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mardi 15 août 2017

Lionnel ASTIER « La nuit des camisards »

Pièce de théâtre historique, elle raconte le déclenchement de la guerre des Camisards le 24 juillet 1702. L’action se situe sur 24 heures au cœur des Cévennes, juste avant l’assassinat par lynchage de l’Abbé DU CHAILA, bourreau des réformés, meurtre qui viendra clore cette pièce. Dans celle-ci évoluent diverses idées de croyances, catholiques et huguenotes, mais même dans ces deux catégories la foi est variée, les objectifs surtout sont différents ! Il y a bien sûr chez les huguenots de futurs Camisards (d’ailleurs le nom n’apparaîtra que l’année suivante en pleine guerre Cévenole), modérés ou fanatiques, les grandes gueules, puis les timides. Du côté catholique, outre l’immonde Abbé DU CHAILA partisan de l’abjuration par la torture, il y a des prêtres plus mesurés sans être cependant foncièrement pacifistes. Les dialogues sont documentés (certains se trouvaient déjà en partie dans le film historique « Les Camisards » de 1972). Chaque personnage représente une idéologie visiblement implantée à cette époque en France religieusement parlant, du plus inspiré au plus raisonnable, du plus extrémiste au plus conciliant, en passant par les fameux « nouveaux convertis » (ceux qui viennent d’abjurer leur foi). Le fait que le soulèvement se déroule dans le village de Grizac juché au cœur des Cévennes n’est sans doute pas un hasard : le futur pape Urbain V y est né en 1310, peut-être donc une manière de montrer que les terres sacrées devaient voir couler le sang comme les autres. Avec un sujet pareil, il eût été aisé de dérouler les dialogues sur un ton froid ou hystérique. Ici Lionnel ASTIER a choisi l’humour, la repartie, le burlesque parfois, ce qui donne plus d’épaisseur et d’intérêt à cette tragédie. Le résultat est réussi : drôle, émouvant, tout en déterrant avec brio cet épisode un peu oublié et pourtant passionnant de l’Histoire de France. C’est sorti chez ALCIDE en 2010, une maison d’éditions décidément inspirée elle aussi.

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