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dimanche 18 novembre 2018

Yves RAVEY « La fille de mon meilleur ami »


« La fille de mon meilleur ami » d’Yves RAVEY, cache bien son jeu. Rien, et certainement pas la quatrième de couverture, ne laisse présager ce qui va se nouer. Les 142 pages éditées par l’illustre Minuit, se laissent dévorer très vite.
William promet à son meilleur ami, Louis, mourant, de retrouver sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Cette dernière a une drôle de vie : longtemps à l’hôpital psychiatrique, sous médication diverse et variée depuis, elle a perdu la garde de son fils, qu’elle ne doit plus approcher.
Cette dernière formule une requête à William : retrouver son fils, pour qu’elle puisse lui parler, elle en a le besoin impérieux. Soucieux de la voir retrouver un semblant de santé mentale dans ce brouillard chimique dans lequel elle semble vivre, William accepte. Les voilà dans un hôtel de province. Mathilde fume, fugue, va à la pharmacie munie de ses longues ordonnances et William mène l’enquête.
C’est à ce moment-là que le récit laisse une large place au personnage de William. Celui que l’on croit tout d’abord animé de bonté va se révéler étonnant et pas aussi clair qu’on aurait pu le croire au début du récit. Il va tenter de tirer son épingle du jeu, sur le dos de Mathilde et de son besoin de communiquer avec son fils, Roméo.
L’enquête de William va le mener jusqu’à une révolte syndicale, dans une usine Rhône-Poulenc, à la rencontre d’Anthony, trésorier du syndicat et ex-mari de Mathilde. La caisse de soutien dont il a la responsabilité va attirer la convoitise du finalement très peu recommandable William Bonnet… Sheila aussi, avec ses yeux incroyables, nouvelle épouse d’Anthony et belle-mère du petit Roméo n’est pas non plus toute blanche dans l’histoire. Et ne va pas passer inaperçue aux yeux de William.
Quid de Mathilde et de sa quête pour retrouver son fils ? Reléguées au second plan, instruments pour accomplir les volontés d’un William qui se révèle implacable manipulateur, noir, aussi noir que le roman dans son ensemble.
L’ambiance est serrée, ardue, cynique, noire (je me répète) et tout concourt à cette atmosphère étouffante. Une Mathilde complètement à côté de la plaque, à la poursuite de ce qu’elle a perdu, l’indifférence de son fils, Roméo, qui ne comprend rien, un couple étrange, Anthony et Sheila, quelque peu délaissée. Et un petit bandit de banlieue, William, qui sait très bien mener son monde.
A avaler d’une traite, comme un whisky sec. Après cette première lecture d’Yves RAVEY, je sors conquise. A l’avenir vous reverrez son nom sur ce blog, auteur prolixe, je n’ai que l’embarras du choix !
(Emilia Sancti)

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