Un tout petit bouquin par le format (plus
petit qu'un poche), par le nombre de pages (156, style aéré) pour de toutes
petites chroniques, des tranches de vie aux anecdotes d'une poète en milieu
parfois hostile. De souvenirs en coups de cœur en passant par les coups de
gueule, une petite quarantaine d'aventures du quotidien, de pensées
personnelles, d'hommages divers à la littérature (américaine surtout mais pas
seulement), voilà un recueil qui fait du bien. Humour et révolte, deux termes
que l'on ne devrait jamais dissocier.
Sophie G. LUCAS revient sur les ateliers
d'écriture qu'elle anime, ses lectures à voix haute, son métier et sa passion
de poète, ses déplacements, ses rencontres, mais aussi des réflexions sur les
attentats islamistes, l'ascension du Front National. C'est lorsque l'auteure
est en colère qu'elle résonne le mieux.
Petit condensé sur les attentats
islamistes : « … je continuerai de ne pas vous appeler barbares
mais assassins, je continuerai de penser que vous êtes des hommes, si ça me tue
quand même, je continuerai d'ouvrir des livres pour comprendre comment nous
avons pu en arriver là, je continuerai de ne pas hisser les couleurs du drapeau
français comme je continuerai de ne pas chanter la Marseillaise ni d'aimer le
mot patrie, mais je continuerai d'aimer là d'où je viens, là où je vis, ce
foutu pays mal fichu, comme je continuerai de ne pas laisser mon pays à
l'extrême droite, je continuerai de penser que votre truc n'a rien à voir avec
la religion mais avec du fascisme... ». Justement sur le fascisme
français bon teint ripoliné en façade « On se souvenait comme d'anciens
combattants d'avoir été poursuivis à coups de matraque par le service d'ordre
musclé du FN. Ces mêmes gens aux mêmes idées, il ne faut pas se leurrer, se
dédiaboliser ne veut pas dire se renier, c'est juste se rendre présentable, ces
mêmes gens donc, étaient en train de parader sur les petits écrans. Le dégoût ».
Les mots cognent, mais ils savent aussi
émouvoir, faire rire (beaucoup), accrocher et envoûter. De simples petites
pensées couchées sur du papier, le lecteur en retire une grande satisfaction,
une joie et un bien-être. Maîtrise du verbe et invite au voyage car Sophie G.
LUCAS se souvient aussi de la route, et le simple fait d'en parler semble lui
rappeler qu'elle place très haut Jack KEROUAC. Récits d’une humaniste qui sait
mordre et frapper par sa plume.
Ce petit médicament sans effets
secondaires est sorti en 2018 aux Éditions de La Contre Allée et me paraît plus
que recommandable pour soigner ce que vous avez.
(Warren Bismuth)
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