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dimanche 12 octobre 2025

Hassan ABDULRAZZAK « La chance de ma vie »

 


Sous-titrée « d’après l’histoire vraie d’Ahmed Tobasi », cette brève pièce met en scène cet homme issu d’une famille de réfugiés palestiniens, qui a grandi dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie. Il a 17 ans lorsque son cœur bat pour la première fois pour une femme, ce sera Sanaa. Mais l’assaut de la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem en septembre 2000 change la donne, elle provoque la deuxième intifada.

Dans un récit à la première personne dont le narrateur est Ahmed Tobasi lui-même, on le suit s’engageant dans la résistance palestinienne puis arrêté, fait prisonnier et incarcéré. « Les trois tentes de notre unité se divisent en différentes factions. L’une abrite les gars du Hamas, une autre ceux du Jihad islamique et la troisième les factions plus progressistes, le Fatah et le Front populaire de libération de la Palestine. Tout le monde déteste tout le monde et une bagarre peut éclater à n’importe quel moment ».

Avec un humour libérateur, Hassan Abdulrazzak se fait l’incarnation de Tobasi, suit son itinéraire (« On ne met pas les terroristes dans des hôtels cinq étoiles »), son début de grève de la faim en prison, de laquelle il ressort au bout de quatre ans de détention, alors qu’il a 21 ans et qu’un théâtre se crée dans le camp de Jénine, le Freedom Theatre auquel Tobasi va participer.

Le texte s’engage dans une velléité plus pacifiste (« Tu veux libérer la Palestine ? C’est pas les armes à la main que tu vas y arriver. Et tu sais pourquoi ? Parce que les Israéliens seront toujours bien mieux équipés. Mais le théâtre peut avoir la force d’une arme ») discours non violent qui ne tient pas longtemps.

C’est par le biais du théâtre que s’amorce une « résistance culturelle ». Retenu pour un théâtre de Bruxelles, Tobasi s’envole pour la Belgique, puis la Norvège, mais l’exil ne dure pas. Il revient à Jénine en 2013…

Ahmed Tobasi est une figure majeure du théâtre Palestinien, il fut même nominé pour le prix Nobel de la paix en 2024. Son parcours est singulier et parfaitement conté par Hassan Abdulrazzak, auteur d’origine Irakienne, qui, par ailleurs, est le 300e auteur à être publié aux éditions L’espace d’un Instant. La très belle préface est signée Zoe Lafferty, la traduction de l’anglais assurée par Roman Mancec d’après le texte original de 2017. La version française vient tout juste de paraître. Cette pièce résonne étrangement aujourd’hui, le 7 octobre étant passé par là, mais elle alerte déjà sur ce que fut l’avenir proche et sur ce que pourrait être le futur pour la population palestinienne.

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(Warren Bismuth)

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