1966, en pleine guerre du Vietnam, cinq
soldats américains sont chargés d'une mission de patrouille. Pour se donner de
l'allant, contribuer à la bonhomie de l'expédition, il faut faire « boum-boum »,
entendez par là se trouver une nana à emmener pour pouvoir passer du bon temps.
Bien entendu on ira l'enlever, on la maltraitera, on la violera, ça fera du
bien à l'équipe. Sven ERIKSSON est le seul des cinq soldats à refuser ce
traitement barbare, tiraillé par sa conscience face à son impuissance devant
l'horreur de la situation.
Daniel LANG est journaliste au New Yorker
et nous rapporte ce crime de guerre car l'ex soldat ERIKSSON choisit de lui
livrer l'affaire et les raisons qui l'ont poussées à faire poursuivre ses
ex-camarades de régiment.
Elle s'appelait Phan Thi Mao et était
manifestement malade et affaiblie au moment de l'enlèvement. Après avoir été
contrainte de porter le paquetage de l'un des soldats, elle fut installée dans
une cahute et violée par les quatre hommes. Le lendemain, comme son état de santé
ne s'arrangeait pas, les quatre soldats se résolurent à la tuer plus rapidement
que prévu. S'ensuit une scène complètement absurde, sous les yeux de la jeune
condamnée (qui avait entre 18 et 20 ans d'après les médecins), pour savoir qui
va la tuer. Bousculée et attirée dans un buisson, elle fut poignardée à
plusieurs reprises, reçut un tir à bout portant lui arrachant ainsi la moitié
du crâne avant d'être abandonnée là où elle a été assassinée.
C'est un récit de guerre extrêmement
classique, quand l'oppresseur soumet sexuellement les femmes du clan adverse et
se justifie par les exactions commises par le camp d'en face. Les soldats sont
certains d'être dans leur bon droit, accomplissant leur mission, comme l'État
Major le leur avait commandé. Il y a incompréhension de leur part quant à la
gravité de leurs actes. La hiérarchie a même tenté d'étouffer l'affaire, seule
la pugnacité d'ERIKSSON a permis aux coupables d'être punis. Bien faibles châtiments
au regard du crime commis quand on apprend que les peines ont été à chaque fois
raccourcies et certains hommes, libérés.
Sous forme de témoignage, nous sommes face à
un documentaire glacial mais qui ne laisse pas indifférent. Ce récit court de
128 pages a été publié en janvier 2018 par Allia et offre la rédemption à l'ex
soldat ERIKSSON qui ne trouvait pas le repos d'avoir échoué à sauver la jeune
Mao.
La scène qui s'est jouée au Vietnam s'est
passée, se passe et se passera car la domination de ceux qui font la guerre
passe par l'asservissement sexuel des femmes. Il y a la conquête des
territoires et la soumission sexuelle, dyade infernale inhérente à tout
conflit. Cela ne peut que résonner en nous, ces heures sombres, toujours
d'actualité.
(Emilia
Sancti)
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