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samedi 14 octobre 2017

Evguéni ZAMIATINE « La caverne »


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Un petit bijou. Petit par la dimension, genre format poche. Petit par la longueur : à peine 60 pages. Bijou pour tout le reste. Une seule histoire mais traitée de deux manières : une première version en nouvelle (présentée pourtant comme un récit) puis en format pièce de théâtre. Le fond : la Russie juste après la révolution bolchevique d'octobre 1917 (la nouvelle a été écrite en 1920 et publiée en 1922). Saint Petersbourg devenu Petrograd, un couple qui a froid dans sa maison, transformée en caverne, qui ne parvient plus à se payer le bois pour se réchauffer. La femme Martha ne peut plus sortir du fond de son lit, trop transie et mourante. Le mari Martin Martinovitch, n'y tenant plus de la voir dans une telle douleur va, malgré ses principes, aller voler du bois chez leur voisin Obertychev. Par cette petite historiette courte, c'est le renversement de la Russie qui est présenté, cette Russie qui ne va pas tarder à devenir l'U.R.S.S. (en 1922). Elle est Léniniste lorsque l'action a lieu (contemporaine à l'écriture), elle ne va pas tarder à devenir Stalinienne. Quant à ZAMIATINE, il sera arrêté par le gouvernement de LENINE en 1922 avant de demander l'extradition à STALINE en personne en 1931, extradition qu'il obtiendra. Dans cette nouvelle et cette pièce de théâtre, on est assez loin de l'ambiance générale du roman « Nous », considéré comme l'un des éléments fondateurs du roman dystopique, influençant ORWELL pour son « 1984 » et HUXLEY pour « Le meilleur des mondes ». Il m'avait pourtant laissé sur ma faim. Si le sujet est ici également dystopique,  cette « Caverne » est une petite bombe qui vous glacera les pieds malgré la couette. Dès les deux premières phrases de la nouvelle nous sommes dans le bain : « Des glaciers, des mammouths, des déserts. Des rochers de nuit, noirs, qui ressemblent vaguement à des immeubles ; à l'intérieur des rochers, des cavernes ». Pour le premier dialogue de la version théâtrale, ce n'est pas franchement plus joyeux : « Je n'en peux plus je n'arrive pas à respirer dans cette obscurité… Mais quand est-ce qu'ils vont nous donner de la lumière ? ». Il est intéressant de noter la différence d'écriture pour une même trame, en apparence plus légère pour la pièce de théâtre. En apparence seulement. Notons que ladite pièce, écrite en 1927, est pour la première fois traduite en français. Livre paru en 2017 chez un petit éditeur au visuel très réussi, INTERFÉRENCES, qui a m'a l'air de bien apprécier les écrits russes, il est donc fort possible que l'on en reparle à l'occasion.


(Warren Bismuth)

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