Un roman historique qui retrace la vie et la
mort de Marc BOURGUEDIEU, Résistant de
la deuxième guerre mondiale mais aussi de racines communes avec la narratrice.
« Le dossier réunit toutes les informations
connues à ce jour sur Marc Bourguedieu, petit cousin de ma mère, fils de
Pétronille Gardère et d’Adrien Bourguedieu, né le 18 janvier 1925 à
Saint-Laurent-de-Médoc, arrêté par la Gestapo une première fois le 14 août
1943, une deuxième fois un an plus tard, sur dénonciation, déporté à Dachau,
envoyé à Neuengamme, mort au Kremlin-Bicêtre le 11 juillet 1945 après avoir
passé la baie de Lübeck ». Marc s’est engagé très jeune dans
Résistance Action B en Gironde en 1943. Il sera dénoncé par René DORSON, qui
plus tard niera. Libéré en janvier 1944, il est de nouveau arrêté la même année
à 18 ans sur dénonciation d’un certain COUTEAU, le maire de
Saint-Laurent-de-Médoc, à qui des vaches ont été volées.
Marc disparaît des radars après sa deuxième
arrestation, courant 1945, la narratrice tente de lever le voile sur ce trou
temporel. Parallèlement, le 3 mai 1945, le paquebot Cap-Arcona, transportant
des déportés de camps nazis, après que ceux-ci aient vidé lesdits camps avant
l’arrivée des alliés, est bombardé ainsi que d’autres navires du côté de
Lübeck. Ce sont ces alliés qui ont coulé cette flotte, farcie d’individus qui
viennent pourtant d’échapper à la mort durant des années. 750 morts, une énorme
bavure.
En reprenant le fil du temps, la narratrice
mêle histoire familiale et deuxième guerre mondiale avec brio, écriture sobre
mais précise en détails et travail de documentation. Elle insiste sur les
dénonciations par la France collaboratrice, même celle arborant une écharpe
tricolore, sur l’atmosphère délétère, l’antisémitisme, l’amnésie collective dès
la déclaration de fin de guerre. Marc ressemble à ces nombreux jeunes
Résistants se battant pour un idéal, contre un totalitarisme de l’occupant.
L’évocation de la tragédie du Cap-Arcona est racontée par petites touches,
comme pour inciter le lectorat stupéfait à aller lui-même se renseigner sur cet
atroce fait divers oublié des mémoires.
Roman sorti en 2018 dans la superbe
collection Grands Fonds de chez Cheyne éditeur, il est peut-être un roman de
plus dans la lutte que fut l’anti-nazisme en temps de guerre, mais il n’épargne
pas toujours les libérateurs. Il s’avère passionnant sur le (grand) fond et esthétique sur la forme, le
style faisant mouche à chaque page.
(Warren
Bismuth)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire