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dimanche 20 octobre 2019

Victor JESTIN « La chaleur »


Victor JESTIN est un jeune auteur de 25 ans, « La Chaleur », son premier roman, figure en bonne place de la rentrée littéraire, chez Flammarion.

Ce court roman (139 pages) nous relate la vie d’un adolescent de 17 ans, Léonard, en vacances au mois d’août, dans un camping des Landes. Jusque-là, c’est très banal. Ce qui l’est moins, c’est l’instantané que nous propose Victor JESTIN de la vie de ce jeune homme.

Léonard est un personnage très banal : se trouvant malingre, détestant le soleil, la chaleur, le bruit, il se retrouve parachuté en vacances avec sa famille sans l’avoir réellement choisi (ni désiré d’ailleurs). Au fil des pages, nous comprenons qu’il est originaire de Lorient. Le narrateur se repère rapidement : il est celui qui cherche les accès ombragés, celui qui refuse d’ôter son tee-shirt et de dévoiler son corps, celui qui assiste, passif, aux amourettes naissantes, sans arriver précisément à s’y retrouver.

Louis c’est son copain de vacances, Louis il a vraiment envie de conclure avec une fille, alors il est connecté régulièrement à Tinder et fait défiler compulsivement les visages et les corps des jeunes filles inscrites présentes dans le périmètre du camping. Il envoie des perches à tout ce qui bouge et dans le laps de temps où se situe le récit, il rencontre Zoé, accompagnée de sa copine Luce. Si la relation de Louis et de Zoé va se terminer en eau de boudin, sous-tendue par une vague d’humiliation sans borne, Léonard va se lier avec Luce, la fille que l’on pourrait qualifier de populaire, et qui volette d’un garçon à un autre mais sans jamais lui donner ce qu’il veut.

Louis va donc faire connaissance avec ses premiers émois mais tout n’est pas aussi simple : l’ambiance globale du séjour prend une tournure particulière quand, une nuit, sur l’aire de jeux des enfants, il se retrouve nez-à-nez avec Oscar, jeune garçon du même âge, manifestement passablement alcoolisé, qui vient de s’entortiller le cou autour d’une corde de balançoire. Acte à mettre sur le compte de l’enivrement manifestement. Louis assiste à la scène, les yeux dans ceux de celui qui s’étouffe et qui n’est visiblement pas satisfait de son destin funeste.

Sidération, fascination ? Impossible de répondre à cette question mais le fait est que Louis ne portera pas assistance à Oscar qu’il regardera mourir. La prise de conscience sera tardive : c’est lui l’auteur de ce crime, il doit le cacher, vite, à l’écart des regards des autres jeunes qui commencent à regagner leur tente après la fête. Entre culpabilité et sentiment amoureux, Léonard va vivre 36 heures déterminantes pour sa vie. Partagé entre ses découvertes, sa famille, il est confronté à un choix douloureux : avouer ou pas ? Et à qui ? La mère d’Oscar, Claire ? Luce ? Ses propres parents qu’il voit comme une zone de confort rassurante ?

36 heures, la fin d’un séjour, le retour à la réalité, tout passe à une vitesse folle, à l’image de la lecture de ce roman qui est brève, comme un coup de tonnerre dans le ciel. Léonard voit s’égrener le temps au rythme de la peur de la découverte de son crime, quelle chute pouvons-nous espérer ?

Roman qui tient en haleine le lecteur, je regrette pour ma part une fin trop attendue, le revirement espéré qui permettrait de sortir d’une vision manichéenne du monde n’a pas lieu et j’avoue, j’ai envie de gifler le narrateur.

« La Chaleur » de cette fin août caniculaire, de ces corps qui s’échauffent au contact des uns et des autres, la chaleur de la honte, de la culpabilité, tout est intimement lié. C’est un roman sans prétention mais qui est efficace, qualité déjà estimable pour une première fois, à l’image de la première fois de Léonard.

Bonne continuation à ce nouvel auteur !

(Emilia Sancti)

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