Je dois être l’un des rares individus
résidant en France qui, à ce jour, n’a ni lu « Au revoir là-haut » de
Pierre LEMAÎTRE ni vu l’adaptation cinématographique d’Albert DUPONTEL. On va
donc appeler la chronique de cette BD « petite séance de rattrapage sous
forme de pénitence pour oublieux et autres archaïques de la culture nationale ».
La version originale de Pierre LEMAÎTRE
vous a déjà été chroniquée assez récemment en ces pages (ainsi que la suite
« Couleurs de l’incendie »), donc inutile de revenir en détail sur le
scénario. Sachez seulement qu’en pleine première guerre mondiale sur le
territoire français, le soldat Péricourt sauve la vie de son ami Maillard dans
un trou d’obus. C’est ensuite une espèce d’immense arnaque à la mémoire
collective qui va voir le jour, avec ses intérêts, ses risques et les pieds
essuyés sur des milliers de soldats tombés au front en guise de paillasson. Mon
Péricourt, gueule cassée (dessins effroyables à l’appui) recueillie chez
Maillard, qui change d’identité afin de se faire passer pour mort et se lance
dans un trafic a priori juteux de
monuments aux morts commandés par les mairies mais non réalisés. Bref, une
manière de ruiner des municipalités déjà exsangues. « Au revoir
là-haut » c’est aussi une histoire de famille, d’honneur (important ça,
l’honneur, le lendemain de la guerre, tellement les humains ont eu le sentiment
de l’avoir perdu pendant quatre ans) et d’amitié entre deux soldats traumatisés.
Quoi qu’il en soit, pour ceusses qui
n’auraient pas le temps ou le courage de lire le pavé de LEMAÎTRE, cet exercice
sous forme de roman graphique comblera certaines lacunes. Sans doute pas
toutes, loin de là, car je suis parfaitement conscient que l’on ne résume un
bouquin de 600 pages dans une BD de 170 pages, ni ne pouvons pleinement en
projeter le style littéraire. Et je persiste à dire que, malgré des tonnes
d’adaptations fort bien exécutées de romans, qu’elles soient sous toute forme
artistique, elles restent des adaptations, et qu’il faut absolument lire ou se
documenter sur les versions originales sans lesquelles, et Lapalisse ne me
contredira pas sur ce point, aucune adaptation n’existerait. Néanmoins, si vous
connaissez DE METTER, vous avez conscience de son talent pour peindre des
situations tragiques de manière expressive, colorées, force détails au second
plan, il a le chic pour nous guider dans l’imagination, sa version des images.
C’est une très belle BD que nous tenons,
et la préface de Philippe TORRETON est elle-même plutôt bien fichue. Album
sorti en 2013 chez les éditions Rue de Sèvres, et m’est avis que cette BD a dû
récemment voir ses ventes grimper tellement « Au revoir là-haut » est
devenu en 2017 une curiosité culturelle, d’une part bien entendu par le film au
succès non démenti de DUPONTEL, mais aussi par la sortie simultanée de la suite
de cette grande fresque par « Couleurs de l’incendie » également cité
plus haut. Les retardataires dans mon cas trouveront ici une béquille de choix
(Warren
Bismuth)
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