Je continue dans ma lancée des romans de
guerre. Cette fois-ci, c'est la première Guerre Mondiale et l'auteur qui s'y
frotte, c'est Jean ECHENOZ, avec « 14 », sorti en 2012 aux fabuleuses
Éditions de Minuit.
J'avoue sans honte aucune qu'il s'agit de
mon premier ECHENOZ et je pense, malgré la critique qui va suivre, que je
n'explorerai pas davantage son univers (cela tient principalement au fait que
je n'accroche pas nécessairement aux thématiques qu'il choisit de développer).
« 14 » nous entraîne donc sans
surprise, en une petite centaine de page, au cœur des tranchées, à travers
plusieurs personnages. Tout d'abord ceux qui partent au front, les jeunes
hommes qui pensaient qu'en 15 jours, tout serait terminé, Anthime, Charles et
les autres, les copains du village, toujours prêts à taper le carton même dans
le wagon qui les emporte dans les Ardennes (charmante région, surtout quand il
pleut). Vient en parallèle Blanche, que l'on devine acoquinée de Charles mais
qui entretient manifestement un sentiment un peu ambivalent pour Anthime (dont
on apprend qu'ils sont frères, mais relativement tardivement dans le récit).
La question est celle qui est posée par la
quatrième de couverture : qui ? Quand ? Comment ? (oui je
sais, ça fait 3).
Le roman est court, le rythme est
nécessairement rapide, et ECHENOZ choisit à dessein de pas parler de la guerre
dans les tranchées, ce que je trouve particulièrement intelligent tant les
récits de ces horreurs ont été écrits, maintes et maintes fois : p. 79 « Tout cela ayant été écrit mille fois,
peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et
puant ».
ECHENOZ nous livre plutôt la naïveté
d'enfants mobilisés pour aller faire la guerre, ce qui reste très abstrait pour
celui qui gravissait les collines douces de Vendée, afin d'aller lire dans
l'herbe haute, qui reviennent (mais pas tous, il y a quand même de grosses
pertes dans les tranchées) mais complètement modifiés (au sens propre et
figuré). Là aussi ECHENOZ ne s'attarde pas sur les mutilations, il s'intéresse
à mon sens davantage à la transformation, au passage d'un état à un autre. Des
enfants qui deviennent adultes, diminués.
Pour finir, c'est la vie qui gagne, le
quotidien, pour échapper à l'ennui qui vous gagne lorsque l'on retourne au pays
mais que l'on est changé à vie.
Je n'ai rien à dire sur ECHENOZ, il est
évident que c'est un virtuose de la langue française, qui manie une plume
légère et pourtant recherchée. « 14 » se lit très vite, surtout grâce
aux Éditions de Minuit qui publie des ouvrages toujours agréables à lire grâce
à une présentation aérée et à une police de caractère très confortable.
Une agréable première fois.
(Emilia Sancti)
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