Au menu du jour une BD historique retraçant
le combat des femmes algériennes indépendantistes durant la guerre d’Algérie.
Le personnage fil rouge de ce récit est une jeune femme dont le père a
participé en tant qu’appelé sur le front.
La trame est classique : cette jeune
femme va être amenée à s’intéresser à cette guerre par le biais de sa propre
mère qui lui donne l’adresse de l’une de ses amies ayant combattu sur place, de
l’autre côté de la Méditerranée. D’après ce témoignage crucial, elle décide de
se rendre à Alger afin d’obtenir des renseignements complémentaires. C’est au
mémorial du martyr que ses yeux croisent une photo représentant trois
combattantes algériennes, les Moudjahidates. Troublée, elle va mener une
enquête afin de retrouver les trois femmes de la photographie.
Les vieilles militantes vont parler. De la
scolarité en Algérie avant le déclenchement des hostilités en 1954, où les
autochtones sont maltraités, l’impossibilité de revendiquer son appartenance à
l’Algérie, les inégalités criantes, l’implantation très solide du colon comme
être supérieur, les premiers attentats, la peur qui monte, et puis
l’inéluctable.
L’implantation du F.L.N. est bien réelle
dans les rues algériennes, l’animosité avec les colons devient générale.
Guerre, tortures, emprisonnements sommaires, formations de collectifs
clandestins d’indépendance, avant la folie collective de l’année 1961.
Les témoignages de femmes recueillis des
décennies plus tard n’ont rien perdu de leur hargne de jadis, rien n’est
oublié, et tout est loin d’être pardonné. Les parcours de ces femmes furent
variés après la déclaration d’indépendance, il n’en est pas moins vrai qu’elles
combattirent au sein d’un mouvement qui fut en quelque sorte leur famille
politique.
Les couleurs des vignettes sont très sobres,
fond grisâtre et appuis sur des tons ocres, rougeâtres ou bleuâtres. Superbes
dessins de DELOUPY, à la fois dépouillés et concis, retenus en couleurs.
L’aspect historique du scénario de MERALLI est, derrière les balises datées
concernant la guerre d’Algérie, assez original, puisqu’il y est question des
femmes combattantes aux côtes des indépendantistes, thème rarement traité par
les arts. Ne pas oublier qu’à l’instar de leurs camarades hommes, elles furent
torturées, emprisonnées, abattues, mais aussi violées, dégradées et humiliées.
BD au sujet fort, elle est parue en 2018, et elle vaut bien que l’on y jette un œil plus qu’attentif.
(Warren
Bismuth)
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