Une courte pièce de
théâtre pour un face-à-face en huis clos, rien que de l'alléchant. Le contexte
historique est assez bouillant : en 1944 HITLER a demandé à son nouveau
général commandant en chef du Grand Paris Dietrich Von CHOLTITZ de brûler
Paris. Certes, l'épisode est assez connu et a été immortalisé par le film de
René CLEMENT « Paris brûle-t-il ? » en 1966. Son originalité
ici : l'auteur imagine un dialogue tendu entre CHOLTITZ et Raoul NORDLING,
alors consul de Suède. Les deux hommes se sont effectivement vus à plusieurs
reprises dans la réalité mais on n'a jamais bien su ce qu'il en était ressorti.
Cyril GELY imagine une
entrevue au matin du 25 août 1944, le jour où le IIIe Reich va décider
d'épargner Paris. Si la rencontre entre les deux hommes à l'hôtel Meurice de la
rue de Rivoli à Paris est fictive, elle s'appuie néanmoins sur des faits réels.
Selon CHOLTITZ le Führer a perdu la
raison. D'abord déterminé à accomplir sa tâche, CHOLTITZ commence à douter sous
les évidences énoncées par NORDLING, va-t-il finir par chanceler ?
On connaît bien sûr la
fin de la pièce puisque l'on sait que Paris n'a pas brûlé. On est néanmoins
profondément séduits par ce huis clos froid, tranchant comme une lame. Les
motivations supposées de CHOLTITZ vont être dévoilées, l'obstination de
NORDLING pour lui faire entendre raison est très bien mise en scène. Le
face-à-face peut basculer à tout moment, mais déjà les troupes françaises
entrent dans Paris, il faut prendre rapidement une décision.
Cette pièce écrite en
2010 sera portée à l'écran en 2014 par Volker SCHLÖNDORFF, toujours avec André
DUSSOLLIER et Niels ARESTRUP (qui sont déjà les acteurs de la pièce), elle
est une hypothèse, mais elle est assurément plausible. Mieux : certains
éléments sont directement issus des mémoires de CHOLTITZ, et les deux
protagonistes se sont vus à plusieurs reprises ce mois d'août 1944, ceci est
attesté. La pièce est assez courte et les débats fort enlevés bien que claquant
comme un coup de fouet sur une couenne humide. Du théâtre tant politique
qu'historique, sorti chez l'Avant-Scène Théâtre, ça se boit cul sec et
sans regimber.
(Warren Bismuth)
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