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dimanche 25 septembre 2022

Glendon SWARTHOUT « Bénis soient les enfants et les bêtes »

 


Ce mois-ci, notre challenge « Les classiques c’est fantastique » organisé par les blogs Au milieu des livres et Mes pages versicolores nous lance une phrase anglophone en guise de thème : « Friendship will never die ». Pour illustrer ce sujet, rien de plus normal que Des Livres Rances ait sorti de sa boîte un classique Etats-Unien de chez Gallmeister, par l’excellent Glendon SWARTHOUT.

Arizona, quelque part durant la seconde partie du XXe siècle, un camp de vacances pour ados assez spécial, le Box Canyon Boys Camp. En effet, c’est ici que des enfants de familles aisés sont inscrits de fin juin à fin août afin de tester leurs forces, leur résistance, et de devenir des hommes, des vrais. Des équipes, des tribus plutôt, de six membres s’affrontent sur le terrain pendant huit semaines : « À la fin de la première semaine, la troupe de pensionnaires s’était divisée d’elle-même en six équipes ayant chacune sa cabane. Une sélection naturelle selon l’âge, le caractère plus ou moins cruel, l’appartenance régionale et les affinités respectives, avait commencé le processus. Des tests préliminaires faisaient le reste. Des épreuves d’équitation, de tir à l’arc et au fusil, de travaux manuels, de natation et de sports au grand air séparaient bientôt le bon grain de l’ivraie, les victorieux des incapables ».

SWARTHOUT (1918-1992) nous propose de suivre l’équipe placée en dernière position à une semaine de la fin du défi, composée de six jeunes hommes de 15 à 12 ans. Ces ados devront ressortir du camp non plus en enfants mais en vrais cowboys. Jusqu’ici la tribu n’a que peu réussi la compétition et accuse un retard conséquent sur les autres équipes. Il lui faudra réaliser un exploit hors normes afin de pouvoir inverser la tendance.

SWARTHOUT garde secret au plus profond de sa plume cet exploit d’envergure que s’apprête à entreprendre « son » équipe. Nous savons juste qu’il se situe à 160 km du camp à 1800 mètres d’altitude, et que la mission est périlleuse.

En italiques nous parviennent les souvenirs, les premiers jours du camp, mais aussi quelques éléments de vie des protagonistes. Ce roman pourrait être un simple roman d’aventures pour jeunesse. Il n’en est rien. SWARTHOUT fait preuve de tout son talent, sa puissance d’écriture pour nous tirer en haut de la montagne avec ses personnages, les images sont fortes : « Le paysage donnait une sensation de grandeur et de noblesse, accentuant la médiocrité du véhicule qui, semblable à quelque insecte quadrupède, explorait l’écorce de la terre endormie, ses phares en guise d’antennes, à la recherche de quelque chose de comestible ».

Il paraît impossible à la fois de dévoiler la suite et en même temps de ne pas vous mettre sur la piste tellement elle est remarquable : sachez qu’il sera question de bisons domestiqués, du sort horrible réservé à ces mammifères aux Etats-Unis. Roman haletant, contestataire, décor des grands espaces sur fond de cruauté humaine envers les animaux, « Bénis soient les enfants et les bêtes » est une histoire magistrale contant l’organisation d‘un spectacle familial, impitoyable de tuerie, je ne peux en dire plus. Plus globalement, ce roman est une dénonciation acerbe de la violence de la société Etats-unienne, il nourrit la révolte contre la barbarie, il donne envie de combattre sur le terrain contre l’injustice, toujours plus et toujours plus loin. 

Glendon SWARTHOUT est l’auteur de nombreux romans, dont plusieurs – remarquables - sont disponibles chez Gallmeister, il est l’un des piliers de cette littérature entre western et rébellion, l’un de ces grands auteurs états-uniens pour la juste cause. Ce roman, bien que bref, est d’une grande ampleur, son message universel frappe au plus fort, à lire d’urgence. Il met en scène une poignée d’adolescents déterminés dont l’amitié et la solidarité vont permettre de réaliser l’impensable. Écrit en 1970, il est sorti dans la collection Totem de Gallmeister en 2017, vous pouvez foncer les yeux fermés.

« Des soixante millions de bisons qui, selon les estimations, peuplaient l’Ouest américain un siècle auparavant, il ne restait plus que quelques milliers à présent. Les bêtes survivaient en petits troupeaux et étaient enfermées dans des réserves gérées soit par les États, soit par le gouvernement fédéral ». Dur et nécessaire.

https://gallmeister.fr/

 (Warren Bismuth)



3 commentaires:

  1. Je garde un excellent souvenir de cette lecture! je ne pensais pas aimer à ce point.

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    1. Tout ce que j'ai lu de cet auteur m'a beaucoup plu dont une sorte d'empathie doublée d'une approche concrète de la liberté.

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  2. Encore un auteur inconnu, merci pour la découverte hors des sentiers battus ! Même s'il ne sera peut-être pas facile à lire avec sa cruauté révoltante, je note ce roman au souffle apparemment puissant... je suis intriguée !

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