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jeudi 24 mai 2018

Christian DE METTER & Pierre LEMAÎTRE « Au revoir là-haut »


Je dois être l’un des rares individus résidant en France qui, à ce jour, n’a ni lu « Au revoir là-haut » de Pierre LEMAÎTRE ni vu l’adaptation cinématographique d’Albert DUPONTEL. On va donc appeler la chronique de cette BD « petite séance de rattrapage sous forme de pénitence pour oublieux et autres archaïques de la culture nationale ».

La version originale de Pierre LEMAÎTRE vous a déjà été chroniquée assez récemment en ces pages (ainsi que la suite « Couleurs de l’incendie »), donc inutile de revenir en détail sur le scénario. Sachez seulement qu’en pleine première guerre mondiale sur le territoire français, le soldat Péricourt sauve la vie de son ami Maillard dans un trou d’obus. C’est ensuite une espèce d’immense arnaque à la mémoire collective qui va voir le jour, avec ses intérêts, ses risques et les pieds essuyés sur des milliers de soldats tombés au front en guise de paillasson. Mon Péricourt, gueule cassée (dessins effroyables à l’appui) recueillie chez Maillard, qui change d’identité afin de se faire passer pour mort et se lance dans un trafic a priori juteux de monuments aux morts commandés par les mairies mais non réalisés. Bref, une manière de ruiner des municipalités déjà exsangues. « Au revoir là-haut » c’est aussi une histoire de famille, d’honneur (important ça, l’honneur, le lendemain de la guerre, tellement les humains ont eu le sentiment de l’avoir perdu pendant quatre ans) et d’amitié entre deux soldats traumatisés.

Quoi qu’il en soit, pour ceusses qui n’auraient pas le temps ou le courage de lire le pavé de LEMAÎTRE, cet exercice sous forme de roman graphique comblera certaines lacunes. Sans doute pas toutes, loin de là, car je suis parfaitement conscient que l’on ne résume un bouquin de 600 pages dans une BD de 170 pages, ni ne pouvons pleinement en projeter le style littéraire. Et je persiste à dire que, malgré des tonnes d’adaptations fort bien exécutées de romans, qu’elles soient sous toute forme artistique, elles restent des adaptations, et qu’il faut absolument lire ou se documenter sur les versions originales sans lesquelles, et Lapalisse ne me contredira pas sur ce point, aucune adaptation n’existerait. Néanmoins, si vous connaissez DE METTER, vous avez conscience de son talent pour peindre des situations tragiques de manière expressive, colorées, force détails au second plan, il a le chic pour nous guider dans l’imagination, sa version des images.



C’est une très belle BD que nous tenons, et la préface de Philippe TORRETON est elle-même plutôt bien fichue. Album sorti en 2013 chez les éditions Rue de Sèvres, et m’est avis que cette BD a dû récemment voir ses ventes grimper tellement « Au revoir là-haut » est devenu en 2017 une curiosité culturelle, d’une part bien entendu par le film au succès non démenti de DUPONTEL, mais aussi par la sortie simultanée de la suite de cette grande fresque par « Couleurs de l’incendie » également cité plus haut. Les retardataires dans mon cas trouveront ici une béquille de choix


(Warren Bismuth)

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