Les
auteurs n’ont pas choisi le sujet le plus léger de l’Histoire de France pour
concocter une BD historique sous forme de trilogie. Comme son nom l’indique, il
s’agit du massacre de la Saint-Barthélemy en août 1572, saga racontée en 3
tomes d’égale qualité.
01- « Sauveterre »
Mise
en bouche avec les jours et les heures précédant la boucherie : l’attentat
catholique contre le seigneur Gaspard de COLIGNY, noble influent chez les
huguenots. La blessure puis la mort de COLIGNY précipiteront les évènements qui
donneront lieu à l’un des plus sanglants massacres intérieurs de France.
Parallèlement, une fiction est mise en place avec la famille Sauveterre, où
deux frères vont voir leur destin
bousculé par leur appartenance à deux religions alors en guerre ouverte. Dans
le déroulement des faits, le duc de GUISE est à la manœuvre, manipulant une
Catherine de MEDICIS débordée sur sa droite et un roi CHARLES IX dans le déni.
02- « Tuez-les tous ! »
L’épisode
même de la Saint-Barthélemy intervient dans ce deuxième tome, avec la folie
collective, les meurtres sans fin, la Seine qui coule rouge du sang des
huguenots, les frictions sans fin de la famille Sauveterre, le poids de la
royauté pourtant en totale déshérence, la haine inextinguible entre deux
peuples au sein du même royaume.
03- « Ainsi se fera l’histoire »L’après
bain de sang, l’incompréhension après une telle extermination collective. Côté
fiction, les mystères de la famille Sauveterre sont peu à peu éclaircis tandis
que côté Histoire le roi CHARLES IX perd la raison et se réfugie dans sa
chambre, reniant le fait qu’il a commandité une pareille horreur. Dénouement
classique mais très crédible.
Sans
entrer dans les détails, les auteurs restituent pleinement cette ambiance
surchauffée de 1572 dans les rues de Paris où les portes de la capitale seront
fermées afin de tendre un piège aux protestants sans aucune chance de
s’échapper. La partie fictionnelle est somme toute assez banale avec cette
famille tiraillée entre deux religions et deux frères devenus ennemis. On
n’échappe pas à l’histoire d’amour qui rend le récit plus dilué, moins
sanguinaire. Mais le plus intéressant me semble bien sûr le rappel de ce
massacre franco-français avec un état royal complètement exsangue et usé, abusé
par les intérêts religieux de familles puissantes. Et pendant ce temps-là, les
corbeaux ne cessent de voleter sur un Paris ensanglanté.
Côté
dessins c’est tout simplement somptueux : visages expressifs, couleurs peu
vives, architectures de Paris d’une immense précision, paysages soignés, le
tout sans agressivité, avec une maîtrise parfaite des couleurs et de
l’environnement. On pourra regretter certaines planches pourtant magnifiques
surchargées de dialogues masquant l’œuvre du dessinateur, mais ne crachons pas
dans la soupe, car, d’une part cela n’est pas poli, et d’autre part cette
trilogie se lit aisément avec une irrémédiable envie de parvenir à sa
conclusion. C’est sorti en 2016 et 2017 aux Arènes BD, maison qui publie pas
mal de romans graphiques historiques de qualité.
(Warren BISMUTH)
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