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dimanche 18 novembre 2018

« Ford Blanquefort – Même pas mort ! » Collectif


Un ouvrage collectif, un recueil, une compilation. Un peu plus de 80 pages avec comme point central l'usine Ford en Gironde, à Blanquefort, usine qui devrait fermer en 2019. Bon, certains pourront dire – avec raison - qu'une usine de fabrication de bagnoles qui ferme, c'est un peu la planète qui respire mieux, l'humain qui pollue moins. C'est un fait. N'empêche que 900 salariés devraient se retrouver sur le carreau direction Pôle Emploi, d'où cette mobilisation à laquelle Les Éditions Libertalia prennent plus que leur part en réalisant ce petit bouquin ou cette grosse brochure, c'est selon, qui vient juste de sortir et issu de diverses contributions.

L'un des buts du recueil est de se faire rencontrer deux mondes : le prolétariat et l'art. Ce sont ici les artistes qui font le premier pas, comme certains écrivains du XIXe siècle ou du début du XXe pouvaient le faire en France, en Europe, mais aussi aux États-Unis pour les plus célèbres. Ils offrent une matière première à réflexion, puisent dans leurs tripes pour proposer des textes de toutes formes. On y trouve aussi des personnages publics engagés.

À commencer par Philippe POUTOU et son discours énergique même s'il devrait réviser l'écriture inclusive qui pique un peu les yeux dans cet écrit. Puis Sorj CHALANDON, mon préféré du recueil (tiens donc ?) qui livre une nouvelle poignante très DAENINCKXienne, un texte de la chanteuse JULIETTE qui parle de la chanson en général dans la lutte y compris celle des classes, Serge HALIMI et sa plume toujours acérée prête à monter au créneau, Monique PINÇON-CHARLOT et Michel PINÇON pour qui les riches sont responsables des maux de la société.

Suivent des petits textes très bien sentis de la romancière Dominique MANOTTI, du romancier Laurent BINET, du tendre mais révolté comédien François MOREL. Passons sur le très (trop!) prévisible Didier SUPER (son discours provo facile peut finir par lasser et faire bailler) pour retrouver un texte très court de l'humoriste Guillaume MEURICE suivi de quelques pages du romancier Didier CASTINO. Hervé LE CORRE quant à lui propose une nouvelle assez proche de celle de CHALANDON dans l'esprit. Le volume se termine par une courte analyse lexicale de Philippe BLANCHET sur le langage utilisé par les médias locaux pour rendre compte de la lutte sociale à Blanquefort.

N'oublions pas le centre du volume : quelques pages drôles ou enragées de dessinateurs assez proches de la mouvance libertaire, tels FAUJOUR ou LASSERPE. Ils sont tout de même 17 crayonneux à participer à l'aventure, dont PLANTU.

Un petit objet qui fait chaud au cœur, tant on a le sentiment que les mobilisations actives contre l'ogre capitaliste tendent à se raréfier en ces temps où réussir peut être précisément écraser l'autre (la compétition, mère de tous les vices). Les artistes du présent recueil se sont mouillés, les mains enfouies bien profond dans l'encrier, pour en ressortir leurs mots propres sur un sujet collectif. Très belle initiative, très joli résultat, couverture toujours soignée, rouge et noire comme pour nous rappeler quelque chose.

http://www.editionslibertalia.com/

(Warren Bismuth)

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