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mercredi 26 janvier 2022

Ivan DENYS « Lycéen résistant »

 


Pour Ivan DENYS, la lutte politique commence concrètement le 11 novembre 1940, alors qu’il a 14 ans et que les cours du lycée à Paris sont maintenus malgré la date célébrant l’armistice de 1918 et une manifestation dans un Paris pourtant occupé, et à laquelle des élèves se joignent malgré les interdictions.

Ivan DENYS décide ensuite de rejoindre la Résistance tout en suivant ses cours à l’école. Son rôle est surtout de distribuer des tracts, brochures, journaux clandestins ou textes interdits. En passant, pour le plaisir, il signe quelques graffitis anti-nazis à la craie sur les murs de Paris. Il ressent une certaine admiration pour de GAULLE qui depuis l’Angleterre appelle la France à résister contre l’occupant nazi. Mais DENYS s’engage pourtant aux côtés des communistes.

S’il a quitté Paris pour rallier la zone libre dès le début de l’occupation, il y revient bien vite après l’armistice de 1940 pour constater les changements opérés, un Paris devenu allemand avec ses soldats postés un peu partout et la croix gammée flottant sans partage dans une pénurie générale engendrant les rationnements, les restrictions.

DENYS revient méthodiquement sur son enfance catholique, son père qu’il n’a pas connu, ses racines en Suisse, l’avènement du Front Populaire, les années 30 et leur avant-goût du nazisme notamment par une montée inexorable de l’antisémitisme.

Pendant la guerre, les cours scolaires sont neutres, peu d’allusions à l’occupation par exemple. La volonté d’implication de DENYS gonfle alors que les alertes, les réquisitions allemandes, les vols, les pillages se multiplient. DENYS oscille entre campagne et Paris et note que toute la ruralité est affectée par la guerre. Tout semble se précipiter administrativement dès 1940 : « Il y a d’abord bien sûr les événements intérieurs à la France, la répression par les allemands et par Vichy de tout ce qui pouvait compromettre la politique de collaboration et l’attitude du gouvernement de Pétain, que les ministres aient été successivement Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin ou l’amiral Darlan : la persécution des juifs – avec la publication du « statut des juifs » le 3 octobre -, des francs-maçons et des communistes, la dissolution des syndicats, puis l’obligation pour les hauts fonctionnaires et les magistrats de prêter serment de fidélité au maréchal Pétain ». Puis il y a la terrible rafle du Vel d’hiv de 1942, publiquement dissimulée en France et même pas évoquée sur les ondes de la BBC par la voix de la Résistance que la famille de DENYS suit avec intérêt.

DENYS, désormais membre du Parti Communiste Français à 17 ans, fait preuve d’un courage exemplaire. Vers la fin de la guerre, sa position se durcit, il entreprend ses premiers sabotages et récupérations d’armes pour la Résistance. Il opère la plupart du temps avec son vélo, un vélo qui lui sauve peut-être la vie juste avant la libération de Paris en 1944, cette  bicyclette d’ailleurs évoquée sur la couverture de ce passionnant ouvrage, celui d’un récit de vie pendant une guerre effroyable, le parcours d’un jeune type un peu tête brûlée qui durant toute l’occupation, et malgré son statut de lycéen, va s’activer pour la Résistance.

Témoignage rare, car venant d’un jeune adolescent, d’autant que l’auteur l’a fait mariner longtemps avant de l’écrire, en 2013, à plus de 85 ans, il est à lire car il est le destin d’un jeune homme singulier qui, loin de s’épancher sur sa propre personne, souffre pour les autres, ses camarades, son peuple. Et 70 ans plus tard se souvient de certaines scènes dans les moindres détails. Il y a quelques mois, Ivan DENYS nous quittait, en 2021, à près de 95 ans. Il laisse cette trace indélébile à lire et à relire. Le récit est paru en 2013 aux éditions Signes et Balises, et s’il est une confession essentielle car originale sur la seconde guerre mondiale en France, c’est aussi le premier livre sorti par cette maison d’édition. Près de dix ans plus tard, l’aventure continue, et elle est splendide.

https://www.signesetbalises.fr/

(Warren Bismuth)

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