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lundi 12 février 2018

Franz KAFKA « Le verdict »


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Très courte nouvelle de 1912 où l’auteur met en scène Georg, dont le meilleur ami est parti s’installer en Russie, à Saint Petersbourg, fatigué de la vie dans leur pays commun (qui n’est pas précisé). Seulement, la Russie n’a pas été le paradis espéré et cet ami, loin de faire fortune, vient de voir son commerce faire faillite bien qu’il continue à écrire à George qu’il devrait le rejoindre en Russie. De son côté Georg vient de se fiancer avec une certaine Frieda, mais a préféré taire l’idylle à son ami afin qu’il ne vienne pas aux noces. En effet, s’il revenait dans son pays natal, il regretterait sans aucun doute de l’avoir quitté et serait jaloux de la vie que mène Georg, bien que ce dernier vive toujours avec son père depuis la mort de sa mère. Georg décide cependant d’écrire la bonne nouvelle à son ami, ce qu’il fait, fourre la lettre dans sa poche avant d’aller rejoindre son père avec qui va s’enclencher une discussion très houleuse. « Le verdict » semble être un écrit charnière. En effet, si l’on croit remarquer une forte référence aux nouvelles de MAUPASSANT dans l’écriture comme dans l’atmosphère (KAFKA avait lu MAUPASSANT), il est indéniable que ce texte préfigure la charge ultra-violente que KAFKA écrira à son propre père en 1919, que là non plus il ne fera pas parvenir à son destinataire, mais qui sera publiée ultérieurement. Dans « Le verdict » on découvre un KAFKA encore imprégné de classicisme, loin du style qui fera plus tard sa renommée et donnera même un adjectif : Kafkaïen. Ici rien de tout ça, une simple nouvelle sombre à souhait, peut-être pas le meilleur moyen de découvrir l’univers de l’auteur, mais certainement une manière d’explorer une facette méconnue. J’ai eu l’immense chance de lire cette nouvelle au cœur d’un imposant recueil de quelques 1500 pages, traduite à partir du manuscrit original de 1912, où l’on constate les oublis de ponctuations diverses (KAFKA avait l’air très fâché avec la ponctuation), les erreurs de noms des personnages, comme un tout premier jet avant relecture. KAFKA note qu’il a écrit cette nouvelle en une nuit, entre 22 heures et 6 heures du matin. Elle sera à peine retouchée avant d’être éditée.


(Warren Bismuth)

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