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dimanche 1 septembre 2024

Jennifer LAVALLÉ « Les journées sont si longues »

 


Cinq nouvelles, cinq femmes, cinq destins. L’autrice franco-belge Jennifer Lavallé dépeint avec méthode cinq existences de femmes qui a priori ne se connaissent pas et n’ont rien en commun sauf d’être chacune de (très) bonne famille. Dès l’amorce, le lectorat est sous le charme, avec cette première nouvelle, brève autant que merveilleusement facétieuse, mais je ne puis hélas rien vous révéler afin de vous en laisser découvrir tout le piquant.

Chaque nouvelle est précédée d’un proverbe qui en annonce la teneur. Petites historiettes qui, si elles sont toutes indépendantes, peuvent laisser entrevoir un fil d’Ariane, que ce soit dans une rupture amoureuse, la maladie, ou la vieillesse, il pourrait être le désir de liberté, la volonté (ou le besoin ?) de repartir de zéro, mais aussi dans une moindre mesure la nostalgie ou la peur de l’oubli.

Les rêves ainsi que l’élément liquide se font une place de choix dans ce recueil varié par ses thèmes. Ces femmes sont toutes intégrées dans la société dans laquelle elles évoluent, mais un choc émotionnel, toujours différent dans son approche, va faire basculer leur existence, parfois par un fait extérieur, parfois par un coup de patte (je pense au chat sur la couverture) de la protagoniste. « Les journées sont si longues » avance ses pions par petites touches poétiques, suaves et délicates, même si le fond peut s’avérer tragique.

La dernière nouvelle « Pâles soleils » occupe à elle seule plus de la moitié de ce mince volume de 80 pages. Une femme agressée, hospitalisée. Un chirurgien. Elle amnésique, séduite, lui prévenant. Très vite ils vivent ensemble. La suite est à découvrir dans ce recueil qui sait mettre en valeur des femmes aisées touchées dans leur élan. Bien sûr, la littérature n’est pas en reste : « Elle acheta son premier roman, « Bourlinguer » de Blaise Cendrars. Elle alla s’installer sur une chaise dans un jardin public et elle se mit à lire, avec avidité. De temps à autres, abandonnant sa lecture, elle observait les passants. Les amoureux sur les bancs. Les paumés. Les vieux et les enfants. Elle observait la ronde du monde avec détachement. Elle se sentait différente d’eux tous ».

Jennifer Lavallé sait mettre les formes stylistiques pour nous accompagner dans ses histoires, les phrases sont poncées jusqu’à ne laisser dépasser que la partie nécessaire, donnant une fluidité d’une grande poésie à chacun des récits. Ce livre pétillant et très attachant est  sorti en 2023 dans la maison d’auto-édition Librinova.

https://www.librinova.com/

(Warren Bismuth)

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