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mercredi 11 avril 2018

Jean ÉCHENOZ « 14 »


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Je continue dans ma lancée des romans de guerre. Cette fois-ci, c'est la première Guerre Mondiale et l'auteur qui s'y frotte, c'est Jean ECHENOZ, avec « 14 », sorti en 2012 aux fabuleuses Éditions de Minuit.

J'avoue sans honte aucune qu'il s'agit de mon premier ECHENOZ et je pense, malgré la critique qui va suivre, que je n'explorerai pas davantage son univers (cela tient principalement au fait que je n'accroche pas nécessairement aux thématiques qu'il choisit de développer).

« 14 » nous entraîne donc sans surprise, en une petite centaine de page, au cœur des tranchées, à travers plusieurs personnages. Tout d'abord ceux qui partent au front, les jeunes hommes qui pensaient qu'en 15 jours, tout serait terminé, Anthime, Charles et les autres, les copains du village, toujours prêts à taper le carton même dans le wagon qui les emporte dans les Ardennes (charmante région, surtout quand il pleut). Vient en parallèle Blanche, que l'on devine acoquinée de Charles mais qui entretient manifestement un sentiment un peu ambivalent pour Anthime (dont on apprend qu'ils sont frères, mais relativement tardivement dans le récit).

La question est celle qui est posée par la quatrième de couverture : qui ? Quand ? Comment ? (oui je sais, ça fait 3).

Le roman est court, le rythme est nécessairement rapide, et ECHENOZ choisit à dessein de pas parler de la guerre dans les tranchées, ce que je trouve particulièrement intelligent tant les récits de ces horreurs ont été écrits, maintes et maintes fois : p. 79 « Tout cela ayant été écrit mille fois, peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et puant ».

ECHENOZ nous livre plutôt la naïveté d'enfants mobilisés pour aller faire la guerre, ce qui reste très abstrait pour celui qui gravissait les collines douces de Vendée, afin d'aller lire dans l'herbe haute, qui reviennent (mais pas tous, il y a quand même de grosses pertes dans les tranchées) mais complètement modifiés (au sens propre et figuré). Là aussi ECHENOZ ne s'attarde pas sur les mutilations, il s'intéresse à mon sens davantage à la transformation, au passage d'un état à un autre. Des enfants qui deviennent adultes, diminués.

Pour finir, c'est la vie qui gagne, le quotidien, pour échapper à l'ennui qui vous gagne lorsque l'on retourne au pays mais que l'on est changé à vie.

Je n'ai rien à dire sur ECHENOZ, il est évident que c'est un virtuose de la langue française, qui manie une plume légère et pourtant recherchée. « 14 » se lit très vite, surtout grâce aux Éditions de Minuit qui publie des ouvrages toujours agréables à lire grâce à une présentation aérée et à une police de caractère très confortable.

Une agréable première fois.


(Emilia Sancti)

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