Le roman d'Ellen URBANI traite d'un sujet
que je connais finalement peu : l'ouragan Katrina et ses conséquences sur
la Nouvelle-Orléans. Bien évidemment, j'avais regardé les infos à ce moment-là
et avais été confrontée aux images de destruction, de chaos, d'émeutes et de
pillages. Mais cela restait de l'info poubelle, à valeur uniquement
sensationnelle. Comme souvent avec le journal télévisé, exit l'info, la place
belle est faite au buzz.
Après avoir lu quelques critiques, il semblait
que le roman éclairait un peu mieux la catastrophe et son ampleur, notamment
sur le vécu des sinistré-es.
« Landfall » raconte deux destins,
non pas parallèles comme je l'ai lu fréquemment, mais deux destins destinés à
se croiser, de plusieurs manières et à plusieurs reprises.
Rose est une jeune femme blanche, fille de
Gertrude. Sensibles à la catastrophe, elles décident de porter assistance aux
sinistré-es en apportant des vêtements et des vivres à ces derniers. Sur la
route, un accident changera passablement le cours de cette expédition.
Rosy et Cilla, sa mère, femmes noires,
furent au cœur de la tempête et échappèrent de peu à un destin funeste en
trouvant refuge dans un grenier, puis sur le toit de la maison de Maya.
Cilla et Gertrude donnent l'exemple d'une
famille monoparentale. Gertrude fut abandonnée par le père de Rose, et passe
son temps à fuir d'un appartement à un autre. Cilla est bipolaire, sous
traitement lourd, surveillée par sa fille de près. Dans cette dyade
dysfonctionnelle, les rôles sont inversés : la fille devient la mère. Le
père de Rosy s'est suicidé pendant la grossesse de Cilla.
À la suite de leur échappée folle pour
survivre, Rosy part à la recherche d'aide, et croisera Rose, d'une manière
assez « définitive », rencontre formalisée par une paire de basket usées et
quelques documents qui lui permettront de dérouler le fil de l'histoire.
On passe d'un récit à un autre, les
chapitres « Rosy » et « Rose » s'enchaînent les uns après
les autres. La trame est parfois compliquée à bien suivre, déjà les prénoms se
ressemblent beaucoup, et à l'intérieur même des récits, passé et présent
s'entremêlent. La grille de lecture n'est pas toujours claire et certains
passages sont relus deux fois afin d'être correctement situés.
Historiquement parlant, l'auteure apporte un
éclairage sur la catastrophe, notamment avec le récit de Rosy, puisque c'est
elle, avec sa mère, qui ont dû échapper à la mort. On comprend davantage ce qui
s'est passé au Superdome (lieu choisi pour rassembler les réfugié-es) et sur la
route pour rejoindre Gretna, avec l'incident du Crescent city connection.
Personnellement, je n'adhère pas forcément à
tous les choix romanesques faits par l'auteure. La trame de fond avec le père
des deux jeunes femmes est parfaitement cohérente dans le livre mais à mon sens
inutile car cela détourne l'attention du lecteur sur la problématique de la
gestion de crise après Katrina. C'est un peu dommage car cela dilue le propos,
c'est finalement trop léger d'un point de vue documentaire quoique bien renseigné
(de nombreux liens sont cités en fin d'ouvrage).
Encore et toujours chez Gallmeister !
(Émilia Sancti)
Je n'ai pas lu ce livre mais d'après ce que je vois du descriptif de la version originale, les deux jeunes filles s'appellent Rose et Rosebud, ce qui permet peut-être de mieux les différencier que dans la traduction française.
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