Recherche

vendredi 15 juin 2018

Gaétan NOCQ « Soleil brûlant en Algérie »


Vous vous souvenez peut-être de ce «Capitaine Tikhomiroff » que l'on vous avait présenté ici même, une BD de 2017 où le héros devait en découdre avec la Révolution russe puisqu'étant dans le camp de l'armée blanche bientôt vaincue.

En fait cet album faisait suite à un autre, sorti l'année précédente. C'est celui présenté maintenant sous vos yeux ébahis (applaudissements). Étrangement le premier volume se déroule après le second, de quoi nous perdre dans nos certitudes rationnelles. Algérie années 50 et 60, la guerre vue par une descendance du capitaine évoqué plus haut.

Un autre Tikhomiroff pour une autre page ineffaçable de l'Histoire. Tikhomiroff et son service miliaire, soldat appelé en vue de la pacification outre-méditerranéenne du côté de Cherchell, ville algérienne au bord de la mer qui a tout l'air d'un paradis. En temps de paix.

Comme beaucoup d'appelés du contingent, 27 mois, pas moins, de glandouille, de combats, de chaleur, de froid, de guet-apens, de tensions ethniques, etc., avec des fusils vieillots, non fonctionnels. Puis il y a les faits : la colonisation, les lynchages, les tortures, un quotidien malheureusement tellement banal dans un pays, pardon un département à feu et à sang. Les événements sont cités, sans insister, comme une évocation des faits divers cruels, terribles, tout ce qu'a vu le soldat Tiko, du plus au moins mignon, du plus au moins racontable.

Le cauchemar jusqu'au bout après qu'à son retour en France, et alors qu'il croyait pour lui la guerre terminée une fois pour toutes, l'O.A.S. a décidé de continuer les hostilités coûte que coûte, même en métropole, attisant la psychose générale. Pour Tiko comme pour les autres, la réinsertion va être compliqué et la guerre va jouer les prolongations.

Les dessins de NOCQ sont assez expurgés, que du crayon de papier, du bon vieux noir et blanc des familles, des perspectives assez académiques voire conventionnelles, mais qui n’empiètent pas sur le fond de l'affaire, cette Algérie meurtrie et ces soldats courant comme des poulets sans tête.

Cette BD est une adaptation du bouquin d'Alexandre TIKHOMIROFF « Une caserne au soleil – SP 88469 », une version visuelle et sensitive. Car oui, comme son aïeul, ce TIKHOMIROFF a bien existé, il a raconté ce qu’il a vu, NOCQ l’a mis en images. Chouette boulot de reconstitution historique, de récit de vie dans un album qui se lit tout seul et se regarde agréablement. Sorti en 2016 chez La Boîte à Bulles.


(Warren Bismuth)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire