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jeudi 8 mars 2018

Jean HEGLAND « Dans la forêt »


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Je suis friande de romans post-apocalyptiques, sujet que j'ai approfondi et je peine souvent à trouver de bons bouquins que je n'aurais déjà lus. Je tombe par hasard sur « Dans la forêt », de Jean HEGLAND, publié en 2017 chez GALLMEISTER. J'entame joyeusement ma lecture, hyper motivée par un pitch qui me parle dès les premières lignes.

L'histoire : c'est la fin des haricots ! Plus d'électricité ! Nell et Eva, 17 et 18 ans sont retranchées avec leur père dans une maison isolée, dans la forêt. Court le bruit qu'en ville, une épidémie de grippe se propage en laissant derrière elle un long sillage de cadavres. Il s'agit de survivre maintenant, à l'écart de la société, conserver un semblant de normalité, lutter contre un quotidien qui nous mène la vie de plus en plus dure.

Ce qui m'a attiré dans ce livre, c'est le réalisme de la situation : un effondrement énergétique est plus probable qu'une épidémie qui transformerait le monde en déambulateurs assoiffés de sang et de chaire, la « grippe » est aussi un « possible », certes glaçant, mais probable. C'est intéressant de comprendre par flash-back de quelle manière le quotidien des deux jeunes filles a fini par s'effondrer, on y comprend leurs amitiés, leurs amours, leurs joies, leurs passions. Qu'en reste-t-il dans leur maison au fond des bois ?
Deux jeunes femmes qui luttent pour leur survie, jusque là tout va bien. Jusque là. On rentre vite dans un festival du n'importe quoi. Attention, les prochaines lignes pourraient vous éclairer sur le contenu du bouquin.

La maison isolée. Isolée certes, mais à portée de la ville la plus proche, compliqué dans ce cas d'imaginer qu'elles ne vont recevoir QUE deux funestes visites tout le temps de leur isolement.
Les clichés : petite touche de lesbianisme (cela sert-il vraiment le propos ?), parenthèse trash (viol) mal exploitée (une réalité certes mais pas vraiment bien utilisée). Une histoire d'amour mièvre, tout est bien propret, ou le redevient très vite.
Je m'attendais, dans la dernière partie du livre à ce que se repointe le réel vitesse grand V, je voyais une mort, un tabou qui serait malmené (je me force à ne pas dire quoi), non. C'est un peu cruel de dire que j'ai été déçue mais cela aurait clairement servi le réalisme de cette œuvre. Je me demande d'ailleurs si l'auteur s'est vraiment renseigné sur le processus de lactation (aaaah vous allez deviner de quoi il s'agit).
Je suis aussi très admirative des qualités de cueilleuse de l'une des frangines, qui gère la fougère (ahaha) quand il s'agit de trouver du premier coup d'oeil, grâce à son bouquin LA plante médicinale qui va bien (bien entendu cette phrase est complètement ironique).
La fin est lunaire, complètement lunaire. Soit les protagonistes ont abusé de certaines herbes de la forêt, soit l'isolement et les traumas les ont fait dérailler sur une voie à laquelle je n'ai plus accès. Le mystère reste entier.

À sa décharge, c'est un roman qui se lit très vite et qui reste qualitatif au niveau de l'écriture compte tenu du genre qui a donné parfois lieu à des productions littéraires médiocres, là on est quand même dans quelque chose qui tient la route d'un point de vue style. Les personnages, je le regrette, ne sont pas spécialement attachants mais on devine une ambiance forestière, faite d'humus et d'écorces, sous une chape d'humidité réconfortante. C'est mieux que rien.

Je vous engage néanmoins à y entrer, vous serez peut-être moins exigeant-e que moi !
(Émilia Sancti)




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