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dimanche 9 décembre 2018

Sophie G. LUCAS « Assommons les poètes !»


Un tout petit bouquin par le format (plus petit qu'un poche), par le nombre de pages (156, style aéré) pour de toutes petites chroniques, des tranches de vie aux anecdotes d'une poète en milieu parfois hostile. De souvenirs en coups de cœur en passant par les coups de gueule, une petite quarantaine d'aventures du quotidien, de pensées personnelles, d'hommages divers à la littérature (américaine surtout mais pas seulement), voilà un recueil qui fait du bien. Humour et révolte, deux termes que l'on ne devrait jamais dissocier.

Sophie G. LUCAS revient sur les ateliers d'écriture qu'elle anime, ses lectures à voix haute, son métier et sa passion de poète, ses déplacements, ses rencontres, mais aussi des réflexions sur les attentats islamistes, l'ascension du Front National. C'est lorsque l'auteure est en colère qu'elle résonne le mieux.

Petit condensé sur les attentats islamistes : « … je continuerai de ne pas vous appeler barbares mais assassins, je continuerai de penser que vous êtes des hommes, si ça me tue quand même, je continuerai d'ouvrir des livres pour comprendre comment nous avons pu en arriver là, je continuerai de ne pas hisser les couleurs du drapeau français comme je continuerai de ne pas chanter la Marseillaise ni d'aimer le mot patrie, mais je continuerai d'aimer là d'où je viens, là où je vis, ce foutu pays mal fichu, comme je continuerai de ne pas laisser mon pays à l'extrême droite, je continuerai de penser que votre truc n'a rien à voir avec la religion mais avec du fascisme... ». Justement sur le fascisme français bon teint ripoliné en façade « On se souvenait comme d'anciens combattants d'avoir été poursuivis à coups de matraque par le service d'ordre musclé du FN. Ces mêmes gens aux mêmes idées, il ne faut pas se leurrer, se dédiaboliser ne veut pas dire se renier, c'est juste se rendre présentable, ces mêmes gens donc, étaient en train de parader sur les petits écrans. Le dégoût ».

Les mots cognent, mais ils savent aussi émouvoir, faire rire (beaucoup), accrocher et envoûter. De simples petites pensées couchées sur du papier, le lecteur en retire une grande satisfaction, une joie et un bien-être. Maîtrise du verbe et invite au voyage car Sophie G. LUCAS se souvient aussi de la route, et le simple fait d'en parler semble lui rappeler qu'elle place très haut Jack KEROUAC. Récits d’une humaniste qui sait mordre et frapper par sa plume.

Ce petit médicament sans effets secondaires est sorti en 2018 aux Éditions de La Contre Allée et me paraît plus que recommandable pour soigner ce que vous avez.


(Warren Bismuth)

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