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vendredi 4 décembre 2020

Jacques BAUJARD et Simon GÉLIOT « Codine – D’après la nouvelle de Panaït Istrati »

 


Quelle belle idée qu’une adaptation en BD du « Codine » de Panaït ISTRATI, peut-être son roman (ou nouvelle) le plus connu, issu du deuxième cycle de son héros en même temps que son double Adrien Zograffi, inaugurant « La jeunesse d’Adrien Zograffi », somptueuse série où viendront ensuite les titres « Mikhaïl », « Mes départs » et « Le pêcheur d’éponges », déjà présenté ici.

Adrien vagabonde comme à son habitude dans la Camorofca, le quartier miséreux de la petite ville de Braïla en Roumanie, lorsqu’il fait la connaissance de Codine, ancien détenu, homme sulfureux au passé mystérieux. Une très forte amitié va naître entre les deux hommes, unis à la vie à la mort. Adrien n’a qu’une douzaine d’année, mais curieux de la vie en général, il va se laisser guider par son aîné.

Codine, cet homme au parcours tumultueux, va apprendre la vie de la rue à Adrien, les bagarres, l’alcool, comme les errances. Les deux compères vont devenir inséparables, pour le meilleur et pour le pire…

Cette BD de 2018 est une adaptation fidèle des aventures du jeune Adrien. Codine est représenté tel que l’on s’attend à le rencontrer : sorte de Lennie échappé du roman « Des souris et des hommes » de STEINBECK (Le héros d’ISTRATI voit par ailleurs le jour 10 ans avant celui de STEINBECK), homme brutal au coeur d’or, qui ne réalise pas toujours sa force physique. Il lui en cuira au pauvre Codine !

Les dessins, dans un ton marron qui colle avec la période de l’action, sont à la fois minimalistes, épurés et grouillant de petits détails. Beaucoup de scènes se déroulant la nuit, place au bleu marine.

Codine est un personnage clé de l’oeuvre d’ISTRATI (avec Mikhaïl), la fin de ce tome, fidèle au roman, nous fait monter les larmes aux yeux et crier à l’injustice. Cette figure fort bien dépeinte par ISTRATI est ici encore imposante et généreuse, impressionnante et fragile, grandiose et humble, elle ne peut que toucher le coeur en profondeur.

Jacques BAUJARD, auteur du présent scénario, avait déjà sévi pour réhabiliter l’œuvre d’ISTRATI, puisqu’il fut l’auteur de la magnifique biographie « Panaït Istrati, l’amitié vagabonde » parue en 2015 et récemment présentée sur le blog.

ISTRATI est l’un de ces auteurs que l’on n’oublie pas, de ceux qui écrient avec leurs tripes, leur sang et leur cœur, ces libertaires magnifiques libérés des dogmes et obligations, mais tissant une œuvre dont Liberté est le maître mot. Cet hommage en dessins est une manière originale de découvrir ISTRATI, c’est sorti en 2018 chez La Boîte à Bulles.

https://www.la-boite-a-bulles.com/

(Warren Bismuth)

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