurait pu le croire au début du
récit. Il va tenter de tirer son épingle du jeu, sur le dos de Mathilde et de
son besoin de communiquer avec son fils, Roméo.
L’enquête de William va le mener jusqu’à une révolte syndicale,
dans une usine Rhône-Poulenc, à la rencontre d’Anthony, trésorier du syndicat
et ex-mari de Mathilde. La caisse de soutien dont il a la responsabilité va attirer
la convoitise du finalement très peu recommandable William Bonnet… Sheila
aussi, avec ses yeux incroyables, nouvelle épouse d’Anthony et belle-mère du
petit Roméo n’est pas non plus toute blanche dans l’histoire. Et ne va pas
passer inaperçue aux yeux de William.
Quid de Mathilde et de sa quête pour retrouver son fils ?
Reléguées au second plan, instruments pour accomplir les volontés d’un William
qui se révèle implacable manipulateur, noir, aussi noir que le roman dans son
ensemble.
L’ambiance est serrée, ardue, cynique, noire (je me répète) et
tout concourt à cette atmosphère étouffante. Une Mathilde complètement à côté
de la plaque, à la poursuite de ce qu’elle a perdu, l’indifférence de son fils,
Roméo, qui ne comprend rien, un couple étrange, Anthony et Sheila, quelque peu
délaissée. Et un petit bandit de banlieue, William, qui sait très bien mener
son monde.
A avaler d’une traite, comme un whisky sec. Après cette
première lecture d’Yves RAVEY, je sors conquise. A l’avenir vous reverrez son
nom sur ce blog, auteur prolixe, je n’ai que l’embarras du choix !
(Emilia
Sancti)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire